Comment évoluer ensemble vers une société plus humaine, conciliant résilience écologique, économie et vivre ensemble ? À partir de projets révélateurs de cette métamorphose issus de son expérience professionnelle, l’auteur, Nicolas Imbert, Directeur exécutif de Green Cross France, partage avec nous à la fois sa compréhension de la situation et les modes d’action au quotidien pour « faire terre » ensemble. Il a accepté de répondre aux neufs questions essentielles pour Cdurable.
Je m’intéresse au futur, car c’est là que j’ai choisi de passer le restant de mon existence.
Orson Welles
Comprendre
- l’urgence climatique et écologique nous oblige à agir ensemble, en cohésion et maintenant,
- un triple hold-up générationnel génère une incompréhension forte et des clivages entre la génération Z et la France du Concorde, du Minitel et des centrales nucléaires,
- jeunes et actifs vivent dans leur corps et leur quotidien une santé environnementale précarisée qui confirme l’urgence humaine à agir.
- c’est ensemble qu’il nous faut comprendre et dépasser nos vulnérabilités pour devenir plus résilients.
Agir
- Reprendre en main notre alimentation et nos consommations,
- préserver l’eau et l’océan,
- faire de l’énergie chère un accélérateur de la résilience,
- ménager les territoires.
Cet ouvrage donne des clés pour agir, fait entrevoir des perspectives, incite à l’action concrète, plus précisément à faire terre ensemble.
Autant d’inspirations (…) qu’il nous appartient de transformer en actions et en initiatives.
La suite ? À nous de l’évoquer, de l’écrire et de la vivre ensemble. Il y a une urgence.
L’auteur
Nicolas Imbert est Directeur Exécutif de Green Cross France.
Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross et conférencier, est ingénieur de formation. Il intervient sur la structuration des propositions de la société civile sur le climat, la santé environnementale, la résilience territoriale et la prévention des conflits environnementaux, en France et à l’international.
Je n’écris pas pour passer le temps. L’urgence climatique et écologique est là. Rester passif n’est pas une option. C’est maintenant que nous devons agir pour sortir de l’impasse et transformer notre économie et nos vies pour le meilleur.
Comment ? En reprenant en main notre alimentation, en préservant l’eau, l’océan et l’énergie, en ménageant les territoires.
Questions Cdurable
ou c’est pas durable !?
Au delà des communiqués, qui ne présentent souvent que le « meilleur », et du développement durable, qui ne fait que tenter de réduire les impacts négatifs d‘une croissance volumique, nous nous intéressons aujourd’hui, 20 ans après la création de Cdurable.info, aux questions essentielles. Alors Cdurable ou pas ? 9 questions qui nous invitent à Comprendre pourquoi Agir & Coopérer avec le vivant, Cdurable !
Nicolas Imbert, Directeur exécutif de Green Cross France, a accepté de répondre aux neufs questions Cdurable, essentielles comme les neufs besoins fondamentaux des êtres vivants dont les humains que nous sommes …
1 – Quelle est la nature de ma relation avec le vivant ?
Il faut respecter le vivant, et c’est quelque chose que nous avons désappris au fil des révolutions industrielles. L’homme n’est pas à côté du vivant non humain, et le mettre au centre n’est pas sain du tout car ceci conduit à l’accaparement du vivant, et à confondre vivant et ressource.
Deux postures sont à mes yeux essentielles et complémentaires :
- le ménagement qui permet dans les zones denses humainement de retravailler notre symbiose au vivant,
- et le réensauvagement qui permet de sanctuariser de grands espaces en réseau pour le vivant non humain.
2 – Quels sont mes besoins et choix d’alimentation ?
Je suis obsédé par une alimentation saine, locale, de saison, bio et la plus végétale possible, en travaillant avant tout l’évolution de l’alimentation et en particulier de la mienne par le plaisir. Nous avons besoin de retrouver le rapport au produit alimentaire brut, de nous approvisionner le plus localement possible avec des produits qui respectent les sols et l’eau de nos terroirs ainsi que la santé de celles et ceux qui les mangent, et c’est extrêmement plaisant de découvrir de nouvelles recettes simples, locales et goûtues.
Je ne mange pas de poisson issu de la pêche prédatrice, ai limité fortement ma consommation de viande et je privilégie le bio et le local mais aussi ce qui permet de valoriser tout l’animal, et j’encourage fortement la diversité variétale dans l’alimentation. Mon choix n’est pas d’interdire, mais au contraire de susciter une alimentation saine par le plaisir, de travailler à mon échelle la résilience alimentaire et de viser l’autonomie, en se souvenant que l’empreinte environnementale (carbone et pas que) du transport, du stockage et du gaspillage alimentaire est déjà énorme, et en plus sous-estimée par les chiffres.
3 – Quel est mon type d’habitat actuel et idéal ?
Je suis partisan de la sobriété et du ménagement. Notamment en privilégiant la réhabilitation de l’ancien, l’habitat modulaire, la rénovation et la réutilisation en particulier pour le mobilier et l’électroménager. Comme j’habite en ville, je complète ceci par les mobilités douces.
4 – Quelle activité physique favorise mon bien-être et ma santé ?
Le sport est essentiel pour moi. Je pratique le yoga vinyasa aussi régulièrement que possible. Habitant Marseille, j’ai la chance de pouvoir nager et faire des activités nautiques 8 à 9 mois sur 12, je marche beaucoup, et fais régulièrement du vélo. Autrefois fan inconditionnel de ski, j’ai changé ma pratique pour l’adapter au dérèglement climatique. Je commence à skier plus tard dans la saison, vers février ou mars, je fais plus de ski de randonnée.
Ma consommation de montagne est passé d’une consommation d’activités à une recherche de l’interaction la plus respectueuse avec le milieu.
5 – Quels savoirs m’ont permis de comprendre comment agir ?
L’écoute de la science est essentielle, tout comme l’observation. Les savoirs traditionnels sont une source très utile pour comprendre ce qui se passe et pour aller de l’avant, en particulier dans le domaine de l’alimentation et de l’adaptation aux phénomènes climatiques extrêmes.
6 – Quel est le sens que je donne à mon travail ?
J’ai eu la chance de toujours pouvoir fabriquer le travail qui me permet d’être utile. Ce n’est absolument pas simple, c’est souvent beaucoup de sacrifices et en particulier financier, mais c’est essentiel pour moi, pour me sentir en phase avec moi-même. J’arrive cependant à un point où il me semble essentiel de prendre de la distance, pour trouver un équilibre non anxiogène, et je pense que c’est là précisément où la génération Z a beaucoup à nous apprendre.
7 – Quelle énergie j’utilise pour mes usages et besoins ?
Principalement l’énergie musculaire, et la recherche de la sobriété dans mes gestes du quotidien. Je suis persuadé que l‘efficacité énergétique, couplée avec les énergies 4D (décarbonés, déconcentrées, diversifiées, démocratiques) est essentielle, surtout au quotidien. En ne cédant notamment pas à la facilité de tout miser sur l’usage excessif d’une énergie électrique, en France d’origine essentiellement nucléaire, qui nous conduit souvent à vouloir tout électrifier et à gaspiller.
Engagé de longue date chez Enercoop, je recherche à avoir en permanence des énergies vertes, mais surtout à économiser de manière forcenée.
8 – Quelle est mon implication personnelle pour l’intérêt général ?
Beaucoup dans mon travail au quotidien, mais aussi dans la volonté d’être impliqué localement, pas forcément pour dire mais beaucoup pour faire.
9 – Quels sont mes liens de coopération et ma participation au bien commun ?
La co-construction, la mutualisation, c’est essentiel dans chacune de nos activités.
10 – Carte blanche : quel est le message essentiel que vous souhaitez faire passer à nos visiteurs ?
Agissons – faire terre ensemble est beaucoup plus qu’un slogan, c’est une véritable hygiène de vie au quotidien, une manière d’être plus résilient et d’affronter les crises, mais aussi d’avoir un rapport à l’autre des plus agréables.
Green Cross est un réseau d’organisations non gouvernementales (ONG) de plaidoyer et de projets créé par Mikhaïl Gorbatchev en 1993 dans la continuité du Sommet de la Terre à Rio, en 1992.
Green Cross France et Territoires en est le représentant français. L’association contribue à donner des clés pour agir et accentuer la transformation écologique de nos sociétés, qu’il s’agisse d’eau et d’océan, d’alimentation, de villes et territoires durables, d’économie circulaire, de coopération et de solidarités.