Le Made in France est plus que jamais au cœur de l’actualité. A quelques semaines du coup d’envoi du premier tour de l’élection Présidentielle, l’association Max Havelaar France a souhaité connaître l’opinion des Français sur cette notion qui accapare le débat politique. Les résultats sont probants : 94% des Français séduits par ce concept et la majorité d’entre eux le jugent même crédible.
Pour Christophe Roturier – Directeur Délégué de l’association Max Havelaar France, « cet engouement pour le « Made in France » démontre clairement le souhait profond des Français de se positionner en acteurs éclairés de leur consommation. » Mais comment prolonger et dépasser la question de provenance des produits ? Max Havelaar ouvre le champ de la réflexion. Le « Made in France » garant d’une consommation responsable pour 84% des Français…- 94% des Français considèrent que c’est une bonne ou une très bonne approche
- 81% d’entre eux la juge crédible
- la relocalisation (78%)
- la baise du chômage (77%)
- des conditions de travail dignes (72%)
Au-delà du « made in france », la consommation équitable et responsable !
Alors que la notion de « made in France » est sur toutes les lèvres, l’association Max Havelaar France souhaite aller plus loin et se prononce en faveur d’une consommation plus responsable au travers d’une tribune parue sur LeMonde.fr. Par Christophe Roturier, directeur délégué de l’association Max Havelaar France La crise frappe fort en ce moment. Elle a fait mettre un genou à terre à la zone euro et a mis la tête du peuple grec sur le billot. La loi de la jungle financière menace aussi le Portugal, l’Irlande et l’Espagne. Qui sera la prochaine victime ? L’Italie ? La France qui a perdu son AAA ? Il n’est pas étonnant qu’en pleine période électorale, cette ambiance délétère fasse resurgir des réflexes de protection. L’invocation du « made in france » en fait partie. Comment, en première analyse, ne pas y souscrire ? Si elle séduit autant les français, il y a de bonnes raisons. Derrière cette notion, on perçoit évidemment la question du chômage, avec l’espoir de relancer la consommation et la production de biens nationaux et donc de relocaliser les emplois qui y sont attachés. En découleraient, un pouvoir d’achat et une stabilité économique retrouvés pour de nombreuses familles de chômeurs et donc une contribution accrue à notre système de santé, de retraite et de solidarité. Produire en France, c’est aussi défendre une conception du travail encadrée par la loi, avec – normalement – un contrat d’embauche écrit, un salaire minimum et un droit à la représentation syndicale, autant d’évidences qui n’en sont pas là où prévaut l’exploitation de la misère dans les pays à bas revenus. Produire en France, même si beaucoup reste à faire, c’est également s’assurer que l’environnement et la santé des travailleurs seront mieux protégés que dans certaines zones exportatrices du monde. On le voit, les bonnes raisons de défendre le « made in france » ne manquent pas. Cependant, formulé tel quel, ce slogan est trompeur. L’interdépendance des économies est aujourd’hui très importante et la France est particulièrement concernée puisque nous importons massivement ce que nous ne pouvons pas produire (pétrole, gaz, certaines denrées alimentaires…) et qu’à l’inverse 25 % de notre PIB est réalisé à l’exportation. Dans ces conditions, prendre des décisions protectionnistes unilatérales nous exposerait à des sanctions de la part de l’OMC ou de nos partenaires commerciaux dont les effets seraient désastreux sur notre économie. Enfin, s’il n’est pas porteur en soi d’un sens xénophobe, ce slogan comporte un risque de dérive nationaliste dont on sait vers quoi il peut déraper en temps de crise. Pourtant, en posant le problème différemment, en changeant de perspective, ce qui se cache derrière ce slogan apparaît fondamental. En effet, la question de la relocalisation de l’emploi pose d’emblée celle de la compétitivité et donc des coûts de production. Mais savons-nous exactement ce qui est inclus dans ces coûts ? Un salaire permettant de vivre et pas seulement de survivre, des conditions de travail dignes, une contribution à un système de protection sociale et de solidarité entre générations, la prise en compte de l’environnement sont-ils intégrés dans le prix des produits que nous achetons ? S’ils ne le sont pas, peut-on parler de concurrence loyale ? Et au-delà, quels types d’échanges commerciaux voulons-nous favoriser ? Ceux qui profitent de la pauvreté ? Ceux qui saccagent l’environnement ? Ceux qui détruisent le lien social ? La vraie question n’est finalement pas d’opposer la production nationale à la production importée, mais plutôt de nous interroger sur la manière dont sont fabriqués les produits que nous consommons. Il s’agit d’aller vers une consommation plus responsable. Plutôt que « d’où vient ce produit ? », demandons-nous « dans quelles conditions ce produit a-t-il été élaboré ? Ce questionnement nous amène alors à réfléchir à la place que nous souhaitons réellement donner aux valeurs de justice, de solidarité et de responsabilité ; en France, mais aussi ailleurs, car ces valeurs ne nous appartiennent pas. Elles ont vocation à être partagées, au Nord comme au Sud. La déclaration universelle des droits de l’homme ne dit-elle pas : « Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine (…) » ? Cette affirmation est particulièrement pertinente dans les pays du Sud qui comptent 1 milliard de personnes mal nourries dont les trois quarts sont des petits paysans qui travaillent sans réussir à s’en sortir. Le commerce équitable promu par le mouvement Fairtrade/Max Havelaar s’est précisément construit sur ces valeurs qui permettent l’émergence d’un système économique différent dont le moteur n’est pas uniquement le profit. Depuis vingt ans, ce système a fait la preuve de sa viabilité. Il est fondé sur le respect mutuel entre les acteurs de la chaîne économique en veillant notamment sur son maillon le plus fragile, les petits producteurs des pays en développement. Il suppose naturellement un engagement des consommateurs qui privilégient l’achat de produits correspondant à leur éthique ; mais aussi un engagement des entreprises qui acceptent de payer leurs matières premières à un prix juste et qui soutiennent des projets de développement en versant une prime aux organisations collectives de producteurs. Ces règles simples sont efficaces ; elles permettent chaque jour à un million et demi de petits agriculteurs et travailleurs des pays en développement d’accroître leur autonomie et de prendre leur destin en main. Au-delà du « made in france », votons pour la consommation équitable et responsable !