La conférence de Copenhague ne peut guère être considérée comme le résultat d’un travail collectif de toutes les nations : la déclaration officielle qui a conclu la rencontre des parties le 18 décembre 2009 est en effet moins le résultat de l’ambitieux processus de négociation qui a cherché à associer les 192 pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) depuis Bali que le résultat de discussions, d’abord entre une trentaine de
partenaires, dont l’Union européenne, puis, dans une dernière ligne droite, entre les États-Unis et quatre pays du groupe des BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine). À ce titre, le sommet, chargé de définir
le régime post-2012 de la lutte internationale contre le changement climatique, a été marqué par la prééminence des échanges sino-américains.
Ces cinq derniers acteurs, États-Unis et BASIC, n’avaient pas pris d’engagements contraignants au titre du Protocole de Kyoto : il n’est donc pas étonnant, et c’est une première déception, que l’accord de
Copenhague ne fasse référence ni à ce dernier [1] ni au plan d’action défini à Bali en 2007 et qu’il ne traite ni de la nécessaire réforme des mécanismes de développement propre (MDP) ni du devenir des marchés de quotas entre États. Seconde déception majeure : l’absence d’objectifs de réduction contraignants pour l’ensemble des pays.
Doit-on pour autant réduire le bilan de Copenhague à ces regrets, soulignés avec force par les différentes organisations non gouvernementales ? Ce serait tout d’abord oublier la diversité des
intérêts en jeu : le caractère satisfaisant du résultat obtenu a été souligné notamment par les pays émergents et, dans une certaine mesure, par les États-Unis. Ce serait ensuite passer sous silence
l’intégration des deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre (GES) dans la lutte contre le changement climatique, l’engagement des PED (dont les pays émergents) à prendre des actions d’atténuation du changement climatique qui puissent être mesurées, répertoriées et vérifiées selon des règles internationales, ainsi que la relance d’un nouveau dialogue Nord/Sud.
Il nous appartient désormais de comprendre la portée de l’accord de Copenhague, à travers ses origines et son contenu, à en envisager ses implications à court et moyen termes, et à définir le rôle –
particulièrement important – qui pourrait être, dans les prochains mois, celui de l’Union européenne.
Au sommaire :
– L’accord de Copenhague : un demi-succès.
– La consécration d’un nouveau dialogue sino-américain : « The relationship between the United States and China will shape the 21st century ».
– L’affaiblissement du leadership européen dans la lutte contre le changement climatique doit inciter les 27 à « transformer l’essai » de Copenhague.