Il y a quarante ans encore, la mer d’Aral était la quatrième plus grande étendue d’eau salée au monde. Même si les conditions de vie dans cette région étaient difficiles, les habitants pouvaient néanmoins compter sur la pêche pour se nourrir et s’octroyer un revenu minimum. Aujourd’hui à Aralsk, qui fut le principal port de pêche kazakh de la région, la mer s’est retirée à soixante-dix kilomètres plongeant les habitants dans un désastre économique, social et sanitaire.
La disparition de la mer d’Aral n’est pas un accident fortuit, c’est le résultat de la volonté politique des dirigeants de l’ex-URSS qui voulaient créer d’immenses champ de coton pour faire de l’Ouzbékistan le deuxième exportateur mondial de coton. Les autorités ont donc décidé la construction de gigantesques canaux d’irrigation sur le fleuve Amou-Daria, provoquant de fait l’assèchement de la mer. L’eau a commencé à se retirer en 1968, le point culminant du désastre écologique a été atteint en 1987 lorsque ce lac salé s’est divisé en deux pour former une « petite » mer d’Aral au nord et une « grande » au sud.
Aujourd’hui, les scientifiques pensent que la partie sud de la mer est condamnée.
Le Kazakhstan, indépendant depuis 1991, tente de sauver la « petite » mer d’Aral, au nord. Ils achèvent la construction d’une digue de plus de 13 kilomètres de long qui bloque le seul petit canal reliant encore les deux mers. Elle empêche ainsi l’eau apportée par le fleuve Syr-Daria de se perdre dans le désert en essayant de rejoindre la grande Aral.
A Aralsk, on se souvient qu’une première digue avait permis de ramener la mer à 18 kilomètres de la ville. Hélas, mal construite, cette dernière avait cédé en 1998. Le nouvel ouvrage devrait permettre de rapprocher à nouveau la mer à 15 km de la ville, redonnant ainsi un petit souffle d’espoir aux habitants qui subissent de plein fouet les conséquences de cette catastrophe écologique. En plus de l’amenuisement des ressources de la pêcherie, ils doivent faire face à de multiples problèmes de santé. Les maladies rénales dues à l’augmentation de la salinité de l’eau potable ont explosé, alors que les engrais chimiques, utilisés dans la culture du coton et charriés par le vent, provoquent maladies respiratoires et cancers.
La construction de la digue n’est que la première étape de la réhabilitation.
Les autorités kazakhes ont prévu de débloquer quelque 160 millions de dollars pour doubler sa hauteur et la porter à huit mètres, la mer pourrait alors à nouveau atteindre Aralsk. Les centaines de chameaux, qui ont colonisé les anciens fonds marins, devront alors se résigner à retourner à leur milieu naturel, la steppe qui entoure la mer d’Aral.
Pour aller plus loin sur ce désastre écologique, nous vous conseillons de cliquez sur le lien ci-dessous et lire l’article intitulé « MER D’ARAL: DÉPASSER LES GÂCHIS DU PASSÉ » rédigé par Sue Lloyd-Roberts et Ethirajan Anbarasan, respectivement journalistes à la BBC et au Courrier de l’UNESCO.