Aujourd’hui, 89 organisations de la société civile du monde entier lancent une bataille contre la façon dont les négociations mondiales sur le climat abordent la question des finances.
Les sociétés financières ont été autorisées à prendre en charge les développements – une formule élaborée lors de la COP26 qui a montré ses profondes failles au cours des derniers mois, les initiatives organisées par l’ONU et dirigées par l’industrie financière refusant de respecter les engagements pris. De plus, les pays riches ne sont pas à la hauteur du financement, même faible et insuffisant, d’une transition écologique, et n’acceptent et n’intègrent pas non plus le besoin évident de réparations.
Selon la déclaration, nous ne pouvons pas « sauver la planète d’un changement climatique désastreux sans nous attaquer aux marchés financiers. Tant que des milliers de milliards de dollars iront sans entrave financer encore plus de combustibles fossiles et de déforestation, il ne sera pas possible d’arrêter le changement climatique ou de permettre aux communautés de s’adapter. »
Malgré le fait que l’Accord de Paris comportait des avancées importantes sur la nécessité de modifier les « flux financiers » mondiaux, les sommets sur le climat n’ont débouché sur aucune proposition sérieuse susceptible de modifier les marchés financiers. Au lieu de cela, le pouvoir a été transféré aux sociétés financières finançant le plus les projets climaticides de combustibles fossiles dans le monde.
Pour aller dans la direction opposée, il faudrait commencer par limiter le pouvoir de la soi-disant Glasgow Financial Alliance for Net Zero. Elle doit être « détrônée », retirée de la position clé dont jouit aujourd’hui la coalition dirigée par l’industrie. Mais en l’état actuel des choses, la COP27 va continuer sur la mauvaise voie.
Pour Gonzálo Berrón, associé au Transnational Institute : « Cette capture de la gouvernance climatique par la finance privée n’a été possible que grâce à la croissance exponentielle du multipartenariat au sein du système des Nations unies. Le résultat est qu’une partie cruciale des politiques de gouvernance climatique est élaborée dans les salles de conseil de Wall Street ou de la City de Londres ».
Pour Kenneth Haar de Corporate Europe Observatory : « Au niveau de la COP, toute l’initiative visant à transformer les marchés financiers pour soutenir la transition a été confiée aux mêmes sociétés financières qui sont en tête de liste pour le financement des combustibles fossiles. C’est une impasse, et nous le voyons très clairement ces jours-ci. Cela conduit à l’écoblanchiment, à l’inertie et à une prise de pouvoir des grands banquiers. La promesse de l’Accord de Paris était d’introduire des réformes dans le fonctionnement des marchés financiers. Au lieu de cela, ce que nous voyons, c’est que les acteurs dominants des marchés financiers prennent en charge la CCNUCC. Nous avons besoin de voir des réformes audacieuses, et certains paramètres sont clairs : les investissements dans de nouvelles infrastructures ou explorations de combustibles fossiles doivent être interdits immédiatement. »
Pour Dorothy Guerrero de Global Justice Now : « Alors que la crise climatique s’aggrave et que les ménages sombrent dans la pauvreté, l’inflation et la flambée des factures d’énergie, les sociétés financières et les investisseurs en assurance font d’énormes profits. Cela doit cesser et lors des prochaines négociations sur le climat, les gouvernements devraient dire que les marchés financiers ne sont pas nos maîtres et mettre fin à leur rôle puissant. »
Pour Alice Picard, co-porte-parole d’Attac France : « Le dérèglement du climat s’accélère et nous appelle à exiger plus fortement des règlementations urgentes et contraignantes des pollueurs tels que les grandes banques, qui continuent de soutenir massivement l’industrie fossile en dépit des engagements de l’Accord de Paris. Nous devons libérer la gouvernance climatique de l’influence nocive des banques, stopper leurs investissements climaticides et faire cesser leurs activités de greenwashing. »
Cessez de financer la catastrophe climatique Les grandes banques font partie du problème, pas de la solution
01.11.2022 Nous ne pouvons pas sauver la planète d’un changement climatique désastreux sans nous attaquer aux marchés financiers. Tant que des milliers de milliards de dollars financeront en toute impunité combustibles fossiles et déforestation, nous ne pourrons ni freiner le changement climatique ni permettre aux communautés impactées de s’adapter. Reconnaissant le rôle déterminant joué par la finance dans l’aggravation du chaos climatique, l’un des principaux engagements de l’Accord de Paris était de rendre « les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques« . Si cet engagement est bienvenu, depuis la signature de l’accord en 2015, les banques ont investi à elles seules 3 800 milliards de dollars dans des projets liés aux combustibles fossiles, y compris dans de nouvelles infrastructures d’exploration. Les investisseurs récoltent actuellement d’énormes bénéfices grâce aux prix élevés des combustibles fossiles, alors qu’aucune réglementation ne leur interdit d’investir encore davantage de capitaux dans la destruction de notre planète.Comment les grandes banques ont pris le pouvoir
Ce scénario scandaleux n’est possible que parce qu’au lieu de réglementer la finance, comme le réclament les mouvements mondiaux pour la justice climatique depuis 2010, la COP26 a permis à des coalitions de sociétés financières de prendre le contrôle – avec la bénédiction des gouvernements et des Nations unies (ONU). Sous la direction de l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, et du magnat de la finance de Wall Street, Mike Bloomberg, la « Glasgow Financial Alliance for Net Zero » (GFANZ, alliance financière pour des émissions nettes zéro) a pris en charge l’agenda de gouvernance de la finance privée, laissant ainsi à certains des plus importants financeurs mondiaux des combustibles fossiles et de la déforestation le soin de réformer la finance privée pour faire face au défi climatique, tandis que les organismes officiels étaient relégués à une modeste position consultative. Il était clair dès le début que les sociétés financières et le GFANZ considéraient leur engagement dans la COP comme une nouvelle opportunité de tirer profit des efforts mondiaux dans la lutte contre le changement climatique. Leurs initiatives « Net zéro d’ici 2050 » n’ont jamais permis d’envisager des réductions significatives et rapides du financement des combustibles fossiles, et ces sociétés n’ont jamais eu l’intention de changer leur business model. Pourtant, ces mesures sont nécessaires et urgentes. Au lieu de cela, elles ont construit un discours basé sur des technologies futures fantaisistes et sur la compensation des émissions, entraînant encore plus d’émissions et d’accaparement des terres dans les pays du Sud. De plus, elles profitent aujourd’hui de leur position de force pour promouvoir leur propre modèle de financement du climat, qui repose sur des allégements fiscaux et une protection onéreuse des investissements, encore une fois au détriment des pays du Sud. Cette capture de la gouvernance climatique par la finance privée n’a été possible que grâce à la croissance exponentielle du multi-partenariat au sein du système des Nations Unies. Ce phénomène,qui décrit la capture de la gouvernance multilatérale quand les entreprises sont invitées à s’asseoir aux côtés des États aux tables de décision, a permis aux grands banquiers de fixer l’ordre du jour et de l’exécuter ensuite selon leurs propres idées et visions. En conséquence, une part cruciale des politiques de gouvernance climatique est conçue dans les salles de conseil de Wall Street et de la City de Londres, ce qui conduit au chaos climatique et au greenwashing.La crise climatique exige des actions concrètes
Le critère de référence ne peut plus être de savoir si les sociétés financières s’en sortent un peu mieux que l’année dernière, ni si elles envisagent des améliorations à long terme. Le critère doit être de savoir si leurs investissements font passer la planète au-dessus de 1,5°C. La science est claire : l’Agence internationale de l’énergie (AIE, 2021) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, 2022) ont déclaré que tout nouvel investissement dans les infrastructures de combustibles fossiles nous fait dépasser les 1,5°C, la limite pour un dangereux emballement du changement climatique. Les gouvernements, avec le soutien de la société civile et du mouvement pour le climat, doivent reprendre le contrôle de la finance privée. Nous avons besoin de réglementations convaincantes pour éviter un effondrement total du climat. Nous devons envisager de taxer les transactions financières et de réformer en profondeur les marchés financiers, en mettant l’accent sur la réglementation, le contrôle et la responsabilité. Nous devons prendre un nouveau départ. Les grandes banques et le libre marché font partie du problème, pas de la solution.Nos demandes à nos gouvernements
Les soussignés demandent donc instamment aux gouvernements de : * Limiter et réglementer l’influence de l’industrie financière dans les organes de décision de la COP. Les financeurs de la catastrophe climatique, tels que la GFANZ, ne devraient avoir aucune plateforme à aucune COP, aucun siège à aucun groupe consultatif, et aucun de leurs représentants ne devrait avoir un quelconque rôle dans les organes décisionnels ou consultatifs. En outre, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques doit adopter un code de conduite qui limite les contacts avec les entreprises impliquées dans l’exploration, la distribution et le financement des combustibles fossiles. * Rendre l’ensemble de l’industrie financière compatible avec les clauses et les objectifs de l’Accord de Paris. Nous avons besoin, au minimum et non exclusivement, de règles fortes pour abandonner progressivement les investissements dans les combustibles fossiles et la déforestation ; et des interventions des banques centrales pour augmenter le prix du capital pour les entreprises à forte intensité de carbone. * Garantir que les pays développés prennent des mesures immédiates pour arrêter tous les investissements dans les projets de combustibles fossiles, et qu’un plan crédible soit élaboré pour financer la transition dans les pays du Sud. Ce plan doit répondre aux demandes du Sud et à la responsabilité historique disproportionnée du Nord dans le changement climatique. Il doit également inclure des plans de compensation pour le maintien des combustibles fossiles dans le sol. * Augmenter de manière substantielle les fonds destinés à la lutte contre le changement climatique dans le Sud. Le fonds annuel de 100 milliards de dollars, promis en 2009 mais jamais honoré, doit être revu et augmenté, et il doit être basé sur des subventions. Le prix de la transition se chiffre en milliers de milliards, pas en milliards. Il est nécessaire de s’accorder sur la taxation des transactions financières et des entreprises pour atteindre cet objectif.siteon0-b22b1.png?1634316073 Traduction: ATTAC-France
Signé par
- Action Aid Netherlands
- Africa Network for Environment and Economic Justice (ANEEJ), Nigeria
- Africa Transcribe Enterprises
- Afrikagrupperna (Sweden)
- Aitec
- Al-Haq, Law in the Service of Man (Palestine)
- Alternative Information and Development Center (AIDC), South Africa
- ALTSEAN-Burma
- Aluna Minga e.V., Germany
- Anti-Jindal & Anti-POSCO Movement, Odisha, India
- Asian People’s Movement for Debt and Development (APMDD)
- Assistance Mission for Africa
- Association of Ethical Shareholders Germany
- ATTAC Burkina
- Aufstehn.at – Verein zur Förderung zivilgesellschaftlicher Partizipation
- Bangladesh Nari Progati Sangha (BNPS)
- Banktrack
- Bio Vision Africa (BiVA)
- BreakFree Suisse
- CADTM France
- CAJUST (Citoyens Actifs pour la Justice Sociale)
- Center for Constitutional Rights
- Centre tricontinental – CETRI
- Church and Society Programme -Livingstonia Synod
- Civil Society Coalition on Natural Resources (CSCNR)
- Coalition Ecopreneur Kaya (Belgium)
- CODEPINK
- Collectif BreakFree Suisse
- Commission for Filipino Migrant Workers (CFMW)
- Committee in Solidarity with Indigenous Peoples of the Americas (CSIA-Nitassinan)
- Corporate Europe Observatory
- DAWN (Development Alternatives with Women for a New Era)
- Ecologistas en Acción
- European ATTAC Network
- European Coordination Via Campesina (ECVC)
- Fairfin (Belgium)
- Financial Justice Ireland
- Focus on the Global South
- Fresh Eyes
- Friends of the Earth International
- Gender Action
- Global Justice Now (UK)
- GRAIN
- Grands-Parents pour le Climat (Belgium)
- Institute for Policy Studies Climate Policy Program
- intercoll
- Kebetkache Women Development & Resource Centre
- KRuHA Indonesia
- La Fédération Nationale du Secteur Agricole (FNSA) Maroc
- LAB Sindikatua (Euskal Herria)
- Law 4 Palestine
- London Mining Network
- Maan ystävät / Friends of the Earth Finland
- Milieudefensie – Friends of the Earth Netherlands
- Move your Money
- Naturefriends Greece
- New Apostolic Centre for Development (NCD), Nigeria
- NGO Forum on ADB
- Oil Change International (OIC)
- Pakistan Fisherfolk Forum
- Pakistan Kissan Rabita Committee
- Participatory Research & Action Network- PRAAN
- Peace Point Development Foundation-PPDF
- Plataforma América Latina mejor sin TLC
- Re Common (Italy)
- Red de Información y Acción Ambiental de Veracruz
- REDES-Amigos de la Tierra Uruguay
- Reset.Vlaanderen
- RQMI : Réseau québécois pour une mondialisation inclusive
- Sahita Institute (HINTS)
- Society for International Development (SID)
- SpiralCentric
- The Association for Women’s Rights in Development (AWID)
- The Gaia Foundation
- The Platform of Filipino Organisations in Europe
- Third World Network
- TIPPING POINT NORTH SOUTH
- Trade Justice Pilipinas
- Transnational Institute
- Transnational Migrant Platform-Europe
- Transport & Environment
- Unión de Afectados por las Operaciones de Texaco UDAPT
- Wacam
- Waling Waling – supporting migrant workers rights
- WIDE – Network for Women´s Rights and Feminist Perspectives in Development
- Women Environs in Zambia
- Women’s Life Wellness Foundation -Zambia (WLWF)
- WoMin African Alliance
- World March of Women