Avec ce livre, il n’est pas seulement question de dresser un tableau clinique et scientifique de ces maladies, mais d’aborder plus largement cette problématique afin d’identifier pour chacun les moyens d’être véritablement acteur de sa prise en charge. Louis Champion [1] et Daniel Vervloet [2] avancent, pour la première fois, des propositions visant à lutter contre les allergies dans notre société moderne, sans pour autant générer de coûts supplémentaires pour notre système de santé publique.
3 questions à… Louis Champion et Daniel Vervloet
Vous dites que l’allergie est une pathologie de civilisation. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
L’allergie, qu’elle soit respiratoire, alimentaire, médicamenteuse ou cutanée, est une « maladie de civilisation » parce qu’elle est liée à notre mode de vie, à celui des pays industrialisés et économiquement développés. Par exemple, le nombre de personnes souffrant d’allergies respiratoires a doublé en vingt ans, touchant tout particulièrement les enfants et les adolescents. Ce sont la dégradation de l’environnement et l’augmentation des pollutions de toute nature – intérieures comme extérieures - qui créent un terrain favorable aux hypersensibilités. On sait maintenant que notre mode de vie peut créer la maladie, et ce même chez l’enfant à naître. On naît allergique, mais on peut également le devenir. Dès lors, nous sommes tous concernés par cette pathologie et devons la voir comme telle.
Les allergies respiratoires sont-elles une fatalité ?
Non ! Quelle que soit la nature de l’allergie respiratoire – légère, modérée ou sévère, rhinite ou asthme allergique – il existe aujourd’hui des traitements très efficaces qui permettent aux personnes allergiques de ne plus souffrir de leur pathologie. Les personnes souffrant d’allergies respiratoires légères peuvent se traiter avec des
médicaments disponibles en pharmacie, sans prescription médicale. Pour les allergies respiratoires sévères, l’immunothérapie allergénique, qui s’apparente à une vaccination thérapeutique – également appelée désensibilisation – permet ainsi, après trois saisons de traitement, de ne plus souffrir des symptômes de l’allergie. Pour se faire, un diagnostic complet doit être réalisé par un spécialiste de l’allergie afin de déterminer le caractère allergique de la maladie et d’identifier le ou les
allergènes en cause. Si la prise en charge thérapeutique existe, il reste néanmoins beaucoup à faire pour mieux accompagner les personnes allergiques. Car l’allergie reste, encore trop souvent, insuffisamment prise en compte par notre société.
Que préconisez-vous pour mieux prendre en compte l’allergie ?
Nous souhaitons que l’allergie soit enfin considérée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une pathologie très présente dans nos sociétés, et particulièrement handicapante pour 20% des personnes qui en souffrent. Nous souhaitons également que l’allergologie soit une discipline reconnue. Des mesures simples, sans incidence pour les finances publiques pourraient utilement être prises dans le cadre d’un « plan Allergies », à l’image de ce qui est fait à l’étranger, en Finlande et en Australie par exemple. L’accent devrait notamment être mis sur l’information des personnes allergiques : la diffusion d’une « météo des
pollens », comme il existe une météo des neiges permettrait aux personnes allergiques de se prémunir contre les pics de pollens. Ajouter dans le carnet de santé des enfants une page dédiée aux allergies signifierait également une véritable prise de conscience de la part des pouvoirs publics de la nécessité d’accompagner les patients allergiques. Ce sont des mesures simples, rapides à mettre en œuvre qui
constitueraient un grand pas en avant pour toutes les personnes allergiques ainsi que pour leur entourage.
- Références : Tous allergiques ? Pour en finir avec une maladie de civilisation de Louis Champion et Daniel Vervloet - Éditions Nouveaux Débats Publics - 192 pages - EAN13 : 9782916962443 - Parution : 5 mai 2011 - Prix : 18.00 €