Alors que le film Cars 2 sort en France le 27 juillet prochain, la blogosphère conservatrice américaine est outrée et dénonce une propagande gauchiste rapporte le site RUE89. Une aubaine finalement pour Pixar, alors que la critique de déchaîne sur la qualité de ce film jugé par certains « bon pour la casse ». Explications.
Le film raconte comment deux voitures se retrouvent impliquées dans une mission d’espionnage dont le but est de déjouer le complot d’une firme pétrolière. Alors que l’histoire se déroule en partie sur une plateforme off-shore qui prend feu, le coréalisateur John Lasseter indique l’avoir écrite « avant la catastrophe du golfe du Mexique ». Dans une interview au Wall Street Journal, il explique comment lui est venue l’idée : « Il s’agit d’un film d’espionnage dans un monde où les voitures sont vivantes. Quel pourrait être le grand méchant dans cette histoire ? J’ai pensé à l’industrie pétrolière. Les meilleurs méchants sont toujours ceux qui pensent bien faire. » S’il nie chercher à faire passer un message écologiste, il déclare au Daily Reporter : « Avec “Une vérité qui dérange”, les combustibles alternatifs, et tout ce qu’il se passe aujourd’hui, j’ai pensé que dans leur monde, il était astucieux d’avoir une intrigue qui opposerait l’industrie pétrolière aux combustibles alternatifs. » Depuis, la polémique enfle sur le Web. « C’est méprisable », critique un blog spécialisé dans l’investissement pétrolier. Sur The Lonely Conservative, les conservateurs s’insurgent : « Nous, les conservateurs et croyants dans un marché libre, sommes accusés d’être paranoïaques lorsqu’on affirme qu’Hollywood est en train d’endoctriner nos enfants dans une propagande de gauche. Désormais, les réalisateurs et producteurs sont sortis de l’ombre et ont admis ce qu’ils sont en train de faire. Je suis juste heureux d’avoir découvert [cet article] avant que mes enfants ne me persuadent de les emmener voir le film. » Le blogueur Christian Toto, lui, affirme que les propos du réalisateur sont hypocrites et contradictoires : « Ne réalise-t-il pas combien de pétrole va être utilisé pour amener son produit, “Cars 2”, sur le marché ? Lasseter, PDG de Pixar, ne devrait-il pas être critiqué pour claironner ses messages écologiques alors qu’il aide Disney a utiliser autant d’énergie pour faire des profits ? » Cars 2 n’est pas le premier film qui dérange les conservateurs américains. A travers l’histoire de Wall-E, un petit robot qui doit nettoyer de ses innombrables déchets la Terre désertée, la société Pixar avait déjà été accusée de faire passer des messages écolo. Un crime très grave, sans aucun doute, ironise RUE89. Cette affaire est en tout cas une belle aubaine pour les studios qui doivent faire face à une critique très souvent sévère… Cependant, en matière de cinéma, John Lasseter et Pixar incarnent la success story la plus folle de ces 20 dernières années. 11 films en 15 ans, autant de chefs d’œuvre, une suprématie artistique et technologique sidérante. Mais comme pour le premier opus, la critique reproche aux studios Pixar un calcul purement stratégique (le film aurait été conçu pour faire vendre des produits dérivés)… « Le film démontre qu’un hit ne mérite pas forcément une suite » juge USA Today. « Cars 2 est encore pire que le premier » affirme le New York Post. On peut lire dans le Wall Street Journal : « La loi des probabilités a finalement eu raison du studio le plus remarquable de l’histoire du cinéma moderne, la société rêvée qui a fait vivre Buzz l’éclair et rendu célèbre son cri ‘Vers l’infini et au-delà !’ Cette suite nous entraîne plutôt au-delà de la médiocrité. » On trouve bien quelques critiques plus sympathiques – dans le Los Angeles Times, par exemple : « Cars 2 offre des leçons sur l’importance de l’amitié et d’être soi-même, tout en ajoutant de nouveaux personnages super, à travers une histoire d’espionnage et de courses de voitures » ou encore dans Le San Francisco Chronicle : « En termes d’intrigue, d’atmosphère et de ressenti global, Cars 2 offre une toute nouvelle expérience ». Globalement, c’est un déchaînement et la critique française n’est pas en reste. Ainsi, pour Le Nouvel Observateur: « Ce second volet est un capharnaüm assourdissant »… « Bien sûr, le film, qui marque le retour de John Lasseter à la réalisation, n’est pas sans qualités. Visuellement, par exemple, c’est un feu d’artifice, notamment dans la recréation de Tokyo, hommage bourré de néons et de couleurs à l’esthétique manga. Mais que tout cela manque d’âme ! »