Nous sommes à un moment de l’histoire qui pose un double défi à l’espèce humaine. D’un côté, une crise financière majeure et on nous prépare notamment à la sortie de l’euro, la faillite des états et des banques, voire une guerre civile… De l’autre, une crise écologique et énergétique : la fin programmée du pétrole, l’après-nucléaire, déforestation… Chaque jour passant les perspectives s’assombrissent et les commentateurs se déchaînent sur un avenir désormais incertain. Dans ce contexte d’actualité morose, l’édition au format poche de cet essai d’Hervé Kempf, journaliste au Monde, est salutaire. Il montre qu’en dépit des menaces l’avenir reste ouvert et l’optimisme justifié. « Est-il possible d’aller vers la sobriété sans passer par des secousses violentes ? Pouvons-nous éviter que les gouvernements capitalistes imposent une réponse autoritaire en tentant une ’relance’ aussi dommageable écologiquement qu’inutile ? Je ne sais pas. Face aux sombres perspectives, l’heure des hommes et des femmes de cœur, capables de faire luire les lumières de l’avenir, a sonné. »
Dans ce livre publié initialement en 2009 aux éditions du Seuil, Hervé Kempf prévenait cependant : « Or une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s’impose. Elle ne porte aucun projet, n’est animée d’aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Elle prétend que toute alternative est impossible. Cette représentation du monde méconnaît la puissance explosive de l’injustice, sous-estime la gravité de l’empoisonnement de la biosphère, promeut l’abaissement des libertés publiques. Pour l’auteur de ces pages incisives et bien informées, on ne résoudra pas la crise écologique sans s’attaquer à la crise sociale concomitante. Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd’hui les riches qui menacent la planète ». Je réédite donc le billet ci-dessous en date de 2009, pour vous inviter à lire les différents ouvrages de ce journaliste au Monde, spécialiste reconnu des questions sociales et environnementales qui, depuis, à publier un autre essai tout aussi décapant l’oligarchie ça suffit, vive la démocratiehttp://cdurable.info/Herve-Kempf-l-oligarchie-ca-suffit-vive-la-democratie-Seuil,3147.html qui analyse la crise de la démocratie au regard de la crise écologique et sociale.Du constat en 2007 : « Comment les riches détruisent la planète ? »…
« Le capitalisme est le racket légitime organisé par la classe dominante. » Al Capone, cité par Hervé Kempf. Le précédent ouvrage d’Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, a rencontré un grand succès aussi bien en France qu’à l’étranger. Écrit en 2006, ce livre démontrait déjà ce que nous constatons aujourd’hui : l’impasse du système, incapable d’assurer à tous un juste développement comme de garantir la survie des générations futures. Il écrivait donc en 2006 : « Résumons. Nous sommes entrés dans un état de crise écologique durable et planétaire. Elle devrait se traduire par un ébranlement prochain du système économique mondial. Les amorces possibles pourraient s’allumer dans l’économie arrivant à saturation et se heurtant aux limites de la biosphère : – Un arrêt de la croissance de l’économie américaine, minée par ses trois déficits géants – de la balance commerciale, du budget, de l’endettement interne. Comme un toxicomane qui ne tient debout qu’à doses répétées, les Etats-Unis, drogués de surconsommation, titubent avant l’affaissement ; – Un fort freinage de la croissance chinoise – sachant qu’il est impossible qu’elle tienne très durablement à un rythme de croissance annuel très élevé. » – Cet ouvrage vient d’être réédité en poche chez Seuil. Vous pouvez l’acheter sur le site de notre partenaire Eyrolles pour 5,70 € Face à ce constat, Hervé Kempf reste optimiste et veut croire à notre capacité à changer le monde.… à la solution en 2011 : « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme »
« Un autre monde est possible, il est indispensable, il est à notre portée. Le capitalisme, après un règne de deux cents ans, s’est métamorphosé en entrant dans une phase mortifère : il génère tout à la fois une crise économique majeure et une crise écologique d’ampleur historique. Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, en reconstruisant une société où l’économie n’est pas reine mais outil, où la coopération l’emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit. Dans un récit original, l’auteur explique comment le capitalisme a changé de régime depuis les années 1980 et a réussi à imposer son modèle individualiste de comportement, marginalisant les logiques collectives. Pour en sortir, il faut prioritairement se défaire de ce conditionnement psychique. L’oligarchie cherche à détourner l’attention d’un public de plus en plus conscient du désastre imminent en lui faisant croire que la technologie pourrait surmonter l’obstacle. Cette illusion ne vise qu’à perpétuer le système de domination en vigueur. Comme l’illustre la démonstration ancrée dans la réalité et animée de nombreux reportages, l’avenir n’est pas dans la technologie, mais dans un nouvel agencement des relations sociales. Ce qui fera pencher la balance, c’est la force et la vitesse avec lesquelles nous saurons retrouver l’exigence de la solidarité. » Au sommaire : – Le capitalisme, inventaire avant disparition – La névrose des marchés – Le mirage de la croissance verte – La coopération ou le despotisme – Extraits : – Hervé Kempf et la « bien-pensance écologique, nichée dans les détails » : « Tous les guides expliquant comment vivre en ‘vert’ se situent du point de vue de l’individu, jamais du collectif. (…) ‘Je me préserve des grosses chaleurs’, ‘je réutilise mes objets’, ‘je refuse les traitements chimiques’, ‘je démarre en douceur’, etc… Etre consom’acteur, chez Nature et Découvertes, invite à ‘consommer engagé’, puisque ‘consommer = voter’, et range les actions entre ‘ma cuisine’, ‘ma trousse de toilette’, ‘mon garage’, ‘mon atelier’… EDF, dans son guide ‘E = moins de CO2’, range l’univers entre ‘ma planète’ et ‘ma maison’. (…) Dans le paradis capitaliste, il suffit que nous fassions ‘les bons gestes pour la planète’, et ‘les politiques et les industriels suivront’. » – « Chacun, chaque groupe, pourrait dans son coin réaliser son bout d’utopie. Il se ferait sans doute plaisir, mais cela ne changerait pas grand-chose au système, puisque sa force découle du fait que les agents adoptent un comportement individualiste. (…) L’enjeu n’est pas de lancer des alternatives. Il est de marginaliser le principe de maximisation du profit en plaçant la logique coopérative au cœur du système économique. » – Pour sauver la planète, sortez du capitalisme de Hervé Kempf – Editeur : Points – Parution : 1 septembre 2011 – 150 pages – EAN13 : 978-2757824757 – Prix public : 6,50 €
Pour sauver la planète, sortez du capitalisme
Bonjour,
J’aimerais signaler qu’une excellente interview d’Hervé Kempf sur son dernier ouvrage est disponible en libre accès ici.
Amitié,
Jean-Pierre