Compte-rendu de la conférence organisée par Creativ et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Rennes (CCI), le 28 juin 2007, dans le cadre de la 1ère Semaine de l’Innovation en Bretagne.
Dans le cadre de la Semaine de l’innovation, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Rennes et Creativ ont organisé, en partenariat avec l’Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires, le 5ème Carrefour d’échanges sur l’alimentation le 28 juin dernier à Rennes. Objectif : interpeller les PME sur une tendance de consommation et les engager dans un processus d’innovation, vers des marchés qu’elles n’ont pas ou peu appréhendés. Le thème retenu cette année était : l’alimentation et la consommation citoyenne. Pourquoi ? Parce qu’après la génération hard discount, c’est au tour des consommateurs citoyens d’occuper le devant de la scène. Le développement durable, affirment les experts, est une tendance durable ! Donner un sens à ses achats, ne plus agir par égoïsme mais raisonner à l’échelle planétaire et à long terme : tel est le credo de ces consomm’acteurs du troisième millénaire, qui tâchent de conjuguer priorités personnelles et responsabilité. Les PME ont tout intérêt à exploiter cette niche à fort potentiel en agissant sur leurs sources d’approvisionnement, en valorisant leur démarche via un label ou encore en cherchant des créneaux de distribution alternatifs aux GMS (circuits spécialisés, RHD). Succès sans appel pour cette manifestation qui a réunit une centaine d’auditeurs, dont une large majorité d’industriels de l’alimentation et de la restauration, ainsi que des décideurs institutionnels. Les Carrefours d’échange n’ont jamais si bien porté leur nom puisque échanges de paroles et de cartes de visite se sont prolongés presque deux heures après la fin des débats. Voici un florilège des thématiques les plus pertinentes développées par les intervenants. Pour tout renseignement, contacter Nadège Clapham, chargé d’études chaîne alimentaire, CCI de Rennes Tel. 02.99.33.66.93. Mail : nclapham@rennes.cci.fr Le compte rendu complet étant à télécharger ci-dessous, en voici juste quelques extraits pour vous inviter à le lire complètement :Quelles sont les motivations et attentes des consommateurs « éco-citoyens » ?
Eléments de contexte : Après la génération hard discount, c’est au tour des consommateurs citoyens d’occuper le devant de la scène. Le développement durable, affirment les experts, est une tendance durable ! Donner un sens à ses achats, ne plus agir par égoïsme mais raisonner à l’échelle planétaire et à long terme : tel est le credo de ces consomm’acteurs du troisième millénaire, qui tâchent de conjuguer satisfaction de leurs besoins personnels, responsabilité collective et maîtrise du budget alimentaire. Des velléités difficilement conciliables… Les réponses apportées par la conférence Une nouvelle « classe moyenne verte » Les années 2000 signent l’émergence d’une « nouvelle classe moyenne verte », qui ne se cantonne plus à des franges marginales de la population. Elle traverse les générations voire les catégories sociales. Qu’ils soient simplement « sensibilisés » ou carrément « engagés », les consommateurs français semblent enfin attentifs à des idées déjà largement diffusées chez nos voisins allemands et scandinaves. Plusieurs facteurs négatifs ont concouru à l’affirmation de cette fibre éco-citoyenne : les catastrophes naturelles ou industrielles, les crises sanitaires, les mauvaises pratiques sociales, les dégradations environnementales, le tout relayé par les medias et une série de films dénonciateurs (Notre pain quotidien et We feed the world étant les derniers en date). En réaction à ces événements, se sont développés des courants de pensée et initiatives d’ordres institutionnel, politique, associatif ou privé : Agenda 21, écologie, commerce équitable, technologies vertes, chartes environnementales, éco-labels, territoires durables, etc. Autant de signaux dont l’accumulation a fini par créer un véritable phénomène de société, jusqu’à influencer les consommateurs dans leurs actes d’achat de produits et de services. Quatre profils d’éco-citoyens : Pour décrypter leurs comportements, les cabinets Allegoria et Eco&Co ont établi une typologie fine des éco-citoyens, en fonction de deux axes. D’une part, sont-ils mus par un intérêt purement personnel ou bien ouverts sur le collectif et la société ? D’autre part, sont-ils motivés par la recherche d’une qualité de vie ou réagissent-ils en opposition à un état de fait ? Une telle analyse permet de dégager quatre groupes d’individus : – Les « éco-centriques » sont préoccupés par leur satisfaction personnelle et leur qualité de vie. A 40-60 ans, ils jouissent d’un fort pouvoir d’achat grâce auquel ils peuvent accéder à des biens porteurs d’une haute valeur ajoutée. Désignés par les termes « bobos » (bourgeois bohêmes) ou « radical chics », ils n’hésitent pas à monter dans leur 4×4 pour un pique-nique en forêt, en harmonie avec la nature, à quelques kilomètres de chez eux… – Les « éco-actifs » visent eux aussi une qualité de vie supérieure mais pas seulement à titre individuel. Ces « consomm’acteurs » ou « alters » (qui veulent consommer autrement) de 30-40 ans sont prêts à payer plus ou à marcher plus pour le bien de la planète… – Les « éco-révoltés » ont le même souci vis-à-vis de la collectivité, mais s’inscrivent dans une démarche d’opposition. Activistes, engagés dans des mouvements humanitaires ou écologistes, plutôt jeunes (20-30 ans), ils correspondent à la définition des « nonos », en lutte contre la société de consommation et ses méfaits. – Les « éco-inquiets » appartiennent aussi à la catégorie des « anti » sans toutefois nourrir de préoccupations humanistes à l’égard de leurs prochains. Ces plus de 60 ans sont parfois appelés « nimby » (not in my backyard = pas dans mon jardin). Traduction : non à l’énergie nucléaire, mais surtout ne construisez pas d’éolienne près de chez moi. Les questions qui se posent Comment transformer les paroles en actes ? Sous le terme citoyen se regroupent diverses démarches dont les tenants et aboutissants demeurent flous aux yeux des consommateurs. Savent-ils vraiment quelle est la différence entre un produit bio et un produit équitable ? La crédibilité des labels qui ne sont pas des signes officiels de qualité pose également problème. Quelles garanties réelles apportent-ils vraiment sur les conditions de production et de rémunération des différents intermédiaires ? Du côté de la filière halieutique, la multiplication anarchique des initiatives privées (en particulier de la part des distributeurs et des grandes marques) en matière de logos correspond à une vraie prise de conscience mais ne va pas dans le sens d’une plus grande transparence et une meilleure lisibilité de l’offre. Comment valoriser l’empreinte écologique ? Après les produits citoyens, se profile l’ère des entreprises citoyennes qui ne limitent pas leurs efforts à la seule composition des produits mais élargissent leur réflexion à la chaîne de fabrication dans sa globalité. Néanmoins il est plus difficile de mettre en exergue les efforts consentis au niveau du process industriel que de communiquer sur la composition d’un produit. Comment, en effet, valoriser la notion d’empreinte écologique ? Comment expliquer qu’une usine fait la chasse aux gaspillages énergétiques, limite l’emploi de substances chimiques ou encore contrôle ses émissions polluantes dans l’atmosphère ? Les démarches du type Iso 14 000 ne sont pas vouées à être diffusées auprès des consommateurs et il n’existe à ce jour en France par de label officiel ou privé attestant d’un procédé de fabrication « vert ». A l’étranger, des premières initiatives ont vu le jour. En Grande-Bretagne, Tesco vient de lancer un programme quinquennal visant à labelliser les produits en fonction de leur empreinte écologique, traduite en quantité de CO2 émis le long de la chaîne de fabrication. – Lire ci-dessous le compte-rendu complet de cette conférence