Le 16 décembre dernier, dix ONG ont lancé une grande campagne de sensibilisation aux risques sanitaires générés par une utilisation prolongée du portable, notamment par les enfants. Intitulée « Portables, antennes relais, wifi. Un nouveau TcherMOBILE ? », cette campagne appelle les citoyens à se mobiliser afin d’obtenir une réglementation contraignante visant à encadrer le développement des multiples technologies contribuant à un smog électromagnétique de plus en plus épais.
Pour Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement « il est regrettable que ce soit aux associations de mener une véritable campagne d’intérêt publique et ainsi de combler l’inaction chronique de l’Etat en matière de protection sanitaire ». Une fois encore, les ONG sont dans l’obligation morale de se substituer à l’Etat, en cette période de fêtes afin, notamment, de mettre en garde les parents sur les risques liés à l’usage du portable, tout particulièrement pour les enfants. Elles soulignent l’importance d’actions d’information telles que celle menée actuellement par la ville de Lyon qui vient de lancer sur les panneaux d’information de la ville une campagne intitulée « Le portable avant 12 ans, c’est non ! ». Les associations en appellent à la responsabilité de l’Etat afin que prévention ne soit plus un vain mot et que le principe de précaution ne soit plus un concept marketing cachant de plus en plus mal l’inaction coupable du ministère de la santé.
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Pourquoi cette campagne ?
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Demandes et cibles
Face aux inquiétudes nées d’un développement sans contrainte réelle de la téléphonie mobile, nous demandons au ministère de la Santé, au Ministre de l’Éduction nationale et au Ministre de l’Écologie de bien vouloir agir avec la plus grande célérité afin d’appliquer le principe de précaution dans un domaine où l’incertitude a conduit, depuis plus d’une décennie, les riverains d’antennes et utilisateurs de portables à être exposés à des champs électromagnétiques aux conséquences sanitaires délétères. Afin d’appliquer enfin le principe de précaution, les dix associations demandent : – Interdire la commercialisation et la promotion des portables explicitement destinés aux enfants ; – Lancer des campagnes d’information et d’éducation afin de favoriser un usage raisonné du portable ; – Privilégier les réseaux câblés dans les écoles, collèges, lycées, crèches et bibliothèques ; – Réduire l’exposition chronique aux champs électromagnétiques des antennes relais à 0,6 volt/mètre ; – Imposer la procédure du permis de construire pour toute nouvelle installation d’antenne relais ; – Lancer une grande enquête épidémiologique sur les riverains d’antennes relais ; – Adopter un statut protecteur pour les experts scientifiques et les lanceurs d’alerte.Mobile-homme ?
La France compte 55,7 millions d’abonnées au téléphone mobile, soit un taux de couverture avoisinant les 90 % de la population française. Chaque mois, un abonné utilise son portable en moyenne deux heures et demie et envoie une quarantaine de SMS. Le portable utilise trois bandes de fréquence, le 900 MHz et le 1800 MHz (dédié à la transmission de données orales) et le 2100 MHz (numériques). Plus la fréquence est élevée, plus le signal s’atténue rapidement, nécessitant donc des antennes-relais plus puissantes. Tout récemment, le WiFi est venu augmenter encore un peu plus l’exposition chronique des individus aux ondes électromagnétiques. Cette nouvelle application technologique dont l’utilité est d’éliminer les fils reliant les bornes internet aux ordinateurs et autres périphériques fonctionne sur une fréquence encore plus élevée, à savoir le 2450 MHz. Ces hyperfréquences, jusqu’alors quasi inexistantes dans notre environnement électromagnétique naturel, sont apparues sans que leurs conséquences sur l’organisme humain n’aient été préalablement étudiées. Par ailleurs, signal complexe, l’onde électromagnétique de la téléphonie mobile comporte, outre ces hyperfréquences, des extrêmement basses fréquences, avec des conséquences incertaines pour l’humain, « être vivant électromagnétique » dont les cellules échangent des informations grâce à des basses fréquences de même type. Ces extrêmement basses fréquences (Elf) sont d’ailleurs classées par l’OMS comme « potentiellement cancérigènes ».L’idiologie du « sans fil »
Au nom du « tout sans fil » – fictivement présenté comme synonyme de liberté – on assiste à la multiplication d’applications technologiques mobilisant des micro-ondes. Parmi celles-ci, la troisième génération de téléphonie mobile – UMTS – qui permettrait, par exemple, la visiophonie ou le téléchargement de matchs de foot sur des écrans de 4 cm². Ceci prêterait à sourire si cette technologie dont l’utilité sociale reste largement à démontrer ne nécessitait pas un doublement du nombre d’antennes relais. À cette troisième génération de téléphonie s’ajoute le développement très rapide du WiFi, y compris dans les lieux publics censés recevoir de jeunes usagers. Nombre de collèges, lycées et bibliothèques, malgré les appels à la prudence d’un certain nombre d’experts scientifiques, optent ainsi actuellement pour des connexions WiFi alors que des alternatives câblées, tout aussi performantes, existent. Soutenues par une certaine idéologie du « progrès » et par une inaction complaisante et coupable des autorités en charge de la santé, sont ainsi privilégiées des solutions irradiantes qui, combinées, augmentent et complexifient les champs électromagnétiques auxquels nous sommes soumis. Cette surexposition – subie dans la majorité des cas – se traduit par un nombre croissant de personnes souffrant d’une hypersensibilité à ces champs électromagnétiques. Maux de tête, palpitations, céphalées, vertiges, insomnies, irritabilité… sont autant d’effets, qui, par leur récurrence, devrait attirer l’attention du ministère de la Santé.Des résultats scientifiques préoccupants
La traditionnelle opposition entre les effets délétères des rayonnements ionisants et l’innocuité des rayonnements non ionisants en deçà des effets thermiques est aujourd’hui battue en brèche. Un certain nombre de recherches montrent que les ondes électromagnétiques non ionisantes utilisées par la téléphonie mobile ont le pouvoir de casser des brins d’ADN, renforçant la thèse de leurs effets potentiellement cancérigènes. Ces effets se trouvent d’ailleurs statistiquement confirmés par les résultats des enquêtes épidémiologiques, notamment par celles qui ont été menées dans le cadre d’Interphone, grand programme épidémiologique, coordonné par le Centre international de recherche sur le cancer sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé. Il ressort clairement des résultats réalisés dans le cadre de ce programme et aujourd’hui publiés qu’au delà de dix ans d’utilisation d’un portable, on observe une augmentation statistiquement significative (située entre 2,5 et 3,5, selon les études) des tumeurs de la tête telles que les gliomes, les neurinomes de l’acoustique ou encore les tumeurs de la glande parotide. La cohérence entre les résultats des recherches menées en laboratoire et ceux qui ressortent des enquêtes épidémiologiques constituent aujourd’hui un faisceau de preuves suffisantes pour justifier une action de santé publique vigoureuse et rendent insupportable le silence gouvernemental.Allo, maman… bobo ?
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Une expertise un peu… téléphonée !
Entre 2001 et aujourd’hui, la France a empilé pas moins de cinq rapports officiels sur le sujet de la téléphonie mobile. Cette profusion d’expertises cache mal la faiblesse de l’argumentation conduisant systématiquement les auteurs desdits rapports à privilégier le statu quo. Même si l’on peut constater que l’unanimité de façades se lézarde progressivement, les « experts officiels » se relaient encore trop souvent pour « rassurer et expliquer » en lieu et place « d’étudier et publier ». Cette propension à entretenir la thèse du déni de risque semble avoir été dictée par des liens pour le moins étroits entre opérateurs de téléphonie mobile et certains experts omniprésents. À tel point que l’Inspection générale de l’environnement et l’Inspection générale des affaires sociales ont regretté que certains experts aient été, tout à la fois, sollicités pour présider certains comités d’experts officiels et rémunérés directement par le lobby du mobile… Pire, le syndrome de TcherMobile frappe régulièrement certains scientifiques qui ont le malheur de s’inquiéter des effets des champs électromagnétiques sur la santé. On ne compte plus le nombre de scientifiques dont les budgets sont subrepticement coupés à la suite de la publication de résultats d’étude qui ont le démérite d’inquiéter… les opérateurs ! La France doit préserver l’indépendance des scientifiques en adoptant une loi de protection des lanceurs d’alerte.Antennes relais : se MOBILiser !
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10 façons de réduire son exposition aux champs électromagnétiques
– 1 : Limiter le plus possible les conversations téléphoniques passées avec le mobile – 2 : Éteindre totalement son portable lorsqu’il n’est pas utilisé – 3 : Choisir un portable avec un DAS le plus faible possible (exprimé en W/cm²) – 4 : Privilégier les lignes filaires notamment dans les zones fermées – 5 : Eloigner le portable de la boîte crânienne et privilégier l’usage du kit-oreillette ou du haut-parleur – 6 : En réception ou à l’émission d’un appel, éloigner le plus possible le portable qui émet, durant quelques secondes, au maximum de sa puissance pour trouver la station de base la plus proche – 7 : Ne pas téléphoner en mouvement car le portable cherche régulièrement l’antenne la plus proche – 8 : Ne pas téléphoner en conduisant, action promotrice d’inattention et augmentant l’exposition par effet de résonnance du signal GSM – 9 : Éteindre le WiFi de sa « box » – 10 : Éviter de téléphoner dans une zone où les conditions d’émission-réception sont mauvaises.