Les Amis de la Terre International, plus grande fédération écologiste mondiale, publient le rapport « Alimenter la destruction en Amérique latine » sur l’impact réel des agrocarburants sur ce continent. Basé sur des études menées dans 7 pays, il met en évidence l’aggravation des conflits fonciers, l’éviction des populations pauvres, les conditions de travail désastreuses et l’augmentation de la déforestation liées au développement des agrocarburants. Les agrocarburants bénéficient aux multinationales, investisseurs, spéculateurs et grands propriétaires terriens, mais pas aux populations locales. La cause principale est l’exportation d’agrocarburants vers l’Europe et les Etats-Unis : pour stopper la destruction, l’Union européenne doit rejeter tout objectif contraignant d’incorporation dans les transports.
Le nouveau rapport « Alimenter la destruction en Amérique latine » [[Le rapport est disponible sur : http://www.foei.org/en/publications/pdfs/biofuels-fuelling-destruction-latinamerica.]] montre que l’explosion des plantations d’agrocarburants dans les 7 pays étudiés [[Brésil, Argentine, Uruguay, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Salvador]] se fait par des monocultures intensives, qui nécessitent de grandes quantités de terres, de produits chimiques et d’eau. Elles poussent les autres types d’agricultures vers les forêts et les savanes, aggravant la déforestation et la destruction de la biodiversité. Lucia Ortiz, des Amis de la Terre Brésil, explique : « Les conditions de travail sont extrêmement faibles, parfois proches de l’esclavage. Le travail forcé des enfants existe dans plusieurs pays. En outre, les superficies de terres exigées par les agrocarburants entraînent des déplacements forcés de communautés locales, avec des conflits sur le droit à la terre dans tous les pays étudiés, aggravés par la spéculation foncière et l’usage de la violence dans certains cas ». Adrian Bebb, des Amis de la Terre Europe, ajoute : « Les gouvernements introduisent des dispositions extrêmement favorables à l’agrobusiness (exemptions fiscales, droits de propriété, infrastructures). L’absence de planification de l’usage des terres et l’opacité dans le secteur nourrissent la corruption et les conflits d’intérêts, les gouvernements fermant souvent les yeux face à des activités illégales des producteurs et des propriétaires. Les principaux bénéficiaires sont les gros producteurs, traders et investisseurs, aux dépens des populations locales et de l’environnement ». Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre France, conclut : « Le rapport met en évidence que les agrocarburants menacent le modèle d’agriculture familiale indispensable dans ces pays pour la production vivrière. L’Union européenne est une des causes majeures de cette catastrophe (avec les Etats-Unis) : elle doit stopper ses importations d’agrocarburants venant des pays du Sud. Pour répondre à ses enjeux climatiques et énergétiques, elle doit lutter contre la surconsommation de carburants plutôt que d’aggraver les inégalités et les destructions dans d’autres régions du monde. Nous lancerons début octobre avec le CCFD et Oxfam une campagne dans ce sens, ciblant la Présidence française de l’Union européenne ».