L’état de la pollution de l’eau potable
Si l’eau distribuée en France reste, dans l’immense majorité des cas, potable et surveillée selon des critères réglementaires stricts (plus de 60 paramètres mesurés), la réalité terrain est plus nuancée. Entre 2023 et 2025, la détection de substances émergentes inquiète régulièrement les autorités sanitaires ainsi que les consommateurs. En 2025, une enquête nationale menée sur l’eau du robinet de 30 communes françaises a révélé des traces de PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) dans 96 % des échantillons, tandis qu’un tiers des réseaux montraient encore des dépassements pour les pesticides ou certains de leurs métabolites.


dansmoneau.fr : un outil pour en savoir plus sur les polluants chimiques présents dans votre eau du robinet.
Les PFAS1, présents dans l’eau potable de nombreux sites urbains et ruraux, atteignent parfois des niveaux bien supérieurs aux seuils de qualité théorique (notamment à Nantes, La Rochelle ou Metz). Les experts et les associations de consommateurs, tout en soulignant que les risques sanitaires immédiats restent faibles partout où la réglementation est respectée, appellent à une vigilance accrue et à un renforcement des analyses.
Cette défiance n’est pas anodine : elle incite une partie de la population à se détourner du robinet au profit de l’eau en bouteille, générant un impact écologique lourd (production, transport et déchets plastiques).
Baromètre 2025 « Les français et l’eau »

1. Sécurité sanitaire renforcée
2. Engagement environnemental et durabilité
3. Expérience de consommation : goût, odeur et confort
Pourquoi une telle défiance ?
Historiquement, l’eau du robinet en France jouissait d’une confiance remarquable. En 2022, plus de 84 % de la population avait reçu une eau conforme toute l’année. Mais en 2023, ce chiffre tombait à moins de 75 %. Plusieurs facteurs expliquent cette érosion de confiance :
- Multiplication des alertes liées à de nouveaux polluants ;
- Survenue de pics locaux de contamination (pesticides, résidus médicamenteux) ;
- Sensibilisation croissante du public à la question des microplastiques et des PFAS.

Source : sante.gouv.fr
L’eau en bouteille est-elle une solution ?
L’eau embouteillée, si elle représente un recours psychologique pour nombre de foyers, n’offre pas une garantie absolue de qualité. Nombreuses sont les études qui pointent également la présence occasionnelle de microplastiques ou de résidus industriels dans certaines eaux vendues en grandes surfaces. Surtout, la consommation massive d’eau en bouteille aggrave lourdement l’empreinte environnementale de l’hydratation quotidienne
1,5 million de tonnes de déchets plastiques par an en France et une production au coût énergétique élevé

Eau en bouteille plastique : une aberration sanitaire et environnementale
Présence massive de microplastiques dans l’eau en bouteille, scandales à répétition, accaparement d’un bien commun… L’embouteillage de l’eau est sous le feu des critiques. Mais que mettre en place pour s’en passer massivement ? Pour Zero Waste France, les solutions coulent de source.
Zero Waste France
Quelles alternatives responsables au robinet ?

Pour renouer avec une hydratation saine, sûre et respectueuse de l’environnement, de nombreuses solutions d’épuration et de filtration de l’eau séduisent les ménages comme les entreprises. Certaines sont accessibles pour quelques euros ; d’autres s’installent à l’échelle d’immeubles ou de collectivités. Voici un panorama des solutions les plus pertinentes :
- Carafes filtrantes : Pratiques mais imparfaites, elles réduisent certains polluants (chlore, mauvais goût) mais laissent passer de nombreux métabolites et micropolluants. Leur coût et l’usage de cartouches jetables limitent leur intérêt écologique.
- Charbon actif (Binchotan) : Également prisé pour sa simplicité, il adsorbe une part du chlore et des odeurs, mais sa capacité de rétention des polluants chimiques reste limitée.
- Perles de céramique : Méthode douce pour neutraliser le calcaire et améliorer le goût de l’eau, sans véritable filtration des polluants.
- Filtres sous évier, filtrations à osmose inverse ou sur robinet : Ces systèmes permettent une réduction beaucoup plus massive des nitrates, PFAS, métaux lourds, microplastiques et résidus médicamenteux. Ils génèrent souvent un coût d’installation plus élevé, mais s’imposent comme la référence pour quiconque veut garantir la pureté de l’eau quotidienne, notamment pour la préparation des biberons ou pour les personnes immunodéprimées.
Les fontaines à eau : une alternative écologique et collective
Au bureau comme à la maison, les fontaines à eau branchées sur réseau ou équipées de systèmes de filtration avancée s’imposent comme une réponse écologique : non seulement elles éliminent le besoin d’acheter, transporter et jeter des bouteilles, mais elles garantissent une mise à disposition d’une eau de qualité, fraîche ou tempérée, sans déchet plastique. Selon les fabricants, une fontaine filtrante permettrait d’éviter la consommation de plusieurs milliers de bouteilles plastiques chaque année et de réduire considérablement l’empreinte carbone associée à la gestion de l’eau potable.

Pour plus d’informations sur ces solutions d’hydratation écologique, le site www.fontaine-a-eau.com propose un panorama neutre des différentes offres et technologies existantes.
Quels gestes pour boire sans polluer ?
- Privilégier l’eau filtrée du robinet (par osmoseur, filtre sous évier ou sur robinet) ;
- Utiliser des gourdes réutilisables ou des bouteilles en inox plutôt que du plastique jetable ;
- S’informer sur la qualité de l’eau locale via des outils de surveillance mis à disposition par les ARS (Agences Régionales de Santé) et les associations de consommateurs ;
- Adopter des gestes éco-responsables : signaler toute suspicion de pollution, éviter le rejet de résidus médicamenteux ou de produits chimiques dans l’évier.
Conclusion : Rester vigilants et responsables
Il serait exagéré de dire que l’eau du robinet n’est plus potable en France. Mais il serait naïf d’ignorer les défis nouveaux que représentent les pollutions émergentes. À l’heure où l’urgence environnementale appelle à bannir le plastique et où la santé publique impose une vigilance accrue, la filtration raisonnée de l’eau domestique, associée à des solutions collectives telles que les fontaines à eau, trace une voie médiane, à la fois écologique et économique.
Boire l’eau du robinet, oui : mais à condition de la filtrer selon les enjeux locaux et d’en rester un consomm’acteur informé.
L’Eau pour la prospérité et la paix
Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2024
- « PFAS : l’eau potable en France est massivement contaminée par les « polluants éternels », notamment à Paris« . Deux campagnes distinctes menées par le laboratoire Eurofins et les associations UFC-Que choisir et Générations futures révèlent des concentrations élevées en acide trifluoroacétique (TFA).
Par Raphaëlle Aubert, Stéphane Foucart, Stéphane Horel et Stéphane Mandard
Publié par Le Monde le 23 janvier 2025 ↩︎

