Polémique sur le « Made in China » : plusieurs problèmes touchant la sécurité des produits fabriqués en Chine ont alimenté l’actualité ces derniers temps… des jouets contenant des peintures toxiques à base de plomb, des faux médicaments, de la nourriture pour animaux avec un additif chimique ayant causé la mort de plusieurs animaux domestiques aux Etats-Unis, des ingrédients toxiques décelés dans du poisson et du dentifrice (anti-gel), des champignons remplis de pesticides interdits, etc.
Conséquences néfastes d’une hyper-mondialisation en passe de devenir incontrôlable ? La Chine est aujourd’hui omniprésente dans la chaîne de production mondiale (voir la carte des mouvements de conteneurs dans le monde publiée par Worldmapper). La taille du territoire est proportionnelle aux nombres de chargements/et déchargements de conteneurs effectués au sein du territoire. C’est en Chine que plus des trois quarts des mouvements de conteneurs dans le monde a lieu! La Chine est devenue l’atelier du monde incontournable pour les multinationales. Les conditions de travail en Chine et le coût social pour les Chinois garantissent des produits à bas prix pour les consommateurs des pays du Nord… Pendant un an, une journaliste américaine, Sara Bongiorni, a tenté l’expérience suivante avec sa famille : de n’acheter aucun article fabriqué en Chine. La journaliste a réalisé à quel point sa vie quotidienne dépendait de produits fabriqués en Chine. Soit il n’existe tout bonnement aucune alternative non fabriquée en Chine (équipements électriques et électroniques), soit il faut y mettre le prix (elle donne l’exemple de chaussures pour son fils qui ne coûtent que 15 dollars dans leur version chinoise, mais dont la seule alternative italienne qu’elle ait trouvée après quinze jours de recherches, lui est revenue à 68 dollars). Le résultat s’est donc révélé quasi mission impossible! Conclusion de Sara Bongiorni dans une interview à Foreign Policy : « Il n’y a pas moyen pour un consommateur ordinaire de se passer d’acheter des produits chinois. Par exemple, si votre téléphone est cassé, cela veut dire que vous allez vivre sans téléphone. Vivre autrement serait fatiguant et cher. Au bout d’un an, la journaliste a choisi « une voie médiane », en reprenant partiellement ses achats « Made in China » car, dit-elle « on ne pouvait plus continuer à vivre comme ça! ». Les produits chinois cités ci-dessus ont fait l’objet de rappels et d’interdiction, et vont potentiellement résulter par des lois plus contraignantes sur la sûreté des produits et les importations. Pékin a promis de renforcer ses contrôles qualité. Mais à l’heure où la qualité et la dangerosité de certains produits fabriqués en Chine inquiètent l’Amérique, on peut tout de même s’interroger sur cette surmédiatisation unilatérale… Car après tout, il ne faut pas oublier que dans l’histoire ce sont nos multinationales qui ont choisi de délocaliser en Chine où la main-d’oeuvre est moins chère, et qui passent commande en voulant toujours tirer les prix au plus bas. Le problème finalement, c’est l’engrenage infernal d’une mondialisation forcée dont l’unique but est la course effrénée à la sur-production, à la compétitivité et au profit à l’échelle planétaire. Et il ne faut pas se leurrer, les fournisseurs chinois et taiwanais eux-mêmes sous-traitent leur production dans les provinces de Chine les plus pauvres pour y trouver les coûts de production les plus bas. Dans ce contexte, les parts de responsabilités sont donc diluées entre plusieurs intermédiaires et c’est là que les problèmes de qualité et de securité peuvent apparaître sans qu’ils soient maîtrisés ou contrôlés directement. Donc si les fabricants chinois ont leur part de responsabilité, il ne faut pas oublier que les importateurs et concepteurs des produits ont aussi leur part de responsabilité dans la définition du cahier des charges, dans leurs conditions d’achats, et dans les méthodes de contrôles. Et est-ce que nos médias ont parlé des conditions dans lesquelles les ouvriers chinois travaillent ? Il faut donc que nos entreprises deviennent plus socialement responsables (achats responsables, commerce équitable, prise en compte des risques, transparence avec les parties prenantes, etc.) pour éviter ce genre de dérives et pour un développement durable.