Synthèse des débats du Green Forum du WWF France
Quelle relance écologique pour l’économie européenne ?
Cette synthèse vous permettra de découvrir les analyses et propositions des économistes, dirigeants d’entreprises, responsables politiques français et européens, membres d’ONG et journalistes qui ont participé à ces débats.
La 6ème édition du Green Forum s’est clôturée par un nouvel Appel de Paris pour une Europe plus soutenable, co-signé par les directeurs de tous les bureaux européens du réseau WWF et adressé, à la veille du sommet européen des 22 et 23 novembre, aux Chefs d’État et aux Chefs de gouvernement européens, à Monsieur José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, à Monsieur Herman Van Rompuy, Président du Conseil européen et à Monsieur Martin Schulz, Président du Parlement européen.
L’ECONOMiE VERTE :
LEVIER DE RELANCE ECONOMiQUE« L’engagement en faveur de l’environnement peut se transformer en message d’espoir pour la planète
ainsi que pour la société. Afin d’atteindre les objectifs de soutenabilité sociale et environnementale,
la transition vers l’économie verte requiert un changement de modèle économique dans le sens d’une
meilleure équité sociale et dans le respect des limites écologiques de la planète. La perspective d’un futur
soutenable représente un levier de relance pour l’économie européenne et une voie de sortie au débat
stérile entre les partisans de l’austérité et ceux qui préconisent une relance économique conventionnelle. »
Tony Long, Directeur du Bureau européen (EPO) du WWF
Edito

« Ecologie » et « économie » ont la même étymologie grecque :
« oikos », « maison ». De l’échelle domestique nous sommes
passés à l’échelle planétaire. L’économie administre aujourd’hui
la production, la distribution et la consommation des biens et
services issus des ressources naturelles et énergétiques. L’écologie
étudie les écosystèmes, leurs interactions et leurs évolutions liées
à l’impact des activités humaines.Ces deux disciplines, souvent opposées dans les discours, sont
intrinsèquement liées depuis toujours. Le capital naturel de
notre planète est la base du capital financier de nos économies.
Aujourd’hui, à l’urgence de la crise écologique s’impose la
nécessité d’un plan de sortie de la crise financière qui soit durable
sur les plans économique, environnemental et social. Ne pas
prendre de distance face au modèle économique actuel ne ferait
que creuser le déficit écologique de nos économies en aggravant
les causes profondes de la prochaine crise. Les problèmes que
nous devons affronter ont des solutions communes, il suffit de
changer notre approche et considérer l’écologie comme une partie
de la solution.Quelle relance écologique souhaitons-nous pour l’économie
européenne ? Nous attendons que les dirigeants français et
européens intègrent désormais les critères écologiques dans les
processus décisionnels car sans la conservation du capital naturel
il n’y aura pas de prospérité durable.Nous pouvons utiliser la contrainte environnementale comme
un levier pour consolider l’avenir de la construction européenne
et favoriser le développement des filières vertes, innovantes
et prometteuses en termes d’emplois et d’investissement.
Le prochain exercice budgétaire européen peut devenir un
instrument important de la transition vers un modèle économique
du moindre impact. Un effort conjoint des différentes politiques
publiques est nécessaire pour atteindre les objectifs de la stratégie
« Europe 2020 » et nos engagements en termes de protection de la
biodiversité.Nous sommes réunis pour une nouvelle université de rentrée ;
pour nous enrichir des dernières recherches dans ce domaine,
pour s’inspirer des contributions de nos différents intervenants
et pour chercher des solutions communes aux enjeux
environnementaux, énergétiques, agricoles et halieutiques qui
feront l’Europe de demain. Une Europe plus écologique, plus
juste et plus forte, est à l’honneur de cette 6ème édition du Green
Forum.Discours d’Ouverture
(...)
Cette année 2012 a quelques particularités, et je souhaiterais les partager avec vous. Il y a 40 ans, le Club de Rome
rendait un rapport qui aujourd’hui encore fait grand bruit. Il indiquait déjà que notre modèle économique n’était
pas soutenable, notamment du point de vue des matières premières. Il y a 25 ans la publication du rapport de l’ONU
intitulé Our common future créait le terme de « développement durable ». Depuis ces grandes échéances, qu’avons nous
fait ? Où en sommes-nous ? Nous avons tous conscience que la situation ne s’est pas arrangée.
Au contraire, elle a même empiré. Pour preuve : l’indice Planète Vivante du WWF ne cesse de se dégrader et
l’empreinte écologique de l’homme sur la planète ne cesse d’augmenter.(...) Le 21 novembre 1995, la France avait épuisé son quota
de ressources naturelles pour l’année en cours. En 2012, notre dette écologique vis-à-vis de la planète commence le 22
août, soit un trimestre plus tôt. Nous sommes certes dans un pays sous contrainte de la dette. Pourtant, la justice sociale
de notre pays, mais aussi de l’Europe tout entière, dépend de notre capacité à préserver et respecter notre capital naturel.
En effet, ce capital naturel permet la survie des hommes tout en étant à la base de leurs activités économiques. C’est face
à la convergence, certainement inédite dans l’histoire, des différentes crises écologique et économique que le constat de
l’échec des recettes d’hier est frappant.
La crise écologique aggrave la crise économique, l’inverse se vérifie tout autant. Pourquoi ne pas renverser ce paradigme
et se dire qu’un nouveau fonctionnement économique peut venir au secours des problèmes économiques actuels ?
La préservation et la reconstitution du capital naturel sont une opportunité et pas seulement une charge. La mise en
place de « l’économie du moindre impact », « économie légère », ou encore « économie verte », peu importe son nom
pourvu qu’elle participe à la transition écologique, nous permettra de conjuguer à la fois économie et humanisme.
Aujourd’hui, quelle est notre préoccupation ? Immanquablement savoir comment créer de la richesse sans détruire
la planète. Certes, nous pouvons remarquer quelques signes encourageants : nous sommes par exemple capables
de réduire efficacement notre consommation d’énergie, de construire des bâtiments à haute qualité environnementale,
de recycler une partie des déchets de notre production, d’assurer une alimentation de qualité à une partie de
la planète. Grâce à la science et à la technique, nous allons d’ailleurs encore progresser. Comment faire maintenant
pour que ces transformations s’imposent auprès des décideurs qu’ils soient politiques, économiques ou financiers ?
Comment faire pour que l’ensemble de ces décideurs délaissent les aides aux secteurs qui consomment, prélèvent et
détruisent les ressources planétaires pour les orienter vers des secteurs d’avenir ?(...)Aujourd’hui, une grande partie des fonds européens
soutient le secteur du transport routier, grand émetteur de gaz à effets de serre. La Politique Agricole Commune,
qui représente 40 % du budget de l’Union européenne, soutient encore quant à elle un modèle agricole dommageable à
l’environnement. Ces deux exemples sont en contradiction avec les engagements qu’affiche l’Union européenne
en matière de lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité.
En termes de cohérence économique et de crédibilité politique, l’Europe nous a paru une échelle de réflexion
intéressante pour ce Green Forum consacré à la relance écologique de l’économie européenne. On entend souvent
dire que l’Europe serait contre les peuples et ne porterait pas d’espoir. Est-ce que la transition écologique ne serait
pas justement une source d’espoir pour le projet européen lui permettant de se réconcilier avec les populations ?
En tant que membre de l’Union européenne, la France a une voix et nous voulons que sa parole soit la bonne.
Comment faire en sorte que le budget européen se base sur un nouveau modèle économique, celui de l’économie verte ?
Comment conditionner les décisions prises à Bruxelles à des critères environnementaux ? Pour nous, la transition
écologique est le seul avenir possible, et c’est ce message que le WWF et toutes ses équipes portent au quotidien.
Un changement de mentalité et des solutions pratiques pour aider à l’avènement d’un monde humainement durable. »Isabelle AUTISSIER,
Présidente du WWF France
SYNTHÈSE DES TABLES RONDES
– L’économie verte en Europe : quelle définition ? Quels objectifs ?
- « Le Concept d’économie verte est la réponse économique systémique
à l’interdépendance des questions environnementales ». Thomas Henrichs - « L’économie verte peut redonner un nouvel horizon positif aux citoyens
européens ». Eloi Laurent - « Le paradigme économique européen agit comme un modèle pour les pays
émergents et en développement ». Fanny Demassieux - « L’inclusion du pilier social dans la définition de l’économie verte semble essentielle » Jean-Pierre Thibault


– Quels sont les leviers de financement et d’investissement pour la relance écologique de l’économie européenne ?
- L’investissement privé : un apport indispensable à la relance écologique
- L’implication du secteur public : facteur déterminant pour la confiance du secteur privé
- « C’est aux autorités publiques de créer les conditions de confiance pour que les opérateurs financiers privés investissent dans la transition écologique ». Dimitri Zenghelis
- « La plupart des investissements verts requièrent une capacité de projection
à long terme, parfois jusqu’à 40 ans. De ce fait, dans une société qui se
projette vers l’avenir, l’intervention publique, notamment au travers de ses choix d’investissements, reste incontournable ». Ivan Faucheux - Le marché obligataire : un effet de levier important pour les investissements
verts - « Le potentiel d’investissement au travers du marché obligataire est considérable et permettrait une multiplication des investissements à grande échelle dans les secteurs verts ». Stuart Clenaghan
– Quel budget pour une Europe plus soutenable ?
- « L’objectif est d’obtenir un budget de l’Union européenne pour la période
2014-2020 dont 50 % des dépenses auront un impact positif pour l’environnement ». Sébastien Godinot - Les propositions du WWF pour un budget plus soutenable
- La politique de cohésion, levier potentiel de transition
- Le contexte des négociations du Cadre Financier Pluriannuel (CFP)
- « Le Parlement européen va être un acteur majeur du budget dans le cadre des politiques sectorielles soumises à la codécision ». Sandrine Bélier
– Réforme de la Politique Agricole Commune (PAC ) : une opportunité manquée pour la transition du modèle agricole européen vers l’économie verte ?
- « Deux types de changements sont possibles : un changement incrémental qui
consisterait à soutenir tous les modèles en les faisant évoluer progressivement, ou radical, qui impose de faire un choix clair ». Viviane Gravey - « La région Champagne-Ardenne risque d’être aux pesticides ce que la Bretagne est aux nitrates » Quentin Delachapelle
- Cette réforme de la PAC ne permet pas d’orienter l’agriculture vers l’économie verte.
– Vers une Europe décarbonée à l’horizon 2050 : quelle politique énergétique pour participer à la relance écologique de l’économie européenne ?
- Politiques énergétiques et croissance européenne
- « Un objectif ambitieux de réduction de 30 % des émissions de GES en 2020 représente pour l’Europe un potentiel de création de 6 millions d’emplois ». Diana Mangalagiu
- « Pour permettre la transition écologique, les politiques publiques européennes
doivent créer un cadre d’investissement propre à redonner confiance aux investisseurs privés dans le long terme. » Emmanuel Guérin - Les politiques publiques nécessaires à la transition vers une Europe décarbonée
- Les freins institutionnels à la transition et les solutions technologiques.
- « Le fait que les pays de l’Est de l’Europe s’opposent à ceux de l’Ouest sur
l’opportunité d’une économie décarbonée est l’un des freins essentiels à la mise en
place d’une stratégie globale à l’échelle de l’Union ». Pierre Ducret - « Les réseaux intelligents (smart grids) de transport d’ électricité sont l’une des
technologies majeures pour mener sur le chemin d’une économie plus sobre en carbone ». Philippe Richard - Le financement public/privé de la transition vers une Europe décarbonée
– Comment la France peut-elle mener une transition énergétique ambitieuse
dans le cadre européen ?
- « La directive efficacité énergétique a vocation à créer un marché unique
des produits sobres en consommation énergétique ». Eva Hoos - Proposition de notre Europe pour une « Communauté européenne de l’énergie »
- « Le pari de Jacques Delors est de faire de l’énergie un levier de relance du projet européen ». Sami Andoura
- Le contexte français et la dimension territoriale de la politique énergétique
- « Le débat national sur la transition énergétique est l’occasion pour les citoyens et les collectivités locales de se réapproprier la question énergétique ». Bruno Rebelle
- « La relance écologique de l’économie européenne par l’investissement dans
la transition énergétique est une des solutions majeures pour sortir l’Europe de la crise économique ». Laurence Tubiana - La transition énergétique comme solution pour sortir de sortie la crise économique
Appel du WWF pour une Europe plus soutenable
LETTRE OUVERTE
AUX CHEFS D’ÉTAT ET AUX CHEFS DE GOUVERNEMENT EUROPÉENS,
AU PRÉSIDENT DU CONSEIL EUROPÉEN, AU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION
EUROPÉENNE ET AU PRÉSIDENT DU PARLEMENT EUROPÉEN
SOMMET EUROPÉEN 22-23 NOVEMBRE 2012
Mesdames et Messieurs les chefs d’État,
Mesdames et Messieurs les chefs de gouvernement,
Messieurs les Présidents des institutions européennes,
L’Europe est à un tournant. D’une part, la négociation du budget européen pour la période 2014-2020 et d’autre part, l’élaboration de la feuille de route européenne du Président du Conseil Herman Van Rompuy offrent une occasion historique d’ouvrir un nouveau cycle de civilisation sur notre vieux continent. L’Europe a pensé et diffusé, à l’échelle du monde, des notions aussi fondamentales que l’Etat de droit, la démocratie et l’Etat providence.
Par des choix politiques ambitieux, l’Europe peut redéfinir un nouveau modèle de développement, un modèle plus soucieux des hommes et de la planète. Pour cela, il convient dès maintenant d’affronter les défis environnementaux, sociaux et économiques qui sont devant nous et d’anticiper la transition écologique de nos sociétés.
Le WWF France a clos vendredi 28 septembre la 6ème édition de son Green Forum par un nouvel Appel de Paris. Le WWF Europe appelle les Etats membre du Conseil européen, le Parlement européen et la Commission européenne à renouer avec une Europe plus soutenable, idéal fédérateur et fondateur pour les peuples européens.
La transition écologique : une opportunité unique de relancer la politique industrielle.
Cette transition écologique est un levier prometteur de relance économique et donc de créations d’emplois.
Mais plus que tout, c’est un idéal qui peut redonner une pulsion optimiste au projet européen, à sa capacité à offrir un projet de société fédérateur parce que respectueux des hommes et de la planète.
Pour cela, nous appelons, les chefs d’Etats et les gouvernements européens, la
Commission européenne et le Parlement européen à s’engager sur 10 principes
cardinaux qui dessinent les contours d’une relance écologique, seule issue face à la
conjonction des crises que connaît l’Europe.
L’APPEL DE PARIS

– 1. La traduction monétaire du coût réel des pollutions et de la dégradation des ressources naturelles doit être impérativement internalisée dans les processus de décisions des secteurs public et privé
– 2. Le développement d’indicateurs de bien-être environnemental et social au-delà du PIB. Ces indicateurs doivent être mis au coeur des processus de décision publics, y compris dans les programmes d’ajustement économique des Etats en difficulté tels la Grèce et le Portugal
– 3. Une claire réorientation du budget européen 2014-2020 en mettant fin aux subventions nuisibles à l’environnement et en les réallouant aux secteurs de l’économie verte, plus durables et plus créateurs d’emplois : eco-innovation, économies d’énergies et de ressources, énergies renouvelables, construction
durable, transport décarboné, agriculture durable. Au moins 25% du prochain budget européen doit contribuer à financer la lutte et l’adaptation aux changements climatiques et 15% doit contribuer à la protection de la biodiversité et des ressources naturelles
– 4. Une profonde réorientation de la Politique Agricole Commune visant à rééquilibrer le budget des deux piliers : d’une part le renforcement du pilier du développement rural dont la moitié des fonds devrait être allouée à des pratiques agricoles plus durables, et d’autre part, le verdissement substantiel des aides directes aux revenus
– 5. L’arrêt des subventions aux infrastructures de transport nocives à l’environnement et particulièrement intensives en carbone, comme le transport aérien et autoroutier, afin de privilégier le développement et le soutien aux modes de transport en commun sobres en carbone, respectueux de la continuité écologique des habitats naturels
– 6. La fin des subventions aux énergies fossiles et leur réallocation vers l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables
– 7. L’augmentation des fonds alloués au programme LIFE+, unique programme entièrement consacré à l’environnement, à hauteur de 1% du prochain budget européen 2014-2020, en particulier pour soutenir la biodiversité en Europe
– 8. Le renforcement et non l’affaiblissement des procédures d’évaluation environnementale, capitales sur le terrain pour améliorer l’efficacité des projets européens et réduire le risque d’accidents et d’impacts négatifs
– 9. L’augmentation de l’effort climatique européen de 20 à 30% de réduction des émissions d’ici 2020 par rapport à 1990 et l’atteinte de l’objectif d’efficacité énergétique, ce qui renforcera en outre le système européen d’échange de quotas d’émissions (ETS)
– 10. La mise en place de la Taxe sur les Transactions Financières afin de réguler de façon plus efficace le système financier et générer des ressources publiques additionnelles. Ces mêmes ressources financeront la transition écologique en Europe.
Isabelle Autissier
Présidente, Directrice Générale Déléguée, WWF France
Discours de clôture
(...)
Ce discours de clôture prend pour moi une résonance toute personnelle. En effet, ce sera mon dernier discours
en tant que directeur général du WWF France. Puisque toute page qui se tourne n’est jamais qu’une invitation
à d’autres possibles et parfois à l’impossible, voire l’improbable, je vous propose de faire ensemble un rêve.
Le rêve d’un magnifique continent européen qui a su inventer les droits civils, puis les droits politiques, puis
les droits sociaux et qui doit inventer maintenant des droits environnementaux imprescriptibles : le droit
de vivre dans un environnement sain pour chacun d’entre nous. Car rappelons-le encore, on ne peut pas vivre
en bonne santé sur une planète malade. Le lien environnement-santé deviendra un sujet important pour
les citoyens et les gouvernements. Le rêve d’un continent qui a su transcender le sang, les haines et les larmes
du passé en construisant dès 1952 une communauté de l’Energie du Charbon et de l’Acier et qui doit aujourd’hui
se réinventer un avenir en construisant les EADS de demain que ce soit dans le domaine des énergies
renouvelables, du démantèlement du nucléaire, de l’efficacité énergétique ou de la dépollution des fleuves et
des sols ou encore dans le domaine de la santé. Nous avons un besoin urgent de coopération industrielle à l’échelle
de notre continent pour construire ensemble les champions de l’économie verte de demain, de l’économie légère
chère à Thierry Kazazian.
Ce rêve est celui d’un continent qui construit son modèle de développement sur la solidarité écologique et
la conscience que nous sommes tous interconnectés et rompe ainsi avec quatre siècles de prédation des ressources
d’autrui qui ont fait que l’opulence du Nord s’est construite sur la misère et la pauvreté du Sud.
L’Europe est un pays finalement pauvre en ressources naturelles. C’est une bonne nouvelle car cela nous oblige
à faire mieux avec moins. Les moteurs du modèle européen de développement, que nous appelons de nos voeux,
doivent être le sens d’une responsabilité élargie au-delà de nos frontières et le pari de l’intelligence collective,
seules énergies indéfiniment renouvelables, seules filières d’avenir. Cette intelligence doit s’exprimer dans
la réforme de la Politique Agricole Commune, premier poste budgétaire de notre Union à 27, et dans celle
de la Politique Commune des Pêches, domaines où nous avons un rôle moteur dans les échanges internationaux.
L’Europe a le devoir d’être exemplaire parce que pionnière dans le développement d’une pêche respectueuse
des écosystèmes marins.
Afin de mettre notre continent sur la voie de ce nouveau modèle de développement, il va falloir avoir le courage
de faire des choix. Choisir, c’est toujours renoncer. L’Europe doit renoncer aux subventions aux infrastructures
de transport intensives en carbone comme le transport aérien et autoroutier et faire le choix des modes
de transport sobres en carbone comme les transports doux, les transports intelligents et les transports
en commun. De même, il va falloir renoncer aux subventions aux énergies fossiles et favoriser l’efficacité
énergétique et les énergies renouvelables. Cette réorientation est l’enjeu majeur du Cadre Financier Pluriannuel
européen pour les années 2014-2020. Par des choix politiques ambitieux, l’Europe peut donc redéfinir son modèle
de développement, un modèle plus soucieux des hommes et de la planète qui produit de la richesse à répartir
équitablement sans détruire la biodiversité, notre vital.
C’est la raison pour laquelle l’ensemble des WWF européens va prendre une initiative dans les semaines à venir
pour interpeller les gouvernements de l’Union, la Commission et le Parlement européen afin de les exhorter
à affronter dès maintenant les défis environnementaux, sociaux et économiques qui sont devant nous et anticiper
la transition écologique de nos sociétés.
Cette transition écologique est un formidable projet de politique industrielle et un levier prometteur de relance
économique et donc de créations d’emplois. Mais plus que tout, c’est un idéal qui peut redonner optimisme dans
le projet européen, dans sa capacité à offrir un projet de société épanouissant, un projet et un esprit qui reconjuguent
l’économie avec humanisme comme le soufflait à mon oreille mon ami Basile Gueorguievsky, qui reprenait souvent
cette phrase de Les Brown « il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles ».
A l’année prochaine.Serge Orru,
Directeur Général du WWF
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Programme
Jeudi 27 septembre
– 8h30 : Accueil café / Welcome
– 9h00 - 9h15 : Ouverture par Isabelle Autissier, Présidente du WWF France - 9h15 -9h30 : Capital naturel, économie verte et résilience des écosystèmes. Présentation du rapport Environmental indicator report : ecosystems resilience and resource efficiency in a green economy in Europe par Thomas Henrichs, Chargé de projet « Evaluations environnementales intégrées » de l’Agence Européenne pour l’Environnement
– 9h30 -11h00 : TABLE RONDE – L’économie verte en Europe : Quelle définition ? Quels objectifs ? Quel agenda ? avec Thomas Henrichs, Chargé de projet « Evaluations environnementales intégrées » de l’Agence Européenne pour l’Environnement - Fanny Demassieux, Coordinatrice du Programme « Utilisation efficiente des ressources », Chef de l’Unité Consommation responsable - Service Consommation et Production Durables au Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) - Tony Long, Directeur du Bureau européen du WWF (EPO) - Eloi Laurent, Economiste et conseiller scientifique à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), professeur a Stanford University et Sciences-po, co-auteur de L’économie verte contre la crise (2012), Presses Universitaires de France
– 11h00h-11h30 : PAUSE
– 11h30 – 13h00 (1h30) : TABLE RONDE – Quels sont les leviers de financement et d’investissement pour la relance écologique de l’économie européenne ? avec Tony Long, Directeur du Bureau européen du WWF (EPO) - Michel Aglietta, Professeur de Sciences économiques à l’Université de Paris-X Nanterre, Conseiller au Centre d’Études Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII) - Dimitri Zenghelis, Chercheur émérite invité à l’Institut de recherche Grantham - London School of Economics, Chercheur Associé de Chatham House et conseiller économique senior chez Cisco, co-auteur du rapport Stern, Dimitri Zenghelis en a dirigé la rédaction entre 2007 et 2008 - Sean Kidney [1], Co-fondateur de la “Climate Bonds Initiative” et Directeur du Réseau des marchés financiers soutenables/ Co-founder of the Climate Bonds Initiative and Director of the Network for Sustainable Financial Markets - Préside la table ronde : Stéphane Voisin, Responsable ISR au CA Cheuvreux
– 13h-14h30 : PAUSE DEJEUNER
– 14h30-16h : TABLE RONDE – Quel budget pour une Europe plus soutenable ? Présentation du rapport Unlocking the potential of the EU budget, Sébastien Godinot, économiste du bureau européen du WWF (EPO) - Ivailo Kalfin*, Député européen et Vice-Présidente de la Commission des Budgets - Patrick Ten Brink*, Chercheur senior de l’Institut des Polititques Européennes Environnementales (IEEP) - Adonis Constantinides*, Représentant de la Présidence chypriote de l’UE – Responsable de la politique de cohésion et du Cadre Financier Pluriannuel - Préside la table ronde : Eulalia Rubio, Chercheur à Notre Europe, auteur de Europe for growth – for a radical change in financing Europe .
– 16h00-16h15 : PAUSE / Break
– 16h15-18h00 : TABLE RONDE - Réforme de la Politique Agricole Commune : une opportunité manquée pour la transition du modèle agricole européen vers l’économie verte ? avec Jean-Christophe Bureau*, Professeur et chercheur en économie publique à AgroParisTech, chercheur associé au Centre d’études prospectives et d’informations internationales de Paris (CEPII) - Viviane Gravey, chargée d’études agriculture et changement climatique à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) - Quentin de la Chapelle, Agriculteur en Champagne-Ardenne et administrateur de la Fédération Nationale des Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural (FNCIVAM) - Joris Baecke, Président du Conseil Europeen des Jeunes Agriculteurs (CEJA) -Préside la table ronde : Xavier Poux Consultant EFNCP/AScA, Membre du bureau du Forum européen pour la conservation de la nature et le pastoralisme
Vendredi 28 septembre
– 8h30 : Accueil café
– 9h00-9h30 : Une relance écologique de l’économie comme alternative à l’austérité ? Présentation du rapport : A new growth path for Europe par Diana Mangalagiu, Sciences Po MPA, School of Enterprise and the Environment University of Oxford
– 9h30-11h30 - TABLE RONDE - Vers une Europe décarbonée à l’horizon 2050 : quelle politique énergétique pour participer à la relance écologique de notre économie ? Avec Philippe Richard, Vice -président des Bell Labs d’Alcatel-Lucent et responsable de la stratégie « Green » - Emmanuel Guerin, Directeur du Programme Climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri - Pierre Ducret, Président Directeur Général de CDC-Climat, filiale de la Caisse des dépôts - Préside la table ronde : Stephen Boucher, Directeur Politiques européennes du climat à la Fondation Européenne pour le climat
– 11h30-12h : PAUSE
– 12h-13h00 : Session de clôture : Relance écologique et relance du projet européen : un seul et même combat ?* Préside la table ronde : Laurence Tubiana, Directrice de l’Institut du développement durable et des relations Internationales (Iddri) et Directrice de la Chaire Développement durable de Sciences Po /
– 12h45-13h00 : Discours de clôture par Serge Orru, Directeur du WWF France
Green Forum 2011 : la (re)conversion écologique de l’économie, source d’emplois ?
En octobre 2011, le WWF France organisait le premier Green Forum (anciennement Université de Rentrée) sur le thème : La (re)conversion écologique de l’économie, source d’emplois ! Afin de répondre à cette question stratégique pour les années à venir, le WWF a réuni l’ensemble des acteurs concernés. Economistes, sociologues, experts, syndicalistes, journalistes, responsables d’ONG, élus, banquiers et industriels afin d’échanger et de débattre, en interaction avec le public, pour proposer des solutions concrètes et durables à une transition écologique de l’économie permettant l’émergence de nouveaux emplois. Retrouver dès à présent le film du Green Forum et la synthèse des échanges de ces trois demi-journées de débats, de présentations et de conférences dont l’objectif était de comprendre, anticiper et participer à la transition écologique et à l’émergence de nouveaux emplois.
D’ici à 2030, l’humanité aura besoin de la capacité de deux planètes Terre pour absorber ses émissions de CO2 et suivre le rythme de l’exploitation des ressources naturelles si nous conservons notre rythme de développement actuel. Notre modèle de développement montre ses limites et la transformation écologique de l’économie, de nos emplois et plus largement de notre société est aujourd’hui une nécessité.

Cette mutation est d’ores et déjà enclenchée comme en témoignent l’explosion des « green technologies », la prise de conscience citoyenne mondiale ou encore l’intégration systématique de la protection de l’environnement par les grandes entreprises et les acteurs institutionnels dans leur stratégie. Néanmoins, cette transition économique est souvent décriée comme destructrice d’activités économiques et d’emplois, voir de régressions sociales. Or le WWF compte parmi ceux qui croient que cette transition est non seulement une nécessité mais aussi une source de développement et de création nette d’emplois. Ce sont par exemple 680 000 d’emplois qui seraient créés en France avant 2020 dans le cadre d’une réduction de 30 % des émissions de CO2 par rapport à 1990.
De son côté, le Commissariat Général au Développement Durable estime que les activités de la croissance verte représentaient déjà en 2008 950 000 emplois (dont 420 000 dans les éco-activités et 121 000 dans les transports). Certes, certains secteurs verront leur activité diminuer, alors que d’autres bénéficieront de cette nouvelle donne écologique. Il faut aujourd’hui accompagner ce changement structurel par une politique de formation et de recherche et ne pas rendre responsable l’intégration de critères écologiques dans l’économie de la destruction d’emplois.
– Quels sont ces nouveaux métiers qui seront créés et quels sont ceux qui vont disparaitre ?
– Comment doivent se positionner les différents acteurs de la société afin de réussir cette transition écologique et assurer la création de ces nouveaux emplois ?
– Quel rôle joue l’entreprise dans ce changement structurel ?
SYNTHÈSE
Voici le film retraçant les 3 demi-journées de débats :
Consultez la synthèse des échanges :
– Télécharger la synthèse des échanges en cliquant ici.
PARTAGE DE CONNAISSANCES
Télécharger les documents de synthèse des différentes interventions :
– Pierre GREFFET- Télécharger le document "Emplois verts et Éco-activités" (4.16 MB) en cliquant ici..
– Khalida BOUZAR- Télécharger le document "Economie verte et emplois verts" (4.97 MB) en cliquant ici.
– Alain MESTRE- Télécharger le document "Quels enseignements tirer des reconversions économiques vertueuses, vertes et porteuses d’emplois réussies ?" (3.01 MB) en cliquant ici.
– Eloi LAURENT- Télécharger le document "Social-écologie et transition social-écologique" (1.11 MB) en cliquant ici.
– Alain MESTRE- télécharger le document "Quels impacts sur l’emploi d’une politique bas carbone dans les transports ?" (1.50 MB) en cliquant ici.
– Orientation Durable- Télécharger le document "Le baromètre des emplois de la croissance verte et du développement durable" (417.95 Kb) en cliquant ici.