Citoyens, vivez solidaires
Investissez-vous dans toutes les initiatives soucieuses de l’Homme et de l’environnement. Faites appel au commerce équitable qui rémunère les producteurs à leur juste prix. Participez aux groupements de consommateurs et de producteurs et privilégiez ainsi les circuits courts du producteur au consommateur. Adressez-vous aux entreprises de services, de production, de recyclage (vêtements, électroménager, etc.) qui emploient de nombreuses personnes en risque d’exclusion ou des handicapés. Réconciliez l’acte de consommation avec le désir de solidarité. Donnez un sens solidaire à votre épargne. Donnez de votre temps à ceux qui en ont besoin.
Salariés, épargnez solidaire
Depuis 2001, vous pouvez confier une partie de votre rémunération à des fonds salariaux solidaires créés dans les grandes entreprises ou dans des groupements d’entreprises. Leur montant global a déjà doublé entre 2004 et 2005. Une fraction de ces fonds – 5 à 10% – est investie dans des entreprises solidaires, pourcentage sur lequel l’épargnant retrouve son capital initial mais renonce à ses intérêts. Cette capacité d’investissement solidaire pourrait atteindre 200 millions d’euros d’ici à cinq ans. Il est possible d’aller bien au-delà. A deux conditions : assurer sa promotion et améliorer la réglementation.
Étudiants, actifs, syndicalistes, militants associatifs, devenez entrepreneurs solidaires
Préparons les candidats à ces métiers difficiles en leur proposant des formations de qualité, en les accompagnant dans leur projet. Ce sont là des défis décisifs : point d’entreprises sans entrepreneurs qualifiés.
Collectivités publiques, achetez solidaire
La loi permet de faire exécuter une partie des marchés publics de l’État, des collectivités locales, des bailleurs sociaux par des entreprises solidaires. Mais ces clauses sociales sont souvent ignorées par manque de volonté politique mais aussi de compréhension mutuelle. Mettez en place des facilitateurs qui concilient les contraintes techniques des donneurs d’ordre et les capacités opérationnelles des entreprises solidaires du bâtiment, des travaux publics, de l’entretien des espaces verts, du nettoyage, de la surveillance, de la restauration…
Régions, contribuez au développement de l’économie solidaire
Fortes de votre double compétence en développement économique et en formation, appuyez les opérateurs qui orientent et accompagnent les porteurs de projets à travers les maquis administratif et financier. Facilitez le débat démocratique autour de leurs projets. Organisez l’allocation des aides régionales au démarrage du projet et les soutiens durables à leur mise en œuvre. Assurez une évaluation périodique des résultats obtenus. Veillez à consacrer 15% de votre budget d’action économique à l’économie sociale et solidaire en passant contrat de projet avec l’Etat et en travaillant étroitement avec les départements et les communes.
Départements, appuyez-vous sur l’économie solidaire pour employer les personnes en grande difficulté
Au-delà de l’impératif moral de leur redonner une place dans la société, tout démontre que le soutien à l’économie solidaire est un investissement rentable pour les finances publiques. En retrouvant un travail, ces personnes deviennent des producteurs de richesses et donc d’impôts et de cotisations sociales.
Financiers, prenez des risques sur l’économie solidaire
La Caisse des Dépôts en a la tradition et les banques mutualistes le font de longue date, parce que c’est conforme à leur vocation sociale et qu’elles y gagnent des clients stables. Les réseaux de finance solidaire, comme France Active, savent placer l’épargne solidaire dans des projets dont la viabilité a été expertisée et confortée. Le capital-risque solidaire n’en est qu’à ses débuts. Toutes les banques peuvent prouver qu’elles sont socialement responsables : l’inscription de leurs actions en ce sens dans leur rapport annuel influencerait leur notation.
Entreprises, coopérez avec l’économie solidaire
Les entreprises solidaires ne sont pas des concurrentes mais des partenaires qui peuvent donner du sens à votre engagement social et conforter votre ancrage territorial. Engagez avec elles toute forme de coopération par recours à leurs services et à leur personnel ou en passant des marchés de co-traitance et de sous-traitance. Encouragez et abondez la participation de vos salariés à l’épargne salariale solidaire. Tout ceci vaut particulièrement pour les entreprises de l’économie sociale qui peuvent nouer de fructueux partenariats avec l’économie solidaire.
Syndicats, impliquez-vous dans l’économie solidaire
Développez l’épargne salariale solidaire dans les entreprises. Sensibilisez les institutions représentatives des salariés (comités d’entreprise, etc.) aux initiatives de l’économie solidaire. Enfin, soyez novateurs pour que les salariés des entreprises solidaires aient les mêmes possibilités de représentation que ceux des entreprises classiques.
À l’État enfin de lancer un Plan en faveur de l’économie solidaire et de le respecter
Cette économie se développe par l’expérimentation, le bénévolat, et l’initiative locale. Mais, elle a aussi besoin de la solidarité nationale, ce qui la rend très vulnérable aux changements incessants des directives publiques. C’est pourquoi l’État doit définir un cadre juridique souple et stable, soutenir l’économie solidaire par des aides à la personne, par des co-financements des initiatives des Régions et des Départements, qui s’inscriraient très naturellement dans les contrats de projets pluriannuels en cours de négociation. Il doit aussi veiller à la pérennité et au développement de l’économie solidaire en se portant garant, à long terme, des financements qui lui sont destinés.
L’économie solidaire de proximité a l’ambition, non pas bien sûr de remplacer l’économie de marché, mais de s’attaquer aux problèmes des plus démunis et aux besoins individuels et collectifs délaissés par le marché et l’État. A travers cette solidarité active, nous voulons manifester notre résistance à la fatalité, et notre confiance dans le progrès social et la démocratie. Cette ambition vaut aussi pour l’Europe et pour le monde. L’Europe ne peut se construire sur les seules forces du marché. Elle aspire à plus de solidarité, avec des résultats jusqu’ici contrastés et fragiles. L’équilibre économique mondial est menacé s’il ne prend pas la voie de relations équitables et s’il ne se résout pas à ménager et à partager les ressources.
À nos concitoyens qui redoutent de perdre toute prise sur leur futur et sur l’avenir de leurs enfants, nous envoyons un message de confiance : l’économie solidaire est créatrice de nouveaux emplois et porteuse de grands espoirs.