Morven McLean, pour le site swissinfo a rencontré Philippe Roch, patron de l’Office fédéral de l’environnement (Suisse), pour qui, il y a un rapport de cause à effet entre le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles qui ont frappé l’Europe et les Etats-Unis. Selon lui , la Suisse va devoir compter de plus en plus avec de grosses intempéries. Des cartes des zones à hauts risques sont d’ailleurs en préparation.
Les inondations qui viennent de frapper le sud de la France sont les dernières en date d’une série de catastrophes naturelles qui ont débuté cet été avec les intempéries en Europe – et en Suisse – et qui se sont poursuivies de manière particulièrement dramatique avec le passage du cyclone Katrina sur le sud des Etats-Unis.
«Ce sont typiquement les phénomènes qui sont décrits par les modèles sur le réchauffement climatique, explique Philippe Roch à swissinfo. Pour moi, le lien de cause à effet est évident.»
De plus, l’étendue des destructions peut s’expliquer par un facteur socio-économique. L’homme construit en effet de plus en plus dans des zones qui autrefois étaient laissées désertes.
«Globalement, poursuit Philippe Roch, la croissance démographique fait que nous cherchons de plus en plus à vivre près des rives et des cours d’eau, dans des régions basses. D’où l’importance des dégâts constatés quand survient une crue ou un cyclone.»
Le pire est peut-être à venir
En Suisse toutefois, estime Philippe Roch, une politique de l’environnement saine a permis de limiter l’ampleur des dommages dus aux inondations.
«Notre politique de protection des forêts a des effets positifs en cas d’inondations, affirme le directeur de l’Office fédéral de l’environnement. Sans les forêts, les dégâts auraient été bien pires et nous aurions probablement eu davantage de victimes.»
Autre point positif: la gestion des cours d’eau. La Suisse s’efforce désormais d’offrir davantage d’espace à ses rivières et de renaturaliser les rives de ces mêmes cours d’eau. Ce qui est un bon moyen pour réduire l’impact des crues.
Philippe Roch salue au passage le bon état de préparation des cantons et des communes. Cela dit, avertit le patron de l’Office fédéral de l’environnement, les catastrophes naturelles risquent bien d’être de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique.
«Nous sommes en train d’élaborer de nouvelles cartes des zones à risque où nous éviterons de construire des infrastructures, ajoute Philippe Roch. Nous devons nous adapter à la nouvelle donne et développer une stratégie de prévention à long terme.»
«Nous devons poursuivre notre politique de lutte contre les changements climatiques, conclut le directeur de l’Office fédéral de l’environnement. Mais il ne faut pas s’attendre à des résultats à court terme.»