L’Organisation des Nations Unies a été officiellement fondée à San Francisco le 24 octobre 1945 avec la ratification et l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies adoptée le 26 juin 1945. Aujourd’hui, l’ONU regroupe 193 États membres, soit la quasi-totalité de la planète.
Le magnifique préambule de la Charte nous rappelle que l’ONU est née de la volonté des peuples « résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances, à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites, à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international, à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande ».
Ainsi, la Charte a fixé l’horizon d’une nouvelle ère des relations internationales, non plus fondées sur les rapports de force, les volontés d’hégémonie et de domination, mais sur le droit et avec l’objectif d’améliorer le sort de l’ensemble des peuples et des individus de notre planète. Il s’agit là d’une césure considérable dans l’histoire de l’humanité, puisque la paix est devenue source du droit international, non seulement le but à atteindre mais le moyen d’y parvenir. Elle exprime l’espérance des peuples à vivre des jours heureux, si forte au moment de la création des Nations Unies.
Avec ses multiples agences intervenant dans tous les secteurs de la vie des populations, avec la définition de normes, d’accords et de traités qui organisent la vie en commun des nations et des individus, l’ONU accomplit une tâche trop souvent méconnue et pourtant indispensable qu’elle est la seule à pouvoir accomplir.
Dans la déclaration adoptée le 21 septembre 2020 à l’occasion du 75ème anniversaire de l’ONU, il est écrit à juste titre : « Il n’existe pas d’autre organisation mondiale qui ait la légitimité, la puissance de rassemblement et le pouvoir normatif de l’Organisation des Nations Unies. Il n’en existe pas d’autre qui puisse donner à autant de personnes l’espoir d’un monde meilleur et faire que l’avenir que nous voulons se réalise. Il a rarement été aussi vital que tous les pays se rassemblent pour tenir la promesse des nations unies ».
Ce constat n’empêche pas d’être lucide sur certains obstacles pour mieux les surmonter. En effet, comme l’a souligné le directeur général de l’Unesco Federico Mayor (“Inventer l’avenir”) : « Progressivement, l’aide au développement (qui doit être intégrale, endogène, durable et humaine) a été remplacée par les prêts ; la coopération par l’exploitation, les valeurs éthiques par les lois du marché et le système des Nations Unies par les groupes ploutocratiques (G-7, G-8…G-20)… Le résultat de toutes ces mesures néolibérales est que les marchés ont eu la force motrice de la gouvernance mondiale au lieu des orientations sociales et politiques ».
En ces temps de pandémie et de crise sanitaire planétaire qui vient s’ajouter à la crise climatique et à la persistance de la pauvreté et de la misère dans de nombreux pays, sans oublier les guerres et leurs cortèges de victimes et de réfugiés, seules la coopération internationale et la solidarité peuvent permettre de faire face à tous les défis qui menacent jusqu’à l’existence même de notre planète. Si l’ONU n’existait pas comme instrument de coopération et garant du multilatéralisme, ce seraient les plus puissants, États ou pouvoirs économiques, qui pourraient imposer leur loi et régir le monde en fonction de leurs intérêts exclusifs. Les tentatives ne manquent pas de revenir à la loi des plus forts, il est d’autant plus indispensable de renforcer l’ONU et d’accroître son influence.
Les forces de paix ne sauraient se satisfaire des déclarations de bonnes intentions des Etats et de leurs représentants. Les meilleurs accords et les objectifs les plus ambitieux comme par exemple les ODD (Objectifs de Développement Durable) restent lettre morte s’ils ne sont pas partagés et portés par les peuples eux-mêmes. C’est ainsi que nous comprenons l’appel du Secrétaire Général des Nations unies, Antonio Gutteres, qui déclare : « Nous avons également besoin d’un multilatéralisme qui soit inclusif et s’appuie sur la société civile, les villes, les entreprises, les collectivités et la jeunesse ». L’actuel SG de l’ONU se situe ainsi dans la lignée de son prédécesseur Ban Ki-moon, déclarant devant les délégations de la société civile venues du monde entier (dont le Mouvement de la Paix) à New-York, la veille de l’ouverture de la conférence d’examen du Traité de Non-Prolifération Nucléaire en 2010: « vous êtes la conscience du monde, sans vous nous ne réaliserons pas l’élimination des armes nucléaires ».
Le Mouvement de la Paix se félicite que la grande consultation menée par les agences de l’ONU auprès d’un million de personnes fasse apparaître un soutien en progression de l’opinion publique à la coopération internationale. Il se retrouve complètement dans les cinq priorités qui ont émergé des dialogues : la protection de l’environnement, la protection des droits de l’homme, la réduction des conflits, l’égalité d’accès aux services de base et la fin des discriminations. La plus belle commémoration de la Charte des Nations Unies, c’est pour nous de s’engager, au coude à coude dans l’action et l’amitié avec tous les peuples du monde, à faire vivre la culture de la paix.