QUAND LE PLASTIQUE MENACE LES ÎLES – Septembre 2018
Publié en juillet 2018 dans la revue Environmental Pollution par Raqueline C. P. Monteiro, Juliana A. Ivar do Sul et Monica F. Costa, l’article « Plastic pollution in islands of the Atlantic Ocean » passe en revue 20 études scientifiques publiées entre 1983 et 2017 sur la présence de plastiques sur les plages et dans les habitats marins d’une trentaine d’îles situées dans l’Océan Atlantique et la mer des Caraïbes. Analysant la nature et la provenance des plastiques, l’article conclue qu’une gestion efficace de la pollution des îles est urgente pour préserver ces lieux qui abritent une biodiversité riche et unique.
Trois fois la France. C’est la superficie du continent de plastique qui flotte dans l’océan Pacifique aujourd’hui2. Connu sous le nom de GPGP (« Great Pacific Garbage Patch »), il s’agit du plus important point de chute pour les quelques 320 millions de tonnes de plastique produits chaque année sur Terre. Néanmoins, malgré l’ampleur du phénomène et le grand nombre d’études scientifiques qui lui sont consacrés, le cas des îles reste assez peu abordé. Elles constituent pourtant des milieux naturels riches en biodiversité. L’objectif de cet article est d’examiner la littérature scientifique sur le sujet, de trouver des caractéristiques communes aux pollutions des îles[[L. Lebreton et al., Evidence that the Great Pacific Garbage Patch is rapidly accumulating plastic, Scientific Report, 2018]] et d’envisager plusieurs pistes pour résoudre ce problème[[Les Pinnipèdes sont des mammifères marins, semi-aquatiques, aux pattes en forme de nageoires.]].
Depuis 1983, seulement 20 articles scientifiques ont été publiés sur le sujet de la pollution des îles de l’Atlantique et des Caraïbes par le plastique. 65% l’ont été dans les 15 dernières années, synonyme de l’intérêt grandissant pour cette problématique. Plus de la moitié des articles ont étudié la présence de macro-plastiques (débris, emballages, matériel de pêche, etc.) et, au total, c’est 31 îles de l’Atlantique et des Caraïbes qui ont été signalées comme étant contaminées. Cependant, les études rassemblées sont avant tout des inventaires et n’abordent que plus rarement les processus qui déterminent la source et le parcours de cette pollution.
Dans les îles de l’Océan Atlantique, le plastique vient principalement de la mer. Il s’agit de matériel de pêche abandonné et des déchets provenant des bateaux de croisière (3000 personnes à bord peuvent produire jusqu’à 50 tonnes de déchets solides par semaine). Cette pollution constitue un véritable danger pour les Pinnipèdes3 et les oiseaux marins qui peuvent s’y retrouver coincés. Dans la mer des Caraïbes, les densités de macro-plastiques sont encore plus grandes mais les principales sources de pollution sont, cette fois-ci, les activités humaines sur les îles, avec en tête le tourisme. De manière générale, plus le tourisme augmente, plus les plages sont polluées par du plastique. À cela s’ajoutent les micro-plastiques dans l’eau qui sont d’autant plus problématiques qu’ils peuvent être ingérés par les animaux marins et servir de support pour la dispersion d’espèces invasives.
– #3 La présence de plastique sur les plages et dans les habitats marins des îles du Pacifique et des Caraïbes constitue une menace pour de nombreuses espèces dont les humains. La conservation de ces îles nécessite donc un effort rapide et efficace. La principale caractéristique de ces territoires insulaires, leur isolement, peut servir à créer des solutions à la fois palliative (nettoyage) et préventive (interdiction de certains emballages, régulation des croisières, etc.). Le défi pour la recherche est à présent de parvenir à établir des connexions entre les différents environnements pour comprendre le parcours des déchets plastiques. Mais elle devra également aller au-delà du simple inventaire
et se concentrer sur les solutions de contrôle de cette pollution.