Alors que les nations se préparent à la Conférence des Parties sur le climat au Qatar (COP18), l’écart en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre s’avère plus important que prévu selon une étude des Nations Unies. Un rapport met en évidence le fossé grandissant entre les engagements actuels et les réductions nécessaires pour atteindre les principaux objectifs pour le climat. Limiter la hausse moyenne des températures mondiales à 2°C reste réaliste grâce à l’énorme potentiel de réduction des émissions des secteurs du bâtiment, des transports et de la lutte contre la déforestation, mais le temps commence à faire défaut. Sans intervention rapide, les engagements actuels des gouvernements entraîneront une augmentation des températures de 3 à 5°C au cours du XXIe siècle.
Les efforts sur le changement climatique doivent être intensifiés et accélérés au plus vite si le monde souhaite avoir la possibilité de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C au cours du XXIe siècle.
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Combler l’écart
Le rapport s’intéresse aux secteurs susceptibles d’atteindre leurs objectifs de réduction des émissions d’ici à 2020. Un meilleur rendement énergétique pourrait entraîner une réduction des émissions de l’ordre de 1,5 à 4,6 Gt d’équivalent CO2 dans l’industrie ; de 1,1 à 4,3 Gt dans l’agriculture ; de 1,3 à 4,2 Gt dans la sylviculture ; de 2,2 à 3,9 Gt dans le secteur de l’énergie ; de 1,4 à 2,9 Gt dans le bâtiment ; de 1,7 à 2,5 Gt dans les transports, dont le fret et l’aviation ; et d’environ 0,8 Gt dans le secteur des déchets.Bâtiment
Le rapport souligne que certains secteurs ont un potentiel encore plus prometteur à long terme : par exemple, une amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments pourrait entraîner des réductions de 2,1 Gt en moyenne d’ici à 2020, et de plus de 9 Gt d’équivalent CO2 d’ici à 2050. Selon ce rapport, « cela implique que d’ici à 2050, le secteur du bâtiment aura baissé sa consommation d’énergie de 30 % par rapport à 2005, malgré une augmentation prévue d’environ 130 % de la superficie bâtie sur cette période ». Le rapport conclut que pour y parvenir, « les codes du bâtiment à la fine pointe de la technologie doivent devenir obligatoires au cours des dix prochaines années dans toutes les grandes économies du monde, comme les États-Unis, l’Inde, la Chine et l’Union européenne ». Les émissions peuvent être diminuées davantage grâce aux appareils plus économes en énergie, y compris les systèmes d’éclairage — le rapport cite le programme « Top Runner » au Japon et la Directive Écoconception de l’Union européenne qui ont permis de réduire la consommation d’énergie des ménages de 11 % et 16 % respectivement. Le rapport mentionne également le programme de normes et d’étiquetage mis en place par le Ghana pour les climatiseurs, qui vise à faire économiser aux particuliers et aux entreprises environ 64 millions de dollars US par an sur leur facture d’électricité, ainsi que 2,8 millions de tonnes d’équivalent CO2 sur 30 ans.Transports durables
Le potentiel de réduction des émissions dans le secteur des transports s’élèverait à 2 Gt d’équivalent CO2 d’ici à 2020. Le rapport signale déjà une évolution : lors du récent sommet Rio+20, les huit plus grandes banques multilatérales de développement se sont engagées à investir 175 milliards de dollars US au cours de la prochaine décennie dans des mesures comme les systèmes de transport rapide par autobus. Le rapport préconise les politiques et les mesures de type « Éviter, remplacer et améliorer » qui contribuent à un meilleur aménagement du territoire et encouragent les modes de déplacement de substitution comme le bus, le vélo ou la marche au détriment des véhicules privés, ainsi qu’une utilisation optimisée du fret ferroviaire et des voies navigables. L’établissement de normes plus strictes en matière de véhicules et la mise en place de programmes de mise à la casse des vieux véhicules peuvent également être bénéfiques. Le rapport indique que d’ici à 2050, les nouvelles normes (approuvées et en cours d’approbation) de sept pays dont l’Australie, la Chine, la République de Corée, les États-Unis et des pays de l’Union européenne, devraient permettre de réduire de plus de moitié la consommation de carburant et les émissions de gaz à effet de serre des véhicules légers neufs par rapport au niveau de 2000.Sylviculture
« Bien qu’elle reste sous-exploitée, la lutte contre la déforestation reste une solution peu coûteuse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre », précise le rapport. Les politiques d’aide à la réduction de la déforestation, et donc des émissions de gaz à effet de serre, vont de la création de zones protégées (sur le modèle des parcs nationaux) à l’élaboration d’instruments économiques (tels que des taxes, des subventions et des systèmes de paiement pour les services écosystémiques). Le rapport cite le Brésil, où de nombreuses politiques de conservation alliées à une chute du prix des matières premières agricoles ont entraîné une diminution de la déforestation de trois quarts depuis 2004, évitant ainsi l’émission de 2,8 Gt d’équivalent CO2 entre 2006 et 2011. Au Costa Rica, les zones protégées représentent désormais plus d’un cinquième du territoire, ce qui a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de faire passer le nombre de touristes de moins de 390 000 en 1988 à 2,5 millions en 2008 : le tourisme représente désormais environ 15 % du PIB. Ces mesures entreprises par le Brésil et le Costa Rica précèdent les mécanismes de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD ou REDD+) de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques. Le rapport indique qu’une multiplication des initiatives, par exemple dans le cadre du programme ONU-REDD qui implique plus de 40 pays, permettrait de réduire encore davantage les émissions, tout en présentant d’autres avantages comme la création d’emplois dans le domaine de la gestion des ressources naturelles.Ressources
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A lire
– Rapport 2014 : Les coûts de l’adaptation au changement climatique en Afrique devraient augmenter bien au-delà de la capacité des pays, même si le réchauffement est maintenu en dessous des 2°C – Rapport 2011 du PNUE sur l’écart entre les besoins et les perspectives de réduction des émissions pour atteindre l’objectif des 2°C – Le PNUE propose des actions peu coûteuses pour lutter contre le changement climatique