Contrairement à ce que laissaient prévoir les observations menées jusqu’à aujourd’hui, le Gulf Stream n’est pas en train de s’affaiblir. C’est ce que rapportent des chercheurs norvégiens de Nansen Environnemental and Remote Sensing Centre et du Bjerknes Centre for Climate Research et de l’Université de Bergen dans un article publié en collaboration avec des chercheurs des Iles Ferroe et d’Islande dans le journal Science le 16 septembre dernier.
L’équipe de chercheurs a montré que les eaux océaniques d’Europe du Nord présentaient des records de température et de salinité sans précédent depuis 1948, et que ces records étaient dus à des changements de circulation des courants de l’Atlantique Nord depuis le milieu des années 1990.
La température et la salinité des eaux circulant dans l’Océan Atlantique Nord ont un rôle clé dans le système du Gulf Stream. Dans les tropiques Sud, les eaux sont chaudes et particulièrement salées. Plus au Nord, ces eaux rencontrent les eaux froides et douces venant des régions polaires. Les deux types d’eaux circulent l’un à côté de l’autre dans une grande partie de l’Atlantique, et se mélangent dans la partie nordique de l’océan. Le taux de mélange des deux courants détermine la salinité des eaux entrant dans les mers du Nord. Une faible salinité implique un affaiblissement du Gulf Stream, et inversement.
Des données collectées depuis 1960 montrent que la salinité des eaux de l’Atlantique Nord a baissé régulièrement, ce qui laissait prévoir un affaiblissement du Gulf Stream. La baisse observée s’expliquait par la fonte des glaces polaires et donc l’augmentation des courants d’eaux froides et douces.
Les dernières observations de l’équipe norvégienne montrent que le phénomène s’inverse : la salinité des eaux de l’Atlantique Nord a augmenté depuis 1995. « En utilisant des observations satellitaires et un système avancé de simulation de la dynamique océanique, nous avons montré que l’expansion des eaux froides et douces du Sud de l’Islande a diminué. Ceci a permis aux eaux chaudes et salées du Sud de circuler plus facilement dans l’Atlantique Nord » explique Anne Britt Sandø, chercheur au Nansen Environnemental and Remote Sensing Centre et l’un des auteurs principaux de l’article paru dans Science. Selon elle, le Gulf Stream n’est donc pas en train de s’affaiblir, il devrait continuer à circuler avec la même force le long des côtes nordiques pendant au moins dix ans.