La sécheresse qui sévit actuellement dans la corne de l’Afrique, la pire depuis 60 ans, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et menace 12 millions de personnes en Somalie, au Kenya, en Éthiopie, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda. La situation est particulièrement critique en Somalie, où l’ONU a décrété formellement la famine dans deux régions du sud.
Le chef de la FAO a réclamé lundi à Rome une « aide internationale massive et urgente » pour la corne de l’Afrique mais ses contours chiffrés ne seront connus que mercredi à Nairobi lors d’une réunion des donateurs. « Il faut sauver des vies et réagir », a lancé lors d’une réunion ministérielle de crise le directeur général de l’Organisation de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation, Jacques Diouf, selon qui 1,6 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) sont nécessaires dans les 12 mois et 300 millions dans les deux mois qui viennent. C’est dans ce contexte dramatique qu’une enquête de Survival International a apporté des preuves alarmantes selon lesquelles les tribus indigènes sont spoliées de leurs terres agricoles les plus productives pour être allouées à des compagnies étrangères qui y pratiqueront une agriculture intensive d’exportation – alors que des milliers de personnes souffrent de la famine en cette grave période de sécheresse qui affecte le sud de l’Ethiopie. Des grandes étendues de terres fertiles de la vallée de l’Omo, au sud-ouest de l’Ethiopie, ont été cédées à des compagnies malaisiennes, italiennes et coréennes, ou sont directement gérées par l’Etat, pour y pratiquer une agriculture d’exportation, alors que les 90 000 autochtones qui vivent dans la région dépendent étroitement de leur terre pour leur survie. Le gouvernement projette d’étendre à 245 000 hectares la superficie des terres qu’il destine principalement à la culture de la canne à sucre. Des dizaines de milliers d’autochtones dépendent de la rivière pour leur survie. Des millions de personnes endurent la famine en cette période de sécheresse, la plus rude que connaît cette région depuis ces soixante dernières années. Les tribus de la vallée de l’Omo sont pour le moment relativement à l’abri. Mais le gouvernement les considère comme des « arriérés » et est déterminé à les « moderniser ». Il veut que, de fermiers auto-suffisants, éleveurs et chasseurs, ils se convertissent en ouvriers agricoles dans les plantations. Cependant ils pourraient tout simplement être expulsés de leurs terres. Une partie du projet gouvernemental implique la construction d’une série de barrages le long de la rivière Omo, dont celui de Gibe III qui deviendra le plus grand barrage du continent africain. La construction de centaines de kilomètres de canaux d’irrigation suivra celle du barrage, détournant les eaux indispensables à la survie des tribus qui ne pourront plus compter sur les crues annuelles pour cultiver. Les populations locales, qui n’ont jamais été consultées, ont été réduites au silence avec l’interdiction de s’adresser aux étrangers ou aux journalistes. Un visiteur qui s’est récemment rendu dans la région à révélé à Survival que le gouvernement et ses forces policières répriment, emprisonnent, torturent les autochtones et violent leurs femmes pour déjouer toute opposition à la spoliation de leurs terres. Un membre d’une tribu lui a déclaré : « Notre peuple vit désormais dans la peur – il craint le gouvernement. S’il vous plaît, venez au secours des peuples pastoraux du sud de l’Ethiopie, ils vivent sous une terrible menace ». Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : « Les tribus de la vallée de l’Omo ne sont pas ‘arriérées’ et n’ont pas besoin d’être ‘modernisées’ – elles sont tout autant dans le XXIe siècle que les multinationales qui cherchent à s’approprier leur terre. Le tragique de cette affaire est qu’en les forçant à devenir des ouvriers agricoles, leur qualité de vie sera réduite à néant et ils seront condamnés à la famine et à l’exclusion, comme bon nombre de leurs concitoyens ».
L’Ethiopie cède des terres agricoles à des compagnies étrangères en pleine période de famine
Abusé… Sachant ça personne ne fait rien ? On débloque 1 milliard pour des gens qui meurent de fin contre plus de 100milliards pour la Grèce. Sur le long terme, c’est pas un bon calcul… En sauvant la Grèce on se sauve nous-mêmes, alors que là comme ils sont pas dans l’Europe, leur sort nous concerne moins. C’est horrible.