Les finances des collectivités locales sont elles aussi frappées par la crise du Covid-19. La Mairie de Paris ne fait pas exception, mais elle doit néanmoins maintenir ses investissements, notamment en matière d’éclairage public. Malgré le contexte délicat, Paris doit miser sur l’excellence afin de remplir sa mission de service public auprès de tous les Parisiens et atteindre ses objectifs d’économies d’énergie.
Le choc est violent pour les finances de la Ville de Paris : la mairie estime désormais le coût global de la crise sanitaire à 800 millions d’euros pour la seule année 2020. « Le non-rétablissement d’un certain nombre de recettes nous laisse penser que cela va augmenter », a même indiqué Paul Simondon, l’adjoint en charge des finances, du budget et de la finance verte, lors d’un point presse en amont du Conseil de Paris des 6, 7 et 8 octobre 2020. Et, pour 2021, les recettes de la Ville devraient reculer de 1,4 % sous l’effet combiné des impacts économiques et sociaux de la crise sanitaire et du désengagement de l’Etat.
Recettes en baisse et dépenses en hausse
Avec le ralentissement du marché immobilier, les droits de mutation à titre onéreux (frais de notaire), estimés à un peu plus de 1,5 milliard d’euros, devraient ainsi reculer en 2021 pour la première fois. Un manque à gagner de 63 millions d’euros (- 3,8 %) par rapport au budget primitif de 2020. Quant aux rentrées de la taxe de séjour, elles restent suspendues à l’éventuelle reprise de la fréquentation touristique. En 2020, elles ont diminué de plus de 50 % – 45 millions contre 95 millions en 2019. Les recettes provenant des entreprises sont, elles aussi, automatiquement affectées par la baisse d’activité due à la pandémie. Ainsi, le produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises est estimé à 498 millions d’euros en 2021, soit une diminution de 3,3 % par rapport à ce qui était prévu dans le budget primitif de 2020.
En outre, suite à plusieurs dispositions législatives sur les compétences des collectivités et à la généralisation de la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales, la Ville de Paris a perdu un certain nombre de recettes fiscales, sans que les compensations annoncées par l’Etat soient encore clairement définies. A compter de 2021, la Ville ne percevra plus ainsi que la taxe d’habitation des résidences secondaires : 199 millions d’euros contre 826 millions inscrits au budget primitif. Des « trous » auxquels s’ajoute la baisse des dotations de l’Etat.
Et si les recettes diminuent, les dépenses, elles, augmentent. La masse salariale va progresser de 1 % à 2,49 milliards d’euros, notamment suite à des créations de postes dans certains domaines jugés prioritaires : équipes de renfort présentes dans les écoles en raison de la crise du Covid, création de la police municipale, transformation et végétalisation de l’espace public… Les dépenses de gestion progresseraient, elles, de 2 % en 2021, à 3,94 milliards d’euros, sous l’effet de la crise sanitaire. Une hausse de 77 millions d’euros due principalement à l’augmentation des dépenses sociales et à la pérennisation des six centres de dépistages Covid installés en 2020.
Malgré ce contexte très difficile, la Ville de Paris entend maintenir son effort d’investissement, en ayant recours notamment à l’emprunt, et sans augmenter la pression fiscale sur les Parisiens. « Sous l’effet de la crise, l’épargne brute (solde entre les dépenses et les recettes de fonctionnement) reculerait en 2021 de 44 %, à 372 millions d’euros justifiant le recours à l’emprunt pour maintenir un niveau d’investissement ambitieux », explique ainsi la Mairie. Le budget 2021 maintiendra ainsi à un haut niveau les dépenses réelles d’investissement, à hauteur de 1,45 milliard d’euros, en léger recul de 24 millions par rapport au budget primitif 2020.
L’éclairage public en première ligne
Parmi ces investissements, figure notamment la modernisation de l’éclairage public, qui fait actuellement l’objet d’un appel d’offres, le marché en cours arrivant à échéance en 2021. Avec un budget d’un milliard d’euros sur dix ans, il s’agit du plus important marché public de la ville selon le Premier adjoint, Emmanuel Grégoire. Un budget conséquent du fait de la nature et de la longueur du contrat, qui porte sur plusieurs dizaines de milliers de points lumineux, ainsi que sur les feux tricolores.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, et ses adjoints, Emmanuel Grégoire, Premier adjoint en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris, des relations avec les arrondissements et de la transformation des politiques publiques, et Dan Lert, adjoint en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie, sont donc face à un choix important pour l’avenir du service public parisien. Un choix qui doit miser sur l’excellence et le meilleur rapport qualité / prix. Car il ne s’agit pas bien sûr, malgré le contexte difficile, de revoir à la baisse les ambitions dans ce domaine.
Le « Plan lumière » de la ville de Paris, intégré au cahier des charges de l’appel d’offres, entend en effet relever de nombreux défis, au premier rang desquels figurent les économies d’énergie. L’éclairage public représente en effet plus de 30 % de la facture d’électricité de la collectivité. Après avoir réduit de 30 % sa consommation énergétique au cours des dernières années, la ville vise désormais, selon son plan Climat Air Energie, une diminution de la facture énergétique liée à l’éclairage urbain de 50 % d’ici à 2030. Un objectif ambitieux mais qui peut être atteint grâce à l’utilisation de LED (diodes électroluminescentes), des lampes à longue durée de vie et à faible coût d’entretien, qui permettent de réaliser d’importantes économies.
Introduites pour la première fois dans la capitale à partir de 2015, les LED équiperaient aujourd’hui à Paris environ un cinquième des quelque 180 000 points d’éclairage public de la ville. La marge de progression reste donc importante, et le gisement d’économies d’énergie considérable. D’autant que l’informatisation de la gestion de ces points lumineux constitue également une source d’efficience.
Au-delà des économies d’énergie, ce nouveau Plan lumière doit également permettre de renforcer la sécurité et le bien-être des habitants dans l’espace public, de dessiner de nouveaux parcours lumineux sécurisés dédiés aux mobilités douces, et de mieux mettre en valeur le patrimoine exceptionnel de Paris tout en luttant contre la pollution lumineuse. Il y a donc beaucoup à faire pour une équipe municipale sous la pression d’éléments extérieurs extrêmement complexes.