Dans le numéro de novembre 2005 du Monde diplomatique :
Écofascisme ou écodémocratie
Une tribune de Serge Latouche (Professeur émérite d’économie de l’université de Paris-Sud, président de la Ligne d’horizon (association des amis de François Partant). Dernier ouvrage publié : Survivre au développement. De la décolonisation de l’imaginaire économique à la construction d’une société alternative, Editions Mille et une nuits, Paris, 2004.
Septembre a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur la planète depuis que les températures sont prélevées scientifiquement (1880), a annoncé le 14octobre le Centre national océanique et atmosphérique américain. Cinq jours plus tard, le Conseil international pour la science mettait en garde : le monde va subir davantage de catastrophes naturelles meurtrières liées à l’accélération du réchauffement climatique. Emissions de gaz à effet de serre, pollution de l’air, consommation des ressources non renouvelables et de l’eau… Comment enclencher les cercles vertueux de la décroissance tout en garantissant la justice sociale, sans laquelle l’humanité est condamnée au désordre ?
Le projet de construction d’une société autonome et économe rencontre une large adhésion, même si ses partisans se retrouvent sous des bannières différentes : décroissance, anti-productivisme, développement requalifié, voire développement durable. Par exemple, le slogan d’antiproductivisme développé par les Verts correspond exactement à ce que les « objecteurs de croissance », membres du Réseau des objecteurs de croissance pour un après-développement (Rocad), entendent par décroissance. Même convergence avec la position d’Attac, qui, dans une de ses brochures, plaide pour « l’évolution vers une décélération progressive et raisonnée de la croissance matérielle, sous conditions sociales précises, comme première étape vers la décroissance de toutes les formes de production dévastatrices et prédatrices ».
Réévaluer, reconceptualiser, restructurer, relocaliser, redistribuer, réduire, réutiliser, recycler : les huit « r » constituent des objectifs interdépendants pour enclencher un cercle vertueux. Et, de fait, l’accord sur les valeurs rendues souhaitables par la nécessaire « réévaluation » va bien au-delà des partisans de la décroissance, puisque certains tenants du développement durable ou du développement alternatif font des propositions similaires.
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