Les Amis de la Terre, en partenariat avec Peuples Solidaires, lancent aujourd’hui le vote public des internautes pour l’élection des Prix Pinocchio 2009. Douze entreprises françaises sont nominées (Total, Michelin, BNP Paribas, EDF, Bolloré, Accor, Peugeot, Crédit Agricole, Perenco, Herta, Société Générale, et France Betteraves) et concourent dans trois catégories : environnement, droits humains et greenwashing. Toutes se disent en faveur du « développement durable » alors que leurs impacts réels sont lourds et négatifs pour l’environnement ou les populations locales. A l’issue du vote, une cérémonie publique de remise des prix sera organisée le 24 novembre 2009 à Paris.
Gwenael Wasse, chargé de campagne Responsabilité des entreprises aux Amis de la Terre, explique : « Cette seconde édition promet malheureusement d’être à nouveau un « grand cru ». Violation des droits sociaux, destruction de forêts, pollution locale, émission de gaz à effet de serre, communication biaisée, publicité trompeuse, etc : les doubles discours des multinationales n’ont pas cessé avec la crise et les promesses de réforme. Les citoyens vont pouvoir choisir leurs pires entreprises françaises de l’année 2009 ! » Pour Fanny Gallois, chargée de campagne Droits de l’Homme au travail à Peuples Solidaires, « cet événement est également un moyen de donner une voix et une visibilité aux femmes et aux hommes qui se battent au quotidien contre les impacts négatifs des entreprises sur leur environnement de travail et de vie, pour faire valoir leurs droits ». Les Prix Pinocchio mettent en lumière de nombreux abus concrets. Dans le cadre de leur campagne sur la responsabilité des entreprises, les Amis de la Terre demandent un encadrement juridique des impacts environnementaux et sociaux des multinationales, pour que cesse leur quasi-impunité de fait dans les pays du Sud.Les Nominés
Pour l’année 2009, les nominés pour le prix Pinocchio sont les suivants : Prix Pinocchio « Droits humains » – PERENCO : L’exploitation pétrolière au Pérou au mépris des populations autochtones, dans un climat très tendu [[Début juin 2009, à Bagua au Pérou les communautés indiennes s’opposent depuis plusieurs semaines déjà à un projet de loi visant à autoriser les compagnies pétrolières à exploiter des gisements pétroliers découverts sur leurs terres. Leurs manifestations sont réprimées dans le sang par les forces policières et tournent au massacre général. Bilan : au moins 12 morts parmi les Indiens et 23 parmi les policiers, sans compter les blessés. Dans l’Equateur voisin, l’exploitation pétrolière a déjà eu des conséquences environnementales et sanitaires dramatiques dans ces zones de forêts vierges jusqu’alors relativement préservées. Début septembre, alors qu’aucun pas n’a encore été fait par les autorités pour rétablir le dialogue avec les communautés indiennes et tenter de répondre à leurs craintes, l’organisation nationale des Indiens d’Amazonie péruvienne (AIDESEP) porte plainte devant la Cour constitutionnelle pour tenter de stopper un projet pétrolier conduit par la multinationale franco-britannique Perenco. Cette dernière a annoncé vouloir investir 2 milliards de dollars dans l’exploitation d’un gisement de pétrole de 300 millions de barils situé en pleine zone forestière, engendrant le percement d’une centaine de puits. Mais elle conteste la présence de communautés indiennes isolées sur la concession qui lui a été octroyée par les autorités péruviennes. Selon l’ONG Survival International cependant, se basant sur une enquête du quotidien anglais The Guardian, Perenco a dissimulé les preuves de l’existence de trois tribus isolées. En parallèle, les Nations unies ont recommandé début septembre au gouvernement du Pérou de mettre fin à tous les projets d’exploitation pétrolière sans le « consentement informé » des habitants de la forêt amazonienne. Le président péruvien lui-même, M. Garcia, a déjà reconnu publiquement avoir négligé de consulter les Indiens en bonne et due forme sur les concessions accordées. Mais Perenco ne semble pas prête à en tenir compte, malgré la situation extrêmement tendue suite au massacre.]]. – CREDIT AGRICOLE : Des actions dans une entreprise qui fournit la junte birmane en matériel militaire [[Le régime militaire qui oppresse la Birmanie depuis un demi-siècle en toute illégalité a révélé son vrai visage à plusieurs reprises ces dernières années. En 2007, les manifestations pro-démocratie des moines, puis de la population, furent rapidement réprimées dans le sang ; en mai 2008, les millions de personnes affectées par le cyclone Nargis ont été abandonnées à elles-mêmes ; quant à la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, elle a été déjà emprisonnée arbitrairement pendant plus de 13 ans sur les 19 dernières années. La situation de la population birmane est catastrophique, tous les indicateurs de développement et sanitaires étant au rouge. Le régime au pouvoir préfère utiliser les gigantesques revenus de l’exploitation des ressources naturelles pour l’achat d’armes, plutôt que pour soulager les souffrances du peuple biman : le budget d’armement représente jusqu’à la moitié des dépenses publiques en Birmanie, contre 0,4 % pour la santé. Une des filiales de la compagnie chinoise Dongfeng a fournit 900 camions militaires à la Birmanie dans la première moitié de 2008. Le comité d’éthique du fonds de pension public norvégien suppose que ces livraisons de matériels militaires sont toujours en cours et qu’il y en aura d’autres à l’avenir, en complément des véhicules déjà livrés. L’Union européenne et les Etats-Unis ont imposé tous les deux un embargo sur les armes à la Birmanie. Ces embargos interdisent également l’exportation de camions militaires à la Birmanie. En livrant des armes à la Birmanie, Dongfeng renforce donc un régime qui emploie environ 3 000 esclaves pour la construction des infrastructures et le transport du matériel militaire, et maintient plus de 10 000 membres de l’opposition démocratique en prison (dont une partie est torturée). La junte birmane commet des atrocités contre les populations civiles, incluant des exactions telles que viols et exécutions sommaires, notamment contre les minorités ethniques. C’est pourquoi le fonds de pension du gouvernement norvégien a exclut Dongfeng de son univers d’investissement début 2009. Malgré cela, le Crédit Agricole détient ou gère pour compte de tiers des actions dans l’entreprise Dongfeng pour un montant de 8,9 millions de dollars. Rien ne lui permet d’affirmer concrètement que cet investissement ne participe pas à des activités qui violent les droits humains.]]. – MICHELIN : La destruction de communautés locales par une plantation d’hévéa (Nigeria) [[En mai 2007, la filiale nigériane du groupe français Michelin, un des plus gros producteurs au monde de pneumatiques, se voit octroyée par les autorités nigérianes 3 500 hectares de terrain dans la réserve forestière d’Iguobuzuwa située dans l’Etat d’Edo, dans le delta du Niger ; une zone très riche en termes de biodiversité animale et végétale, et où vivent 11 communautés très dépendantes de leur environnement naturel au quotidien. En décembre 2007, les bulldozers de l’entreprise rasent la forêt et les cultures des communautés locales, avant de commencer en mai 2008 une plantation intensive d’hévéas à des fins de production de caoutchouc destinée à rentrer dans la fabrication des pneus Michelin. Un an plus tard, en plus de la destruction environnementale, les impacts humains de la plantation sont catastrophiques. Sur le plan socio-économique, les communautés villageoises se retrouvent dans l’impossibilité de subvenir à leurs besoins, avec pour résultat un appauvrissement et une baisse de la qualité de leur alimentation, tandis que d’autres sont obligés de quitter la région pour chercher des emplois et ainsi subvenir aux besoins de leur famille : les quelques rares emplois non-qualifiés proposés par Michelin sont confiés à des habitants de régions plus éloignées, qui sont amenés tous les jours par les camions de l’entreprise. La santé des habitants s’en ressent également directement, car les plantes de la forêt tropicale avaient jusqu’alors toujours servi de réserves médicinales pour les habitants. Sur le plan culturel, l’arrivée de l’entreprise a engendré des tensions importantes entre les aînés traditionnellement détenteurs du pouvoir ; de nombreux autres conflits s’en trouvent de ce fait non-résolus. Les problèmes sociaux ont également empiré avec l’apparition de la violence et de la consommation d’alcool, résultant de la désorganisation des modes de vie traditionnels de ces communautés. Non seulement les promesses de développement n’ont pas été tenues, mais l’arrivée de Michelin a ainsiengendré de graves impacts négatifs pour ces communautés. Pour une femme de la communauté d’Aifesoba, « Michelin a détruit nos terres agricoles. Je me sens blessée par leurs actions. Les cultures fournissaient de la nourriture pour nos familles. (…) Nous voulons qu’ils paient pour nos terres et nos plantations. (…) Nous voulons récupérer notre terre. Nos vies en dépendent. Nous sommes désormais sans travail (…). ». Ce cas est particulièrement illustratif des conséquences locales très négatives des projets de plantations intensives, de plus en plus nombreux dans les zones tropicales, au seul bénéfice des multinationales qui les développent et des pays riches qui profitent des ressources ainsi exportées. Face à cette situation, la résistance des communautés locales, et notamment des femmes, n’a cessé d’amplifier depuis deux ans. Michelin, pour sa part, n’a apporté que de maigres promesses de compensation à deux communautés, jugées très insuffisantes au regard des préjudices subis. Interrogée à ce sujet par les Amis de la Terre, la maison-mère française de Michelin réfute quant à elle toute responsabilité, arguant qu’elle n’est qu’un simple actionnaire à 20 % de la société exploitante des plantations, la Société internationale de plantations d’hévéas (SIPH). La SIPH affirme cependant dans son rapport annuel 2008 qu’elle revend la plus grosse partie de sa production à Michelin, son premier client avec 55 % des ventes. En outre, un membre de Michelin siège de façon permanente au sein de son Conseil d’administration, où il dispose donc d’un pouvoir de décision important en tant que représentant du deuxième actionnaire du groupe. Enfin, Michelin remplit également une mission d’assistance technique au Nigeria sur les plantations d’hévéa de la SIPH.]]. – BOLLORE : Exploitation de salariés dans les plantations d’huile de palme (Cameroun) [[Au Cameroun la Société camerounaise des palmeraies (SOCAPALM), détenue à près de 40 % par le groupe français Bolloré depuis sa privatisation en 2000, gère plusieurs plantations de palmiers à huile. Dans une de ces gigantesques plantations d’une superficie de 9000 hectares, à Kienké, au sud-ouest du pays, la SOCAPALM emploie plusieurs milliers de personnes pour la coupe, la récolte et le transport des régimes. Les conditions de travail de ces ouvriers ont été décrites par plusieurs journalistes qui ont enquêté sur place comme proches de l’esclavage. Les hommes y travaillent six jours par semaine, parfois sans aucune protection malgré la dangerosité de ce travail très physique, ni aucune protection sociale. Les salaires de misère restent parfois impayés pendant plusieurs mois par les sous-traitants chargés de les recruter, ce qui décourage ceux qui veulent récupérer leur dû. Les droits syndicaux ne sont pas non plus respectés : un leader syndical qui opposait une résistance à ces conditions dégradantes a même été arrêté avant de subir des menaces de mort . Outre leur travail, les ouvriers sont aussi contraints de vivre dans des conditions inhumaines, dans un campement surpeuplé sans eau, ni sanitaires, et quelques heures seulement d’électricité par jour, tandis qu’aucune demande d’amélioration de ces conditions n’a jamais abouti. Pour les populations environnantes enfin, majoritairement des pygmées au mode de vie traditionnel, les impacts de la plantation de Kienké sont considérables : expropriation de leurs terres ancestrales, destruction irréversible de la forêt dont ils tirent leur subsistance, pollution des cours d’eaux par des produits chimiques… Ce cas est révélateur des conséquences désastreuses des plantations d’huile de palme, énormément consommée dans les produits alimentaires ou cosmétiques consommés dans les pays industrialisés, mais dont les impacts sociaux et environnementaux sont considérables dans les pays du Sud.]]. Prix Pinocchio « Environnement » – TOTAL : Le plus gros projet pétrolier du monde est aussi le plus dangereux (Kazakhstan) [[Total et 6 autres compagnies pétrolières parmi les plus puissantes au monde sont associées depuis le début des années 2000 pour l’exploitation d’un gisement de pétrole au Kazakhstan, dans le nord de la mer Caspienne. Ce gisement, baptisé Kashagan, est considéré comme la plus grosse découverte pétrolière au monde depuis 1968. Prévu pour produire jusqu’à 1,5 million de barils par jour à l’horizon 2020, il ferait du Kazakhstan, pays très corrompu dirigé d’une main de fer par le très autoritaire Noursoultan Nazarbaïev depuis la chute de l’ex-URSS, un des premiers producteurs de brut au monde. Le développement et l’exploitation de ce gisement s’avèrent pourtant extrêmement problématiques. D’énormes contraintes géographiques, climatiques et géologiques expliquent en effet un budget prévisionnel de 136 milliards de dollars, soit le projet le plus cher jamais financé. Des experts commencent même à s’interroger sur sa faisabilité réelle, vu ses contraintes techniques colossales, ses retards incessants et ses coûts en dérive constante. Le pétrole jaillit en effet de plus de 5000 mètres sous la surface à une température de plus de 100 degrés et à une pression qui peut atteindre les 1000 bars, soit autant de fois la pression atmosphérique. Le pétrole de cette zone est également fortement pollué par des gaz toxiques, dont les mercaptans, qui peuvent être mortels à de très petites concentrations et dont des émanations accidentelles pourraient tuer des milliers de personnes en quelques heures. Son taux de soufre très élevé (jusqu’à 20 %) pose également de graves menaces de pollution : le traitement du soufre n’est pas encore prévu, et les conditions atmosphériques locales pourraient entraîner des pluies acides sur la région Caspienne et jusqu’à l’Europe. La solution choisie pour l’exportation du pétrole, enfin, est extrêmement préoccupante : il serait transporté par des bateaux spécialement conçus à cette fin à travers la mer Caspienne jusqu’au départ de l’oléoduc BTC en Azerbaïdjan : une marée noire aurait des conséquences catastrophiques pour les écosystèmes de cette mer fermée et les populations côtières des pays avoisinants (Russie, Iran, Kazakhstan, Turkménistan et Azerbaïdjan). Une mission des Amis de la Terre et d’autres ONG sur place en septembre 2007 avait permis de récolter des témoignages alarmants de la part des autorités et des communautés locales, des scientifiques et de la société civile, attribués au développement du projet Kashagan : mortalité massive d’animaux, chute drastique des prises de poissons, dégradation de l’état de santé des habitants… Face à ces critiques, Total s’est toujours réfugié derrière son statut de « simple » partenaire du projet, en avançant que seul l’entreprise leader du consortium est responsable des impacts environnementaux et sociaux du projet . La compagnie en est pourtant un des principaux acteurs, et s’est d’ailleurs vu confier fin 2008 la direction du consortium jusqu’en 2015. Elle investira au final dans Kashagan plus de 20 milliards de dollars, autant d’argent qui ne sera pas utilisé pour développer des solutions énergétiques beaucoup moins polluantes et dangereuses sur le plan sanitaire.]]. – BNP PARIBAS : Le financement d’un projet pétrolier et gazier qui menace les dernières baleines grises occidentales du monde (Russie) [[Le projet russe Sakhaline II est décrit par ses concepteurs comme le plus grand projet pétrolier et gazier intégré au monde. Il comprend trois plate-formes pétrolières et gazières off-shore et des oléoducs et gazoducs sous-marins. Ces énergies fossiles seront ensuite transportées sur terre à travers l’île sibérienne de Sakhaline, située dans le Pacifique nord-occidental, par 800 km de tuyaux, débouchant sur un des futurs plus grand terminal et usine d’exportation de pétrole & gaz au monde, situés dans le sud de l’île. Le projet pourrait coûter jusqu’à 22 milliards de dollars et implique des entreprises russes, japonaises et occidentales, ainsi que des banques et agences de crédit à l’exportation des mêmes régions, incluant BNP Paribas. Un des principaux problèmes environnementaux réside dans la présence des dernières baleines grises du Pacifique occidental dans la zone d’exploitation pétrolière, qui empiète sur la seule zone d’alimentation estivale de ces mammifères. La présence des 120 derniers spécimens d’une population menacée d’extinction a d’ailleurs fortement diminué à l’été 2008, concrétisant les inquiétudes des associations écologistes. Les baleines sont ainsi confrontées aux nuisances sonores de la construction, ainsi qu’aux risques de collision, et de marée noire. La construction des tuyaux sur l’île a également conduit à des dégâts dans les rivières riches en saumons sauvages. Celle du terminal de Prigorodnoye, notamment, a provoqué en 2005 le déversement des déchets issus du creusement de la baie d’Aniva, perturbant gravement les ressources halieutiques et l’écosystème local. Par ailleurs, le projet ne prévoit toujours pas de mesures adéquates pour répondre au risque de marée noire en conditions hivernales. Malgré les déficiences constatées dans le développement de ce projet et les vives protestations étayées des ONG, et alors que cette population de baleines grises figure sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN , BNP Paribas, une des plus grosses banques au monde, a participé en juin 2008, en toute connaissance de cause, au financement de ce projet pour un montant de 82 millions d’euros.]]. – SOCIETE GENERALE : Le financement des destructions minières par Vedanta Resources (Inde) [[Vedanta Resources est une multinationale minière anglaise qui produit de l’aluminium, du cuivre, du plomb et du zinc. Elle a débuté l’exploitation de mines de bauxite au pied des montagnes de Niyamgiri, en Inde, près de la ville de Lanjigarh (Etat d’Orissa). La compagnie a illégalement exploité des hectares de forêt en les rasant. La forêt dense des montagnes de Niyamgiri est un des « points chauds » de biodiversité les plus importants de l’est de l’Inde. La zone a été proposée comme sanctuaire de vie sauvage par le Ministère de l’Environnement indien et a été désigné comme réserve d’éléphants par l’Etat d’Orissa dès 2004. La forêt abrite plus de 300 espèces de plantes et d’arbres, dont 50 espèces de plantes médicinales au moins. Elle héberge enfin des espèces animales protégées par la section 18 de la loi indienne sur la vie sauvage : léopard, tigre, éléphant, pangolin, gecko doré, etc. Suite à cette coupe à blanc, une usine d’aluminium a été construite par Vedanta Resources sans l’autorisation nécessaire. Son but est de traiter la bauxite des montagnes environnantes. L’usine pollue la rivière Vanshadhara et la nappe phréatique. La Cour Suprême indienne a déjà condamné Vedanta pour les conséquences de la mine de bauxite sur les populations indigènes. Ce n’est de loin pas la première fois que Vedanta Resources est critiquée pour sa gestion environnementale. Elle a déjà été condamnée en 2004 pour le rejet de déchets toxiques de l’usine de cuivre de Tuticorin dans le Tamil Nadu, en Inde du Sud. Un groupe de travail de la Cour suprême indienne a écrit en 2004 que la gestion des déchets des usines de cuivre était un échec. Vedanta a également été critiquée en Zambie à cause d’un rejet dans la mine de cuivre de Konkola. Le 6 novembre 2006, toute la région de Chingola avait dû faire face à une crise de l’eau, suite à la contamination par Vedanta de la rivière de Kafue. Vedanta Resources a acquis une réputation internationale tellement désastreuse que le fond de pension du gouvernement norvégien l’a exclue de ses investissements, justifiant d’un « risque inacceptable de complicité dans de graves dommages environnementaux présents et futurs ». Malgré ces éléments, dont la Société générale a été informée par des ONG, la banque française a octroyé un financement spécifique à Vedanta Resources d’un montant de 75 millions de dollars en août 2007. En outre, elle détient ou gère pour compte de tiers des actions dans l’entreprise pour un montant de 9,3 millions de dollars.]]. – AREVA : Transport dangereux de combustible nucléaire MOX (France-Japon) [[Le plutonium issu de la combustion dans les centrales nucléaires du monde entier étant extrêmement radioactif, ce qui rend son traitement quasi-impossible, l’industrie nucléaire a « inventé » et tenté de développer depuis les années 1990 l’usage du MOX (pour « mélange d’oxydes »). Il s’agit d’un mélange d’uranium naturel et de plutonium, destiné à alimenter les réacteurs nucléaires prévus à cette fin. La multinationale Areva s’est faite une spécialité de la préparation du MOX qu’elle revend ensuite principalement à l’Allemagne, au Japon, au Royaume-Uni ou à la France, où le mélange est produit dans l’usine de Marcoule (Gard), après traitement du plutonium dans son autre usine de la Hague, à 20 kilomètres de Cherbourg. Début mars 2009, l’ONG Greenpeace a révélé qu’1,8 tonne de MOX, soit le « plus important transport de plutonium de l’histoire » allait être transportée en toute confidentialité et dans des conditions de sécurité très critiquables. Par la route, le convoi est allé de la Hague au port de Cherbourg, première étape de son acheminement maritime par deux bateaux britanniques jusqu’au Japon à 20 000 kilomètres de distance, et après de multiples aller-et-retours par la route entre la Normandie et le sud de la France. Le transport d’une telle quantité de MOX est extrêmement inquiétant, puisqu’elle permettrait de fabriquer l’équivalent de 225 bombes nucléaires. Le MOX est d’ailleurs classé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en catégorie 1, c’est-à-dire celle des matières directement utilisables pour fabriquer des armes nucléaires ; raison pour laquelle l’ONG a écrit au directeur de l’AIEA pour protester contre la légèreté et l’absence de transparence avec laquelle Areva transporte cette cargaison à très haut risque, sans même en avertir certains Etats dont les eaux seront traversées par les deux bateaux. Transport d’autant plus critiquable qu’il est quasiment inutile. Pour de multiples raisons techniques et financières, le MOX n’a en effet jamais connu l’essor que l’industrie du nucléaire lui prévoyait et est aujourd’hui tellement peu utilisé qu’il ne peut en aucun cas être considéré comme une solution durable de valorisation des déchets nucléaires radioactifs. Outre les questions de prolifération, la chaîne de fabrication du MOX et son utilisation entraînent même l’augmentation de la quantité des déchets hautement radioactifs sur une période de temps très longue, du fait des transformations nécessaires du produit, qui génèrent des déchets à chaque étape. Malgré tout, Areva continue de promouvoir le MOX, dont il est le premier producteur au monde avec 95 % du marché en 2008, et de lui faire sillonner la France et le monde.]]. Prix Pinocchio « Greenwashing » – EDF : « Changer d’énergie ensemble » [[Au printemps 2009, la multinationale française de production d’électricité EDF a lancé une très grande campagne de communication de plusieurs semaines, avec pour thème le slogan « Changer d’énergie ensemble », qui est également le titre du rapport Développement durable 2008 de l’entreprise. Cette campagne, extrêmement visible dans les lieux publics et les médias nationaux, faisait appel à des témoignages de particuliers, de salariés d’EDF et de personnalités appréciées des Français, comme le nageur et champion du monde Alain Bernard. Le but de cette campagne était d’essayer de convaincre le grand public, et ses dizaines de millions de clients, que la multinationale agissait concrètement et de façon importante pour promouvoir des alternatives propres aux combustibles fossiles, ainsi que des solutions au réchauffement climatique : économies d’énergie et efficacité énergétique, éolien, hydraulique, etc. La réalité est pourtant toute autre, et moins flatteuse pour l’énergéticien français. Dans son rapport Développement durable 2008, EDF affirme que les « énergéticiens sont confrontés à la nécessité de changer de modèle » pour répondre aux défis environnementaux, sociaux et économiques à venir. Mais on y lit aussi que le budget effectivement consacré par EDF à la recherche et au développement (R&D) des énergies renouvelables s’élevait en 2008 à 8,9 millions d’euros, alors que le budget R&D total d’EDF la même année s’élevait à 421 millions d’euros. La part consacrée aux énergies renouvelables, modèle énergétique de demain, représente donc 2,1% du total. Enfin, selon le magazine Terra Eco, la campagne de publicité d’EDF « Changer d’énergie ensemble » a coûté au total 10 millions d’euros pour sa conception et sa diffusion… Au-delà du vernis des discours, les chiffres sont donc cruels : EDF consacre dans la réalité plus de moyens à communiquer sur ses engagement dans les énergies renouvelables, qu’à faire de la recherche sur ces dernières ! Un moyen peut-être pour l’énergéticien français de tenter de faire oublier qu’il reste essentiellement producteur d’électricité nucléaire. Une source d’énergie dangereuse pour la santé et la paix dans le monde, non-renouvelable, productrice de quantités énormes de déchets polluants dont le traitement n’est toujours pas assuré, et qui, en nécessitant d’être couplée à la consommation d’énergies fossiles polluantes pour produire l’électricité en période de pointe, est très loin d’être neutre en terme d’impact climatique.]]. – « Herta s’engage sur le 100 % naturel » [[Herta poursuit sa communication sur le 100% naturel et joue ainsi volontairement sur la confusion et les raccourcis. Cette appellation ne signifie pas que le jambon est issu de l’agriculture biologique. 100% naturel, cela signifie seulement que le jambon n’est pas 100% artificiel. Nous sommes rassurés. Cette appellation renvoie également à l’univers de la santé, mais « naturel » n’est pas synonyme de « sain ». Comme si en le disant, l’entreprise pouvait nous convaincre que ce jambon est issu d’un processus sain et sans conséquence sur l’environnement… La publicité induit en erreur par les mots employés : ” Ingrédients d’origine naturelle, conservation naturelle, seul Herta s’engage sur le 100% naturel de son jambon tendre noix“. Le naturel se veut rassurant. Mais le plomb, le mercure et l’uranium existent aussi à l’état naturel : cet argument n’apporte aucune garantie particulière au consommateur, mais ce dernier pourrait penser par erreur que le produit est bio. La répétition à trois reprise du mot naturel démontre la volonté d’ Herta d’induire en erreur en maintenant la confusion entre naturel et bio. La publicité induit en erreur par la composition graphique (images et couleurs) : Le caractère naturel est ici représenté par le décor rural, qui exprime l’authenticité. Il est recomposé à partir d’aliments. Une prairie en tranches de jambon, des arbres en persil, des fagots de bois en cornichon et des bottes de paille en beurre. Ce décor transmet l’idée d’un monde onirique, d’abondance. Le ciel bleu, les oiseaux qui chantent et le jingle bien connu qui nous rappelle l’identité de la marque intensifie l’ambiance de campagne qui doit caractériser l’état d’esprit d’Herta et, par extension, les origines du porc. Sauf que ce n’est pas le cas : les porcs de la gamme 100% ne gambadent pas dans les prairies (Les élevages dits « hors-sol » sont réalisés dans des bâtiments, sur caillebotis. Ils représentent plus de 90% des élevages de porcs français) et ne sont pas nourris avec des céréales issues d’un processus naturel (donc sans ajout de produits phytosanitaires) . L’utilisation d’un macaron dans lequel est inscrit « 100% naturel – Herta s’engage » transmet l’idée du label. Cette sorte de logo auto-décerné par Herta laisse une marge d’interprétation suffisante pour être considéré comme étant certifiant, au même titre qu’une certification officielle (qu’il n’est pas). Il vient en complément de la voix qui porte l’étendard du 100% naturel. Cette publicité attribue ainsi à ce signe une valeur bien plus écologique que ne l’est en réalité le produit. La publicité affirme quelque chose de vague ou sans preuve : Herta renvoi le consommateur à une charte qualité que l’entreprise a élaboré elle-même, mais qui n’est pas disponible sur leur site Internet. Nous l’avons demandé, mais nous ne l’avons pas reçue. Finalement consultés par un autre moyen, les engagements de cette charte sont flous et relèvent de l’auto-déclaration. La charte dit par exemple que les porcs ne sont pas nourris avec des farines animales, mais elle ne précise pas s’ils sont nourris avec des aliments OGM, qui ne sont pas naturels. La publicité surestime ou exagère le côté réellement vert du produit / société / service : Herta surestime la qualité verte de son produit. En focalisant le discours sur des ingrédients qui ont l’air authentique, la marque oublie, volontairement ou pas, les aspects moins naturels indirectement liés à la production de son jambon, à savoir les conditions d’élevages, la nourriture des porcs, et même les ingrédients qui entrent dans la composition du produit fini, qui ne sont issus de l’agriculture biologique. Présenté comme il l’est dans la publicité, le jambon véhicule une image écologique, rurale et traditionnelle qui ne correspond pas à la réalité.]]. – PEUGEOT : Analyse de l’OIP par rapport aux critères de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) [[Si acheter une voiture, qui émet 120 gramme de CO2 par kilomètre c’est respecter son île, alors les citoyens de la Réunion devraient tous se rendent chez leur concessionnaire ! Ce qui rend cette publicité grossière, c’est bien le manque de nuance dans le propos. La publicité induit en erreur par les mots employés. Les mentions « Bonus écologique X 3 », « Respecter son île », « Grâce au programme Blue Lion Peugeot s’engage pour les générations futures », « Objectif ? Réduire les consommation s de carburants, les émissions de C02 et respecter l’environnement », sont totalement disproportionnées par rapport à l’impact environnemental réel de cette voiture. Faut-il rappeler que les voitures aujourd’hui ne sont pas propres, qu’elles ne respectent pas l’environnement, que ce n’est pas faire un geste pour la planète que d’en acheter une ? Que dire alors du vélo, du métro, qui sont bien meilleurs environnementalement. Cet abus de langage est. La Peugeot 207 pèse en moyenne 1,3 tonne et le modèle présenté ici émet, si vous arrivez à lire, 120 gr de CO2 par kilomètre. Pourquoi ne pas mettre en avant ce 120 grammes si la voiture respecte tellement l’environnement ? En cela, cette publicité ne respecte pas la directive européenne 1999/94/CE du Parlement et du Conseil européen, transposée en France en 2002. La publicité induit en erreur par la composition graphique (images et couleurs). La voiture est présentée sur fond de montagnes verdoyantes que sont les Salazes de la Réunion. Que faut-il comprendre ? Que cette voiture ne nuit pas à cette nature ? C’est absurde et mensonger, pour les raisons évoquées précédemment. La publicité affirme quelque chose de vague ou sans preuve. L’éloge maladroit de Peugeot est relayé par un site internet, sur lequel vous ne trouverez que des informations floues (www.peugeot-bluelion.re). La publicité surestime ou exagère le côté réellement vert du produit/société/service. Comme dit plus haut cette publicité est mensongère. Elle est une caricature de ce qui ce fait en ce moment dans la publicité automobile, à savoir mettre en scène un véhicule de manière à le considérer comme inoffensif envers la nature. De plus, elle renforce l’idée selon laquelle Peugeot est un défenseur de la nature alors que le constructeur est en retard sur les promesses qui ont été faites depuis dix ans sur l’amélioration de ses véhicules.]]. – FRANCE BETTERAVES : « Enfin une bonne nouvelle ! La France, premier producteur mondial de bioéthanol de betterave ». [[En décembre 2008, en pleine conférence des Nations unies sur le climat à Poznan (Pologne), le lobby France Betteraves choisit de communiquer abondamment dans la presse nationale et les lieux publics sur la « performance » de la France, « premier producteur mondial de bioéthanol de betterave », en mettant en avant des arguments écologiques et de créations d’emplois. Mais une analyse détaillée de ces derniers force à tirer un bilan beaucoup plus sombre. Ainsi les « centaines de millions d’investissements » sont largement des subventions publiques, venant en aide au secteur betteravier après la refonte de la politique sucrière de l’Union européenne, et payées par les contribuables. Les « milliers d’emploi créés » ne sont en réalité que des emplois maintenus dans la filière, l’administration française ayant elle-même conclu en 2005 que les effets sur l’emploi de la politique hexagonale en matière d’agrocarburants étaient largement surestimés. Les bénéfices environnementaux des agrocarburants sont également très contestables : l’étude 2007 de l’organe scientifique de la Commission européenne (JRC) fournit des résultats 30% moins bons que ceux avancés par France Betteraves, et l’étude 2009 de l’Ademe fournit des résultats pires encore L’argument pour le porte-monnaie des consommateurs est également erroné : l’éthanol sous forme d’E85 (85% d’éthanol, carburant pratiquement introuvable) est effectivement vendu 30% moins cher à la pompe, mais son rendement énergétique étant d’environ 30 % inférieur à celui de l’essence (ce qui augmente d’autant la consommation des véhicules), il n’a pas d’intérêt économique pour le consommateur. L’éthanol mélangé à l’essence, lui, a le même prix que le super. Plus globalement, la filière de la betterave française est très industrialisée, et fortement consommatrice du pétrole (engrais chimiques, mécanisation, transport, transformations). Elle est très loin d’un modèle agricole durable.Pour ces raisons, le Réseau Action Climat France et les Amis de la Terre ont porté plainte début 2009 devant le Jury de déontologie publicitaire de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), qui a majoritairement validé les arguments des associations en reconnaissant des « manquements aux recommandations « Développement durable » et « Arguments écologiques » de l’ARPP ».]].Cérémonie de Remise des « Prix Pinocchio du développement Durable »
Dans le cadre de leur campagne sur la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises, les Amis de la Terre ont lancé un appel au vote afin d’élire les entreprises dont le discours est faussement « développement durable » au regard de leurs activités réelles. Les prix Pinocchio ont été créés en 2008. Organisé dans une optique humoristique et ironique, l’événement a pour objectif de montrer le « vrai visage » de certaines grandes entreprises françaises et les impacts réels de leurs activités, notamment dans les pays du Sud. Les « Prix Pinocchio du développement durable » visent aussi à faire avancer le débat public sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Réunis autour de trois catégories, « Droits humains », « Environnement » et « Greenwashing », les lauréats 2009 de ces prix Pinocchio qui auront reçu le plus de votes des internautes sur www.prix-pinocchio.org seront dévoilés lors d’une cérémonie publique à laquelle nous avons le plaisir de vous convier : Le mardi 24 novembre 2009, à partir de 19 h à l’Entrepôt, 7 / 9 rue Francis de Pressensé, Paris 14ème – Horaires : 19h : Accueil 19h30/ 20h : Début de la cérémonie de remise des Prix Pinocchio Un cocktail apéritif vous sera proposé pour la soirée. Lieu : l’Entrepôt 7 / 9 rue Francis de Pressensé – 75014 Paris tél. : 01 45 40 07 50 – Accès : M° Pernéty – Ligne 13 Bus N° 62 – Arrêt Plaisance ou Hôpital St Joseph