Alors que s’ouvre demain l’Assemblée générale annuelle de la Banque mondiale à Washington, une étude de l’ONG Oil Change International révèle que ces deux dernières années, aucun projet d’énergie fossile financé par la Banque mondiale n’a amélioré l’accès à l’énergie des plus pauvres. Ces conclusions désavouent la défense habituelle de la Banque, des gouvernements et industriels, qui prétendent que leurs soutiens aux projets de charbon, gaz et pétrole sont nécessaires pour réduire la précarité énergétique.
Les Amis de la Terre demandent à la Banque mondiale de mettre fin à ses prêts aux fossiles et de réorienter ses prêts dans le secteur de l’énergie vers le financement de modèles énergétiques propres bénéficiant réellement aux populations les plus pauvres. Les auteurs du rapport « Energy for the poor? » (téléchargeable en anglais en cliquant ici) de Oil Change International ont conduit une évaluation indépendante des prêts de la Banque mondiale dans les énergies fossiles pour les années fiscales 2009 et 2010. Ils en concluent qu’aucun de ces projets n’a pour objectif direct l’accès à l’énergie pour les plus pauvres, ou ne s’assure que ses bénéfices profitent aux populations pauvres. Une analyse de la Banque mondiale elle-même admet qu’aucun des projets pétrolier ou charbon financé à cette période ne peut être considéré comme ayant amélioré l’accès à l’énergie. Cela inclut la méga centrale à charbon de Medupi, en Afrique du Sud, que la Banque a soutenue en dépit de l’opposition de la société civile et des communautés locales. Cette centrale émettra plus de 25 millions de tonnes de CO2 par an. La Banque mondiale finance massivement les combustibles fossiles, qui représentent 63% de ses prêts dans le secteurs de l’énergie en 2010. Entre 2006 et 2009, elle a investi plus de 8,8 milliards de dollars dans les fossiles pour seulement 2,5 milliards [[Heike Mainhardt-Gibbs, World Bank Group Financing for Fossil Fuels Update, Bank Information Center, April 2010]] dans les renouvelables [[Hors grands barrages, très controversés]]. Ce sont ses financements au charbon qui ont le plus augmenté ces dernières années, avec une hausse de 256% entre 2007 et 2008. Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre, commente : « La Banque mondiale a toujours tenté de justifier son soutien à des projets d’énergies fossiles très polluants en affirmant qu’ils étaient nécessaires pour assurer l’accès des plus pauvres à l’énergie. Le rapport de Oil Change International vient détruire ce mythe. Il démontre que la Banque ne respecte pas sa mission de réduction de la pauvreté. Car si ses prêts ne bénéficient pas aux plus pauvres, c’est bien qu’ils profitent aux plus riches : multinationales, consommateurs des pays développés, ou pays émergents qui n’ont pas besoin du financement de la Banque mondiale pour construire des centrales à charbon… » Les Amis de la Terre appellent la Banque mondiale à revoir sa Stratégie Energie, et recommandent notamment qu’elle arrête de soutenir les énergies fossiles et réoriente ses financements vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique au bénéfice des populations les plus pauvres.