Voici l’extrait d’un entretien avec Michel Barnier, Ministre de l’Agriculture et de la Pêche, auteur de l’Atlas pour un monde durable.
Vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages sur les mesures à prendre pour sauvegarder l’environnement. Ce sujet vous préoccupe depuis toujours…
Depuis très longtemps et depuis le début de mes engagements publics de jeune citoyen, dans les années 70, j’ai eu la chance d’être l’un des collaborateurs du premier ministre français de l’environnement, notre pays a été les premier pas européen à se doter d’un ministère de l’environnement en 1971, après l’Angleterre, et puis ensuite, à l’assemblée nationale, un peu solitairement, parce que ce n’était pas la mode, cela paraissait comme un sujet marginal, de m’engager comme rapporteur du Ministère de l’environnement qui avait déjà à cette époque un budget très modeste et puis d’essayer d’aller un peu plus loin, de faire un premier rapport que j’avais appeler chacun pour tous, accompagné d’une centaine de propositions concrètes et puis ensuite, au-delà du travail parlementaire, je me suis dit qu’il fallait parler aux gens, expliquer ce que je croyait, ce que je crois toujours, sur ce défi qui est probablement, le plus grave et le plus important pour notre vie quotidienne, et pour notre destin pour tous, et je l’ai accompagné quelques temps plus tard d’un Atlas, déjà des cartes, des images pour illustrer et donner plus de force au discours. Cet engagement-là, je le continue aujourd’hui, et dans toutes les fonctions que j’ai occupées par la suite, par exemple au Ministère des Affaires Etrangères, mon premier discours aux Ambassadeurs de France, ils étaient d’ailleurs assez surpris, le premier objectif, la priorité N° 1 de l’action extérieure de la France sera de lutter contre le réchauffement climatique.
Pourquoi un Atlas ? Le sujet est-il plus facile à appréhender par le biais de la cartographie ?
A coup sûr, une carte, parfois une image, cela vaut mieux qu’un long discours ou qu’un long texte et j’ai toujours pensé, j’avais déjà publié cet Atlas des risques majeurs en 1992 que l’importance, la gravité de ces enjeux écologiques, exigeaient pour être compris, pour mobiliser, d’être expliqués d’une manière pédagogique et simple. Donc il s’agit de dire la vérité des chiffres et des faits, il s’agit de les illustrer et notamment de les illustrer dans leur dimension globale, notre sort ici et partout en France où que nous habitions, dépend de ce que nous pouvons faire individuellement, dans notre commune, dans notre région, de ce que fera notre pays, et les autres pays européens avec lui, mais cela dépend aussi de ce qui se passe dans le reste du monde. On a dit, avec une pensée globale et une action locale, mais pour bien comprendre la pensée globale, il faut avoir une vision globale de la planète. Voilà ce que permet une carte, on voit bien que tout le monde est concerné, que les même enjeux se produisent ou s’aggravent, de manière dépendante les uns des autres, et c’est aussi pourquoi, nous avons privilégié la carte. Une carte proactive, une carte avec des chiffres, avec des faites, avec des commentaires, avec des propositions. Un Atlas pédagogique aussi.
En 144 pages, Cet ouvrage permet de faire comprendre les enjeux et donne des propositions précises. Comment avez-vous articulé le sommaire de cet ouvrage ?
Ce sommaire part de ce que sont les droits de chacune et de chacun des citoyens, les droits humains, de manger correctement, le droit de respirer un air pur, de boire de l’eau potable, faute de quoi les maladies infectieuses se développent et se propagent, notamment dans les pays les plus pauvres. Le droit de vivre dignement.
A partir de cette réaffirmation des droits humains, j’ai voulu carte par carte, chapitre par chapitre, expliquer en quoi ces droits étaient aujourd’hui, menacés, mis en cause, sur l’ensemble de la planète, c’est en cela que les cartes sont nécessaires, et actuellement plus gravement encore dans les pays les plus pauvres.
Et sujet par sujet, nous expliquons quels sont ces enjeux, et j’ai voulu aussi, comme je l’avais fait il y a une quinzaine d’années, pour que, en connaissant cette réalité, on ne se panique pas, il s’agit de comprendre, non pas pour s’effrayer, mais pour réagir, pour agir j’ai voulu montrer qu’il n’y avait pas de fatalité et qu’il était encore temps même s’il est tard, il n’est pas trop tard, et donc j’ai accompagné cette explication pédagogique, cette illustration avec des cartes d’un certains nombres de propositions.
S’appuyant sur plus de 100 cartes et de nombreux documents iconographiques, qui nous font voyager de Los Angeles à Chennaï, du delta du Mékong au barrage chinois des Trois-Gorges, du lac Victoria au pôle Nord… Michel Barnier nous propose, avec une équipe de spécialistes, un état des lieux suivi de propositions précises, pour sauver notre planète.
Michel Barnier est l’auteur des 100 nouvelles mesures en faveur de l’environnement (1990), du Défi écologique (1991) et d’un Atlas des risques majeurs (1992). Quinze ans après et fort de son expérience internationale, il dresse aujourd’hui dans l’Atlas pour un monde durable, le bilan des risques majeurs et propose les mesures qui permettent encore, si elles sont prises à temps, d’éviter le pire.