Les fermes éoliennes en Chine et l’installation à petite échelle de panneaux solaires sur les toits en Europe ont largement contribué à la hausse de 32 % des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables enregistrée l’année dernière, annonce le dernier rapport annuel du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sur les tendances mondiales en matière d’investissements dans les énergies renouvelables (Global Trends in Renewable Energy Investment).
L’année dernière, les investisseurs ont investi un montant record de 211 milliards de dollars dans les énergies renouvelables, soit une augmentation d’environ un tiers par rapport à 2009 (160 milliards de dollars) et de 540 % depuis 2004.
Pour la première fois, les pays en développement ont dépassé les pays développés en termes de « nouveaux investissements financiers », investissant dans des projets d’énergie renouvelable à des fins commerciales et dans la fourniture de fonds propres pour les sociétés spécialisées dans ce type d’énergies.
Sur ce total, 72 milliards de dollars ont été investis dans les pays en développement, contre 70 milliards dans les pays développés, alors qu’en 2004, les nouveaux investissements dans les pays en développement représentaient environ un quart de ceux réalisés dans les pays développés.
Le rapport « Global Trends in Renewable Energy Investment 2011 » a été préparé pour le PNUE par Bloomberg New Energy Finance, à Londres.
Il a été présenté le 7 Juillet par Achim Steiner, sous-secrétaire général de l’ONU et directeur exécutif du PNUE, ainsi que par Udo Steffens, président de la Frankfurt School of Finance & Management ; l’ouverture au sein de cette école du Centre de collaboration sur le financement du climat et des énergies durables a également été annoncée.
La Chine, avec 48,9 milliards de dollars de nouveaux investissements financiers dans les renouvelables (hausse de 28 %), a remporté la palme mondiale en 2010. Toutefois, d’autres régions émergentes ont également enregistré une solide croissance :
– Amérique du Sud et centrale : augmentation de 39 % à 13,1 milliards de dollars ;
– Moyen Orient et Afrique : augmentation de 104 % à 5 milliards de dollars ;
– Inde : augmentation de 25 % à 3,8 milliards de dollars ;
– Pays asiatiques en développement hors Chine et Inde : augmentation de 31 % à 4 milliards de dollars.
Le rapport souligne également l’évolution positive des dépenses publiques en recherche et développement, qui ont des implications sur le développement à long terme des énergies propres. Cette catégorie d’investissement s’est en effet accrue de plus de 120 % à plus de 5 milliards de dollars.
M. Steiner a commenté : « La croissance continue dans ce segment stratégique de l’économie verte n’est pas le fruit du hasard. La définition d’objectifs par les gouvernements, l’appui politique et les fonds d’incitation sous-tendent l’essor de l’industrie des renouvelables et mettent à notre portée la transformation tellement attendue de notre système énergétique mondial. »
« La Conférence de l’ONU sur le changement climatique, qui aura lieu cette année à Durban, suivie du Sommet « Rio+20 » de 2012, au Brésil, seront d’excellentes occasions d’accélérer et de généraliser cette transition positive vers une économie verte sobre en carbone et économe en ressources, dans le contexte de développement durable et d’éradication de la pauvreté », a-t-il ajouté.
« L’industrie de la finance continue de se relever de la récente crise financière », poursuit Udo Steffens, président de la Frankfurt School of Finance and Management. « Le fait que l’industrie demeure fortement engagée dans les énergies renouvelables montre qu’elle est convaincue des perspectives offertes par ce genre d’investissement. »
« L’activité d’investissement dans le monde en développement ne conduit pas seulement à des innovations dans les technologies renouvelables. Elle va ouvrir de nouveaux marchés, puisque les premiers entrants promeuvent une gamme de nouveaux modèles économiques et soutiennent l’entreprenariat dans le monde en développement », explique Udo Steffens.
Le rapport souligne que toutes les régions n’ont pas connu de croissance positive en 2010 : en Europe, les nouveaux investissements dans les projets d’énergies renouvelables à grande échelle ont en effet baissé de 22 % en 2010 (à 35,2 milliards de dollars), ce qui a été largement compensé par le sursaut des projets à petite échelle, notamment des panneaux solaires sur les toitures.
D’après Michael Liebreich, directeur général de Bloomberg New Energy Finance : « L’essor de l’énergie solaire à petite échelle en Europe est largement dû aux tarifs de rachat, en particulier en Allemagne, ainsi qu’à une réduction nette du coût des modules photovoltaïques (PV). »
Les investissements dans les « petites capacités distribuées » ont augmenté de 132 % en Allemagne, à 34 milliards de dollars, de 59 % en Italie (à 5,5 milliards de dollars) de 150 % en France (2,7 milliards de dollars) et de 163 % en République tchèque (2,3 milliards de dollars).
Le prix par mégawatt des modules PV a baissé de 60 % depuis mi-2008, rendant l’énergie solaire bien plus compétitive dans un certain nombre de pays ensoleillés.
Fin 2010, de nombreux pays se sont empressés d’offrir des tarifs PV moins généreux. Ainsi, l’Espagne et la République tchèque ont procédé à la baisse rétroactive de leurs tarifs de rachat pour les projets déjà opérationnels, ce qui a « érodé la confiance des investisseurs », explique le rapport. « D’autres gouvernements, tels que l’Allemagne et l’Italie, ont annoncé des réductions de tarifs pour les nouveaux projets, une mesure logique visant à refléter l’importante baisse des coûts technologiques. »
Néanmoins, le marché du solaire à petite échelle devrait conserver sa vigueur en 2011, prévoit le rapport.
Les coûts des technologies solaires, éoliennes et autres vont encore baisser, continue le rapport, ce qui constituera une menace croissante pour la prédominance des combustibles fossiles dans les années à venir.
Au cours des dix dernières années, l’éolien est devenu la technologie renouvelable la plus mature, jouissant d’une position dominante qui semblait inattaquable par rapport aux sources d’énergie concurrentes.
Le prix des éoliennes a baissé de 18 % par mégawatt ces deux dernières années, ce qui, comme dans le solaire, est le signe d’une concurrence féroce dans la chaîne d’approvisionnement.
En 2010, l’éolien a continué de dominer en termes de nouveaux investissements financiers dans les projets à grande échelle (94,7 milliards de dollars, soit 30 % de plus qu’en 2009). Cependant, le solaire gagne du terrain si l’on compte les investissements dans les projets de petite taille, avec 86 milliards de dollars en 2010, en hausse de 52 % par rapport à l’année précédente. Avec 11 milliards de dollars investis, la biomasse et les projets de valorisation énergétique des déchets arrivent en troisième position, devant les biocarburants, lesquels avaient connu un essor en 2006 (20,4 milliards de dollars), avant de considérablement chuter (5,5 milliards l’année dernière).
Les plus fortes progressions dans l’investissement total ont été observées dans les projets de petite taille (plus 91 % en glissement annuel, à 60 milliards de dollars), et dans les dépenses publiques de recherche et développement (plus 121 %, à 5,3 milliards de dollars), puisque davantage de « fonds incitatifs verts » promis après la crise sont arrivés dans le secteur.
Deux domaines d’investissement ont chuté en 2010 par rapport à 2009, à savoir la recherche, développement et déploiement d’entreprise (3,3 milliards, soit une baisse de 12 %, les sociétés ayant réduit leurs dépenses face aux difficultés économiques), et la fourniture de capital-développement aux sociétés d’énergies renouvelables, par les fonds de capital-investissement (3,1 milliards de dollars, soit 1 % de moins).
Le cours des actions des entreprises du secteur des énergies propres a reculé en 2010, l’indice WilderHill New Energy Global Innovation (NEX) s’étant replié de 14,6 %, sous-performant ainsi de plus de 20 % les indices des marchés actions. Cette performance reflète les inquiétudes des investisseurs quant aux surcapacités de l’industrie, aux coupes claires dans les programmes de subventions et à la concurrence des centrales électriques alimentées au gaz naturel bon marché.
L’activité d’acquisition dans les énergies renouvelables, qui prend la forme de transferts d’argent plutôt que de nouveaux investissements, est passée de 66 milliards de dollars en 2009 à 58 milliards en 2010. Les principales catégories (rachats d’entreprises et acquisitions de fermes éoliennes et autres actifs) ont toutes deux baissé d’environ 10 %.
Le prix peu élevé du gaz naturel (entre 3 et 5 dollars par million de BTU durant presque toute l’année 2010) a nui à la croissance des énergies renouvelables, explique le rapport. Ce prix est en effet bien inférieur à ce qu’il était au milieu des années 2000, avant qu’il n’atteigne le pic de 13 dollars en 2008.
« Cela a incité les producteurs, aux États-Unis comme en Europe et ailleurs, à construire davantage de centrales électriques au gaz et pesé sur les dispositions des contrats d’achat d’électricité pour les projets d’énergie renouvelable », indique le rapport.
Le PNUE et la Frankfurt School lancent le Collaborating Centre for Climate and Sustainable Energy Finance

Le lancement du rapport marque l’ouverture du nouveau Collaborating Centre for Climate and Sustainable Energy Finance (centre de collaboration pour le financement du changement climatique et des énergies durables) à la Frankfurt School of Finance & Management. L’objectif est de trouver des moyens économiques de réduire les émissions de carbone liées aux énergies, en mobilisant des investissements dans les énergies durables et en renforçant leurs marchés associés.
Cela sera mené à bien en travaillant avec des institutions financières au développement d’un savoir-faire technique, de stratégies de financement innovantes et de nouvelles formes de finance pour les entreprises et les utilisateurs finaux.
L’approche du Centre associe la mise en œuvre de projets sur le terrain à la recherche, aux activités des groupes de réflexion, à la formation et à l’éducation.
En tant que grande école de commerce européenne, la Frankfurt School renforce et améliore également les capacités du secteur financier dans les marchés émergents et les pays en développement, grâce à des projets de consulting et de formation. Par le biais de son centre « Sustainable Energy Finance », la Frankfurt School a mis en œuvre dans le monde entier des projets d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable.
« À la Frankfurt School, nous disposons d’une profonde expérience en conseil international dans tous les domaines du financement du développement », affirme le président Udo Steffens. « Le Centre de collaboration du PNUE nous permet d’appliquer cette expertise et ces connaissances au financement du climat et des énergies durables, ce qui inclut la recherche, le conseil et l’éducation. »