Pour des raisons sanitaires, nutritionnelles et environnementales, les Français.e.s accordent de plus en plus d’attention au contenu de leur assiette. Portées par la révolution digitale, les applications de notation font partie des outils mis à leurs disposition pour les aider à choisir les produits qui correspondent le mieux à leurs besoins. Leur montée en puissance incite les distributeurs et les industriels à réagir en faisant évoluer leurs recettes, en adoptant le Nutri-score ou en développant leurs propres outils de notation. Régulièrement mises en cause par les scientifiques et les industriels, qui les accusent d’interpréter, parfois en les pondérant par des critères moins bien fondés, des données scientifiques, les applications voient le nombre de leurs utilisateurs progresser de manière continue. Faut-il s’en inquiéter ? Peuvent-elles contribuer à améliorer les habitudes alimentaires ? Quel est leur potentiel de développement ? Et comment les réguler ? Terra Nova, dans ses nouveaux travaux sur la transition alimentaire, propose plusieurs réponses à ces questions, dans ce rapport de Suzanne Gorge, responsable du mécénat, avec l’aide de Marc-Olivier Padis, directeur des études.
Synthèse
Dans le prolongement de ses travaux sur la transition alimentaire, Terra Nova s’intéresse ici aux applications de notation alimentaire et à leur incidence avérée sur les décisions d’achat des consommateurs. Ces outils ont rencontré un succès important, comme l’indique le nombre élevé de leurs utilisateurs. Selon les résultats d’une étude IFOP réalisée en 2019, 25 % des consommateurs français utilisent désormais une application de notation en faisant leurs courses. La très large diffusion d’applications comme Yuka, certainement la plus connue de toutes, témoigne de ce mouvement de fond. Ces applications répondent à des demandes fortes et légitimes de consommateurs qui sont de plus en plus soucieux de la qualité sanitaire et nutritionnelle de leur alimentation et de celle qu’ils donnent à leurs enfants: une information tierce, instantanée et synthétique, qu’ils ne trouvent pas toujours sur l’emballage des produits (en particulier lorsque la marque a décidé de ne pas afficher le Nutri-score du produit). En quelques années, ces applications ont permis de faire bouger des lignes et de faire évoluer le rapport de force entre consommateurs, distributeurs, industriels (transformateurs) et producteurs. De nombreux dispositifs ont émergé, en réponse à à ces nouveaux besoins, que ce soit à l’initiative des distributeurs, des consommateurs, de la puissance publique ou d’ONG. L’ouverture des informations ainsi que la construction de bases de données ont rendu possibles de nouveaux usages. De nombreux industriels et distributeurs ont réagi en proposant leurs propres outils, en améliorant la qualité nutritionnelle de leurs produits ou en collaborant avec les initiateurs de ces nouvelles solutions. Toutefois, cet engouement suscite encore des interrogations de la part de certains industriels, scientifiques et associations de consommateurs. Les principales critiques concernent la rigueur scientifique des systèmes de pondération, la fiabilité des données utilisées, la transparence des algorithmes et l’usage des données personnelles des utilisateurs. Alors que le nombre d’initiatives ne cesse d’augmenter, l’objectif de cette note est de faire le point sur les applications et outils existants pour orienter le consommateur dans son souhait d’améliorer la qualité nutritionnelle, sanitaire, sociale et environnementale de son alimentation mais également de mettre en lumière les risques, les limites et les possibilités nouvelles créés par ces instruments.Dossier du rapport
SOMMAIRE- 1. De nouveaux besoins chez les consommateurs
- 1.1. L’impact avéré de l’alimentation sur la santé
- 1.2. La multiplication des crises sanitaires
- 1.3. Le rôle de l’alimentation dans la transition écologique et sociétale
- 1.4. Une évolution des pratiques alimentaires
- 2. L’émergence de nouveaux outils pour y répondre
- 2.1. Les réponses de l’État
- 2.1.1. La reconnaissance officielle du Nutri-score
- 2.1.2. L ’Oqali
- 2.1.3. La labellisation
- 2.2. Les applications classiques de notation nutritionnelle
- 2.2.1. De la confrontation à la coopération
- 2.2.2. L’émergence de nombreux acteurs
- 2.2.3. Open Food Facts
- 2.2.4. Yuka
- 2.3. Les nouvelles applications de personnalisation alimentaire
- 2.3.1. My label
- 2.3.2. Siga
- 2.3.3. Des applications en réponse aux besoins physiologiques des utilisateurs
- 2.3.4. Les applications pour des régimes alimentaires spécifiques
- 2.1. Les réponses de l’État
- 3. La réponse des industriels
- 3.1. Une modification de la composition nutritionnelle des produits
- 3.2. La mise en place de leurs propres outils d’information nutritionnelle
- 3.2.1. Des applications : « Y’a quoi dedans ? », « l’Appli des consos »
- 3.2.2. Une plateforme numérique « Num–alim » alimentée par une base de données « CodeOneline food »
- 3.3. La collaboration avec les applications existantes
- 3.4. Les chartes d’engagements
- 4. Propositions
- 4.1. Implication continue des consommateurs
- 4.2. Renforcement des efforts dans la recherche
- 4.3. Une plus forte régulation des applications de notation
- 4.4. Pousser les industriels à aller plus loin dans leurs démarches
- 4.4.1. Responsabilisation renforcée des interprofessions
- 4.4.2. Affichage du Nutri-score sur l’intégralité des produits
- 4.4.3. Communication obligatoire de la composition nutritionnelle des produits dans une base de données open data gérée par l’Oqali
- 4.4.4. Accroître le nombre d’accords collectifs volontaires entre producteurs, filières et pouvoirs publics.
- Conclusion
A propos de Terra Nova
Terra Nova est un think tank progressiste indépendant ayant pour but de produire et diffuser des solutions politiques innovantes en France et en Europe. La direction de Terra Nova est assurée par le président de Terra Nova, Lionel Zinsou, et par le directeur général de Terra Nova, Thierry Pech. La direction détermine la politique générale de Terra Nova et prend les décisions nécessaires à sa mise en œuvre.