Et si l’écolo préféré des Français demeurait un mystère ? En dépit de sa grande visibilité médiatique, Nicolas Hulot garde le secret sur de nombreux aspects de son parcours. Par pudeur, un peu, mais aussi et surtout pour ne pas avoir à s’expliquer sur ses zones d’ombre et contradictions. Pour la première fois, une journaliste consacre une biographie fouillée à l’icône de l’environnement. Non sans avoir dû surmonter quelques difficultés, « Sain Nicolas » n’appréciant guère de se laisser dévoiler. Après avoir rencontré ses proches, son épouse Florence, ses conseillers officiels et officieux, les piliers de ses réseaux comme Jean-Louis Borloo ou Claude Chirac, et Nicolas Hulot lui-même à plusieurs reprises, Bérengère Bonte livre des réponses aux questions que se posent aussi bien ses admirateurs que ses détracteurs : est-il un authentique écologiste comme le laisse penser la radicalité de son discours ? Domine-t-il son ego ? Quelle est son influence réelle sur la classe politique française et notamment sur le président Sarkozy ? Profite-t-il d’un business Ushuaia ? Au fil d’une enquête minutieuse entre Bretagne et Corse en passant par le XVIe arrondissement de Paris où Hulot a passé sa jeunesse, l’auteure raconte l’itinéraire d’un séducteur angoissé qui hésite à écrire son destin.
C’est donc un portrait sans concession puisque l’auteur insiste aussi sur le Nicolas Hulot passionné d’hélicoptère, d’ULM ou de 4×4. Le « casse-cou », qui ne se souciait alors pas d’environnement, présentant une émission subventionnée par Rhône-Poulenc. Dans l’ouvrage, son amie Dominique Voynet explique « à cette époque, Nicolas est encore avant tout un ado égoïste, hédoniste ». Un « ado » chez qui naîtra néanmoins, au fil de ses émissions Ushuaïa, un intérêt pour la protection de l’environnement, malgré les moyens gigantesques employés sur les tournages. « Les voyages forment la conscience écolo. Hulot a changé », explique Bérengère Bonte. Il change et s’investit alors dans sa Fondation. Puis en politique. Avant de se retirer du jeu, en janvier 2007, l’ex-aventurier rassemblait jusqu’à 15% d’intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle. Début avril 2010, il était encore jugé le meilleur pour défendre l’environnement par 53% des Français. Proche de Chirac, admiré par Jean-Louis Borloo, il ne garde pas pour autant sa langue dans sa poche et n’hésitera pas non plus à claquer la porte du Grenelle de l’environnement, après le refus de la taxe carbone. Nicolas Hulot le confie souvent: « Je ne suis pas né écolo, je le suis devenu ». Au fil de l’ouvrage on constate en effet l’évolution de ce rejeton de la bourgeoisie catholique. Jusqu’à son retrait, aujourd’hui, après l’échec de Copenhague et du « Syndrome du Titanic », son film. « Il réfléchit à la meilleure façon de revenir peser dans les débats pour 2012 », estime Bérengère Bonte. – L’auteur : Bérengère Bonte est journaliste à Europe 1. De 2003 à 2008, elle a couvert l’actualité environnementale en France et à l’étranger, du processus de Grenelle aux négociations internationales sur le climat. Elle a aussi animé des émissions politiques. Depuis septembre 2008, elle est rédactrice en chef adjointe et présente le grand journal de 8 heures. – Références : Sain Nicolas de Bérengère Bonte – Editeur : Editions du moment – Date de parution : mai 2010 – 200 pages – ISBN: 978-2-35417-085-1 – Prix public : 19,95 €