Même si quelques constats datent de 2007, cet article du magazine de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle nous rappelle que la « nouveauté » de ce concept « cradle-to-cradle » pour nous tire son origine de la création i y a 2 ans déjà de cette marque de la durabilité : La durabilité est aujourd’hui à la mode. Le marché vert se développe rapidement et un modèle respectueux de l’environnement aide une entreprise à se démarquer de la concurrence. Les éco-concepteurs – une nouvelle race d’ingénieurs et d’architectes soucieux de l’environnement – repensent du tout au tout le cycle de vie des produits, depuis les procédés de fabrication industrielle jusqu’à ce qui se passe à la fin de la vie du produit. Leur but est de construire des usines non polluantes, qui fabriquent des produits non nocifs pour l’environnement et 100% recyclables, en concevant de nouvelles méthodes industrielles et en choisissant soigneusement chaque matière première qui entre dans la fabrication. Certains produits créés selon ces principes portent aujourd’hui une nouvelle marque de certification : Cradle to CradleTM (C2C).
La marque de certification C2C est la fille spirituelle de l’une des personnalités phares du mouvement, l’architecte et styliste industriel William McDonough, coauteur en 2002 avec son partenaire en affaires, le chimiste allemand Michael Braungart, de l’ouvrage « Cradle to Cradle ». La vision de M. McDonough diffère de celle des écologistes traditionnels. Plutôt que de chercher à réduire la consommation, il veut susciter une nouvelle révolution industrielle : il s’agirait de réinventer les processus industriels afin de produire des solutions propres et de créer une industrie où « tout est réutilisé – soit retourné au sol sous forme de ‘nutriments biologiques’ non toxiques, soit retourné à l’industrie sous forme de ‘nutriments techniques’ pouvant être indéfiniment recyclés ». L’objectif est de remodeler l’industrie et l’architecture en imitant l’équilibre des écosystèmes naturels. Cela peut sembler un rêve impossible, mais des sociétés du Fortune 500 qui savent ce qu’elles veulent travaillent déjà avec lui.Un tissu « que l’on pourrait manger sans risque »
En 2002, l’entreprise suisse Rohner Textil a fait la une des journaux, réduit ses prix de revient et gagné de nouveaux marchés en faisant équipe avec M. McDonough et l’entreprise de style américaine Designtex pour produire un tissu d’ameublement biodégradable à l’inocuité totale : « on pourrait le manger sans risque ». L’usine textile Rohner respectait déjà la règlementation suisse sur l’environnement, mais ses rognures de coupe avaient été déclarées déchets dangereux. Pour produire le nouveau tissu, Climatex® Lifecycle™, on a fondamentalement revu chaque aspect de la production, de l’espace de travail de l’usine à l’élimination de toutes teintures et produits chimiques toxiques, en passant par l’approvisionnement en matières premières. On tisse la laine de moutons de Nouvelle-Zélande élevés en liberté et la ramie, une fibre cultivée de manière organique et importée des Philippines. Le procédé de fabrication ne génère aucun polluant. Après des tests approfondis sur 1600 teintures, le consortium n’en a retenu que 16 remplissant ses critères d’innocuité pour l’environnement. Résultat, Rohner affirme que les eaux usées rejetées par son usine sont plus propres que l’eau qui l’alimente. Les rognures de coupe sont recyclées auprès d’un consortium de producteurs de fraises, qui utilise cette matière biodégradable comme paillage couvre-sol et isolant. En outre, la suppression de toute une paperasserie réglementaire a réduit les frais généraux de production de 20%. William McDonough commente : « notre nouveau processus de conception n’a pas seulement contourné les réponses classiques aux problèmes de l’environnement (réduire, réutiliser, recycler), il a aussi éliminé le besoin de réglementation, chose qui pour un entrepreneur n’a pas de prix ».Habitat écologique
M. McDonough travaille aussi avec l’Association chinoise du bâtiment, chargée par le Gouvernement chinois de construire des logements pour 400 millions de personnes sur les 12 années qui viennent – soit sept villes nouvelles. Ensemble ils recherchent des matériaux de construction sans danger pour l’environnement, comme un polystyrène de BASF qui ne contient aucun produit chimique dangereux et qui peut servir « pour construire des murs solides, légers et super isolants », déclare M. McDonough dans une interview au magazine Newsweek. « Le bâtiment peut être chauffé et rafraîchi pour presque rien. Il est silencieux au point que même s’il y a 13 personnes dans l’appartement du dessus, vous ne les entendez pas ». Et des solutions pour l’habitat écologique, il en a d’autres. Par exemple, il a conçu un siège de toilette de luxe qui utilise seulement un léger nuage d’eau et inclus dans ses plans une bambouseraie pour l’assainissement et l’approvisionnement en bois. Il transforme les toits en prairies, comme le « toit vivant » de l’usine Ford à Rouge, qui purifie l’eau de pluie et réduit les coûts énergétiques. Le toit vivant Planté de sedum, le toit vivant de l’usine Ford de Rouge contribue à réduire « l’effet thermique » urbain que produisent d’importantes surfaces goudronnées et pavées. Il isole également le bâtiment, diminuant ainsi de 5% les frais de chauffage et de rafraîchissement. Le sedum capte les poussières présentes dans l’air, absorbe le dioxyde de carbone et crée de l’oxygène. La structure sous-jacente du toit étant ainsi protégée du rayonnement ultraviolet et du choc thermique causé par l’alternance des journées chaudes et des nuits froides, le toit devrait durer au moins deux fois plus longtemps qu’un toit classique, ce qui pourrait économiser plusieurs millions de dollars de frais de remplacement. Le sedum est planté dans une sorte de matelas composé de quatre couches, qui collecte et filtre les eaux de pluie et s’inscrit dans un système naturel de gestion des eaux de ruissellement. Associant d’autres éléments tels que pavements poreux, réservoirs en sous-sol et zones humides d’épuration naturelle, ce système diminue la quantité d’eau de ruissellement qui se déverse dans la rivière Rouge, tout en améliorant la qualité de l’eau. Même gorgée d’eau, cette couverture végétale innovante pèse moins de 75 kg/m2. (Source: www.thehenryford.org)Au bureau
On construit aussi selon les normes C2C des espaces de bureau modulaires. Il est prouvé que le PVC (chlorure de polyvinyle), omniprésent dans les matériaux de construction, les revêtements de meuble et les câblages, est cancérigène et nuisible à l’environnement, aussi son utilisation est-elle bannie dans tout produit certifié C2C. Les surfaces de travail laminées en PVC sont remplacées par du bois et on trouve des fournisseurs de câblages non revêtus de PVC. Beaucoup de peintures contiennent des composés organiques volatiles (COV) et de ce fait libèrent des toxines dans l’air pendant des années après leur application, ce qui explique que des tests réalisés par l’Agence de protection de l’environnement montrent un air intérieur trois fois plus pollué que l’air extérieur. Les éco-concepteurs ont travaillé avec les industriels à la mise au point de peintures sans COV, respectueuses de l’environnement, pour leurs locaux de travail. Le défi est relevé De nombreuses sociétés acceptent de relever le défi de l’éco-conception. Des couches pour bébé au gazon artificiel, des façades de bâtiments préfabriquées aux sièges de bureau, la liste est longue et continue de s’allonger. Sylvie Castonguay, Rédaction, WIPO Magazine, Division des communications et de la sensibilisation du public
«Cradle-to-cradle» marque l’empreinte écologique positive des produits 100% propres et recyclables
L’idée est séduisante. Et pleine de bon sens. Durable. Le déchet devient ressource. On connaît cela depuis longtemps et on adhère évidemment.
Le problème, c’est que deux malins se sont emparés de cette idée pour la faire leur. William Mc Donough et Michael Braungart. Un architecte américain et un chimiste allemand fondateurs de MBDC. Ils ont décidé de donner un nom à ce principe de circulation de matériaux en boucle et se le sont ainsi tout bonnement approprié.
Pas très durable…Ils sont consultants pour de nombreuses multinationales.
Leur argument choc – très séduisant pour l’industrie: réduire, c’est dépassé, il faut produire en grandes quantités, car grâce à nous, vous produisez du recyclable.
Là, on n’adhère plus du tout.
– le recyclage est souvent très consommateur d’énergie
– les matériaux perdent leurs qualités au fur et à mesure des recyclages
– il y a du transport dans toutes ces boucles, donc du CO2
– il n’existe que peu de filières de recyclage dans le monde pour l’instant.
Ce que ces 2 hommes cherchent à atteindre, c’est l’adhésion d’un maximum de grands noms de l’industrie, pour créer des masses critiques de matériaux et développer leurs propres filières de recyclage.
Autre problème: en l’absence de certifications environnementales gouvernementales aux US, MBDC propose une certification C2C fondée sur 5 principes (voir site d’EPEA, la filiale européenne de MBDC http://www.epea.com). Le processus de cerification est une sorte de ‘boîte noire’: on entre un produit (pot de fleur, siège de bureau, voiture…) et MBDC le déclare C2C ou non. Les critères sont obscurs. Je constate que des produits qui ne sont pas du tout éco-conçus ont pu obtenir la certification. Un affaire de gros sous.
Jusqu’à présent, j’étais persuadée que la certification C2C n’avait aucun avenir en Europe où nous avons des écolabels délivrés par des tiers indépendants. Depuis l’année dernière, la certification fait un tabac aux Pays-Bas et intéresse les Allemands.