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Flux d’azote liés aux élevages : l’expertise INRA pour réduire les pertes et rétablir les équilibres

Que sait-on aujourd’hui des flux d’azote liés aux élevages et de leur devenir dans l’environnement ? Quels leviers permettraient de réduire les émissions polluantes ? A la demande des ministères chargés de l’agriculture et de l’écologie, l’Inra a conduit une expertise scientifique collective, associant plus de 20 chercheurs d’horizons disciplinaires et institutionnels divers, basée sur l’analyse de plus de 1300 publications. A partir d’un diagnostic sur les flux, les experts ont examiné les pistes pour réduire les fuites d’azote, à l’échelle des exploitations agricoles ou des territoires. Le résultat de ces travaux a été rendu public le 19 janvier 2012.

Dans un premier temps, les experts ont réalisé le bilan des connaissances scientifiques sur les émissions d’azote liées à l’élevage. Celui-ci consomme de l’azote (en France, ¾ de l’azote est utilisé pour la production d’aliments destinés aux animaux) et en restitue sous forme d’effluents qui peuvent être utilisés comme engrais pour les cultures. Du fait de la concentration territoriale des élevages, les effluents dépassent parfois largement les capacités d’absorption des surfaces agricoles sur lesquelles ils sont épandus. L’azote en excédent se transforme (en nitrate, ammoniac, protoxyde d’azote) et migre dans l’eau, les sols, l’air et l’atmosphère. La littérature scientifique est abondante sur la question du nitrate. En revanche, la mise en évidence de la part importante de l’élevage dans les émissions d’ammoniac dans l’air (sa contribution est supérieure à 75%), avec des effets négatifs sur la santé humaine, est plus récente. Les impacts dépendent cependant de la sensibilité et des modes d’occupation des territoires.

Des pistes identifiées dans les publications pour réduire les émissions azotées

La première piste de réduction des émissions consiste à améliorer la capacité des systèmes d’élevage à transformer l’azote qui entre dans l’exploitation en protéines animales (c’est-à-dire l’efficience du système en matière d’azote). Des marges de progrès importantes résident dans les modalités de gestion des effluents (épandage, stockage) et leur recyclage par les cultures. Des innovations sont d’ores et déjà disponibles pour mettre en œuvre ces leviers et limiter les émissions, en particulier celle de l’ammoniac, encore peu pris en compte en France : par exemple, la maîtrise de la température ou la ventilation des bâtiments, la couverture des fosses et des techniques d’épandage localisé. Des améliorations du bilan azoté peuvent être obtenues également par le développement des prairies à base de légumineuses et une gestion adaptée de ces surfaces (retournement peu fréquents, optimisation de la valorisation des reliquats azotés par la culture suivante). Le rôle des cultures intermédiaires pièges à nitrate (Cipan) et des rotations pour réduire les risques de fuite du nitrate est avéré depuis longtemps. Une approche plus radicale consiste à réduire très fortement les entrées d’azote (systèmes à bas intrants, dont l’agriculture biologique).

Des possibilités plus importantes existent à l’échelle des territoires. Ainsi, le traitement des effluents d’élevage au sein des régions en excédent pourrait permettre d’exporter des engrais organiques normalisés vers d’autres régions, notamment de grande culture, où ils pourraient se substituer en partie aux engrais industriels. Sur des territoires vulnérables à fort enjeu environnemental, des expériences de réorganisation des activités avec un développement de la forêt, des prairies, des systèmes à bas intrants, ont permis des réductions très significatives de la concentration en azote dans l’eau. La déconcentration des élevages, avec une relocalisation partielle des productions, est encore peu étudiée dans la littérature. Enfin des résultats récents proposent une notion de charge critique pour apprécier la capacité d’absorption de l’azote dans un territoire et montrent qu’une démarche d’aménagement des territoires, par exemple à travers les infrastructures paysagères, peut renforcer cette capacité.

Des besoins de recherche identifiés

Certaines des options envisageables font apparaître des besoins en matière de recherche et développement. Il s’agit notamment de mobiliser les connaissances et d’acquérir des données pour faciliter la gestion de l’azote à l’échelle des élevages, et d’approfondir la compréhension de la dynamique des flux d’azote dans les systèmes de production agricole, pour mieux les quantifier. D’autres travaux sont nécessaires pour la conception et l’évaluation agronomique, environnementale et économique de systèmes fourragers et culturaux permettant de réduire les intrants. Il apparaît également intéressant de construire et évaluer des scénarios à l’échelle des territoires ou des filières. Enfin les études sur les instruments économiques à mobiliser pour conduire des politiques de réduction des émissions pourraient être approfondies.

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Contact :

  • Jean-Louis Peyraud (élevage et filières) – Unité « Physiologie, Environnement et Génétique pour l’Animal et les Systèmes d’Elevage », centre INRA de Rennes – tel : 02 23 48 50 94
  • Pierre Cellier (azote, agronomie, pollutions) – Unité « Environnement et Grandes Cultures », centre INRA Versailles-Grignon – tel : 01 30 81 55 32

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