Quel point commun entre l’ancien leader de Solidarnosc, Lech Walesa, le Sud-Africain Frederik Willem de Klerk, la pacifiste Mairead Corrigan Maguire et l’homme politique John Hume, tous deux Irlandais? Tous ont reçu le Prix Nobel de la paix. Initiative du comité Gorbatchev, présidé par l’ex-président de l’Union soviétique, la 9e édition du sommet des Prix Nobel de la paix est reçue jusqu’à demain (13 décembre) à l’Hôtel de Ville de Paris. Cette réunion exceptionnelle coïncide avec le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Droits individuels, droits des femmes, droit à l’eau… Les débats du sommet tournent autour de la défense des droits fondamentaux. Outre une pléiade de Prix Nobel, de nombreuses personnalités politiques participent à l’événement : Ingrid Betancourt, Kerry Kennedy, veuve du sénateur Robert Kennedy -frère de JFK-, mais aussi le chanteur Bono : la star du groupe U2 s’engage activement dans la lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, et milite pour l’annulation de la dette des pays du tiers-monde. Pour ses combats humanitaires, Bono a reçu aujourd’hui le Prix du sommet de la paix 2008.
« Nous avons décidé tous ensemble de nommer un homme qui a beaucoup donné et qui donnera encore beaucoup à la lutte pour les droits humains, à la lutte contre la pauvreté, avec sa musique, avec ses mots, avec son engagement au sommet », a déclaré Walter Veltroni, secrétaire général du Parti démocrate italien, principal parti d’opposition, également hôte de ce sommet. Après les acteurs américains George Clooney et Don Cheadle récompensés en 2007 pour leur action en faveur de la paix au Darfour (Soudan), Bono Vox, chanteur du groupe U2, a donc reçu le prix de l’Homme de la paix 2008 décerné par les Prix Nobel de la paix réunis en sommet. Auteur engagé dans diverses causes humanitaires et politiques (Artists Against Apartheid, Amnesty International, Greenpeace, War Child, Jubilee 2000, etc.), la star irlandaise est récompensée à 48 ans pour son engagement en faveur de l’annulation de la dette des pays pauvres et contre le sida et le paludisme en Afrique. « Le lieu où tu habites ne devrait pas décider de ta vie ou de ta mort », a-t-il souligné à la tribune, rappelant que les pays du tiers-monde n’ont souvent pas accès aux médicaments rétroviraux. « Je suis venu demander de l’aide à mes héros », a-t-il poursuivi en se tournant vers la pléiade de Prix Nobel de la paix présents, dont l’Irlandais John Hume, l’ancien président polonais Lech Walesa et le Sud-Africain Frederik Willem de Klerk. Le chanteur a aussi profité de l’événement pour relayer la campagne lancée par les organisateurs du sommet : tous réclament la libération d’Aung San Suu Kyi, Prix Nobel assignée à résidence par la junte birmane. Elle est la Prix Nobel de l’année 1991 et la citoyenne d’honneur de la Ville de Paris : Aung San Suu Kyi a été au centre du 9e sommet depuis son lancement jeudi 11 décembre, où l’un des représentants de l’opposante birmane s’est exprimé. Dans la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait appelé à la mobilisation pour la libération de celle qui est assignée à résidence depuis vingt ans par les généraux birmans. « Le besoin de paix est plus vital que jamais », a estimé Bertrand Delanoë, demandant de « refuser la guerre des civilisations ». Parmi les combats à mener pour les droits de l’homme, il a insisté sur « l’accès à l’eau », avant d’appeler à la mobilisation pour la libération d’Aung San Suu Kyi. « Pousser à la protection des droits de l’homme ouvre des portes pour la paix dans le monde » « Aucun droit n’est acquis », a rappelé Walter Veltroni, co-président du sommet de la paix, ne souhaitant « pas seulement célébrer » les droits de l’homme, mais aussi agir de manière concrète. La Franco-Colombienne Ingrid Betancourt lui a succédé à la tribune. L’an dernier, les Nobel de la paix avaient réclamé sa libération lors du 8e sommet. Libre depuis l’été dernier, elle plaide désormais sans relâche pour qu’on lie toujours les droits de l’homme à la paix. « Pousser à la protection des droits de l’homme ouvre des portes pour la paix dans le monde », assure-t-elle avec force. Selon elle, si la guerilla des Farc libère ses otages, la voie vers la paix sera possible. Et pourquoi ne pas organiser le 10e sommet des Prix Nobel la paix en Colombie ? C’est l’invitation formulée par Ingrid Betancourt. Droits humains, droits des femmes, eau, valeurs démocratiques… Les conférences se poursuivent jusqu’à samedi à l’Hôtel de Ville de Paris.Bono : ses engagements politique et humanitaire
En 1983, il chante avec le groupe U2 sa première chanson Sunday Bloody Sunday dénonçant les troubles politiques de son pays de naissance. Depuis 1999, il prend une part active à la campagne visant à annuler la dette des pays du tiers monde. En mai 2002 il emmène le secrétaire du trésor des États-Unis, Paul O’Neill, dans quatre pays d’Afrique. Cette même année, il crée une organisation appelée « DATA » (pour Debt, Aids, Trade in Africa) dont le but est d’informer sur les dettes des pays d’Afrique, l’épidémie du SIDA et les règles de commerces inéquitables. En janvier 2005, en marge du Forum économique mondial de Davos, il participe au lancement d’un label de produits Product Red [[Product Red est une marque qui est concédée sous licence à des sociétés partenaires telles que American Express, Apple, Converse, Motorola, Gap, Emporio Armani, Hallmark, Microsoft et Dell. Cette initiative amorcée par U2, Bono, Bobby Shriver et la dette commerciale du sida en Afrique (DATA) doit permettre de récolter de l’argent pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Chaque entreprise partenaire créé un produit avec le logo Product Red. Un pourcentage de leurs propres recettes par le biais du produit qu’ils vendent, est accordé au Fonds mondial. Depuis sa création, l’initiative PRODUCT RED a permis de reverser plus de 11 millions de dollars US au Fonds Mondial.]] dont les bénéfices sont destinés à financer des programmes de lutte contre le SIDA, la tuberculose et la malaria.