Diversité, égalité des chances, salaires des patrons, parité… : les inégalités et les discriminations font aujourd’hui l’objet de toutes les attentions. Ce hors-série poche d’Alternatives Économiques se fonde sur le travail réalisé depuis 2003 par l’Observatoire des inégalités et rassemble les analyses des meilleurs spécialistes. Une lecture indispensable.
Avec les contributions de : Jean-Marie Barbier, Régis Bigot, Gwenaële Calvès, Robert Castel, Denis Clerc, Thomas Coutrot, Julien Damon, Laurent Davezies, Olivier Donnat, François Dubet, Marie Duru-Bellat, Mireille Elbaum, Jacques Freyssinet, Bartholomé Girard, Noam Leandri, Louis Maurin, Dominique Meurs, Nathalie Mons, Camille Peugny, Thomas Piketty, Sophie Ponthieux, Christophe Robert, Patrick Savidan, Pierre Saglio …La France inégale
Éditorial de Louis Maurin, journaliste à Alternatives Économiques et directeur de l’Observatoire des inégalités et Philippe Frémeaux, directeur de la rédaction d’Alternatives Économiques. Longtemps absentes du débat public, les inégalités et les discriminations font aujourd’hui l’objet de toutes les attentions. De la diversité à l’égalité des chances, en passant par la parité, les discours publics se renvoient le thème comme en écho. Mais que sait-on vraiment de ces inégalités? Malgré l’intérêt porté actuellement au sujet, les manques constatés par l’Observatoire des inégalités en 2003, lors de sa création, et très fréquemment soulignés dans les colonnes d’Alternatives Économiques depuis bientôt trente ans, n’ont été que très faiblement comblés. Qu’il s’agisse des revenus, des patrimoines ou encore de la santé, l’information manque souvent. Elle est pourtant indispensable pour dresser un état des lieux de notre société et évaluer les effets des politiques publiques. Pour nourrir un débat démocratique de qualité et prendre la mesure de l’écart immense qui sépare trop souvent le volontarisme affiché des discours et les effets concrets des politiques suivies. Face aux inégalités, il est trop facile de se payer de mots. A cette fin, ce hors-série poche offre un panorama des inégalités en France, en se fondant sur le travail réalisé par l’Observatoire des inégalités (www.inegalites.fr). Les données présentées ici, soigneusement sélectionnées, triées et vérifiées, renvoient l’image d’une France profondément marquée par des inégalités qui séparent les milieux sociaux, les générations, mais aussi les personnes selon leur sexe ou la couleur de leur peau. Plus grave encore, ces écarts s’accroissent depuis plusieurs années, dans des domaines aussi essentiels que l’emploi, les revenus, l’éducation ou la santé. Ce hors-série ne se limite pas au seul constat de la situation des inégalités et des discriminations dans la France d’aujourd’hui. Il rassemble également les analyses des meilleurs spécialistes des différents domaines étudiés. Des points de vue variés, parfois divergents, car la confrontation des perspectives est indispensable pour non seulement comprendre la situation présente, mais aussi identifier les leviers qui permettraient de réduire efficacement les inégalités. – Achetez ce hors-série (9,50 €) sur le site d’Alternatives Économiques en cliquant ici. EARTH HOUR – 60 minutes pour la planèteÉtat des lieux
– La naissance, une valeur orientée à la hausse par Patrick Savidan. Notre société est traversée par de profondes inégalités. Les origines sociales continuent de peser lourdement sur les trajectoires des individus, très loin de la promesse républicaine de « liberté, égalité, fraternité ». (article en accès libre). – « Beaucoup reste à faire en matière d’information sur les inégalités ». Entretien avec Jacques Freyssinet. Malgré des efforts récents, l’opacité du système public d’information sur les inégalités persiste.L’envolée des hauts revenus
– Les inégalités de revenus s’accroissent. Il ne s’agit pas d’une explosion généralisée, mais on constate une forte progression pour le haut de la pyramide des revenus et un arrêt de la réduction du taux de pauvreté. Et l’envolée du chômage va aggraver la situation. – Les écarts de niveau de vie. Globalement, les niveaux de vie continuent à progresser. Mais si l’on observe les évolutions en valeur absolue (en euros), les écarts de revenus augmentent. – Les hauts revenus. C’est tout en haut de la pyramide que les revenus progressent le plus. 5 400 euros mensuels supplémentaires pour les 0,1% des salaires les plus élevés entre 1996 et 2006, un vrai jackpot! Les patrons sont particulièrement bien lotis, comme les sportifs et les vedettes du show business. – Le patrimoine. Les inégalités de patrimoine sont encore plus fortes que celles de revenus. Le patrimoine assure la transmission des écarts de génération en génération. Et il est de moins en moins taxé. – La pauvreté. On exagère souvent le niveau de la pauvreté en France. Il n’en reste pas moins que des millions de personnes demeurent à l’écart de la société de consommation tant vantée par les médias et la publicité. Un phénomène que la crise va encore accroître. – « Une situation insupportable du point de vue de la justice sociale ». Entretien avec Thomas Piketty. Depuis les années 1980 aux Etats-Unis, et plus récemment en France, les inégalités de revenus s’accroissent. Cela représente un danger pour notre démocratie. – « Le discours anti-pauvres se banalise ». Entretien avec Pierre Saglio. Avec la montée du chômage, la pauvreté est plus que jamais d’actualité. De la stigmatisation des plus démunis à la question du logement, en passant par la mise en place du revenu de solidarité active (RSA), la lutte contre la misère doit être menée dans de multiples directions. – « Zéro SDF », une ambition soutenable par Julien Damon. L’objectif de ne plus compter de sans-abri n’est pas irréaliste. Mais pour l’atteindre, il faut revoir nos façons de faire. – Achetez ce hors-série (9,50 €) sur le site d’Alternatives Économiques en cliquant ici.Une école à plusieurs vitesses
Le système scolaire français est en grande partie formaté pour les enfants de diplômés. L’élite garde les meilleures places, les ouvriers et les employés en sont rapidement éliminés. Quant à la formation professionnelle, elle profite surtout aux cadres. – La formation initiale. La France est un des pays où le poids du milieu social a le plus d’influence sur la réussite scolaire. Une situation visible dès le premier degré et qui s’accentue à mesure que le niveau d’études augmente. – La formation professionnelle. Plus de la moitié des cadres bénéficient de la formation professionnelle, contre un peu plus d’un tiers des ouvriers. – Le poids des inégalités d’orientation par Marie Duru-Bellat. Les inégalités d’orientation à l’école pèsent autant que les inégalités de réussite. En effet, à résultats scolaires identiques, les questions d’accès à l’information et d’offre locale d’enseignement creuseront encore les différences. – Les paradoxes de l’égalité des chances par François Dubet. L’égalité des chances est un concept juste, mais aveugle aux inégalités sociales. En effet, il ne met pas en cause la façon dont se construit le mérite. – « Il faut un collège unique offrant un fort soutien individuel ». Entretien avec Nathalie Mons. Les systèmes éducatifs qui obtiennent les meilleures performances au niveau international conjuguent des filières uniques et un fort soutien individuel. Des pratiques dont l’Hexagone ferait bien de s’inspirer. – Achetez ce hors-série (9,50 €) sur le site d’Alternatives Économiques en cliquant ici.Inégaux face à l’emploi
La dégradation du marché du travail est l’un des principaux moteurs de la hausse des inégalités. Le chômage frappe d’abord les plus jeunes et les moins qualifiés. Les statuts précaires gagnent du terrain. Et deux millions de travailleurs disposent d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté. – Le chômage. La montée du chômage, en affaiblissant les salariés face aux employeurs, accroît les inégalités dans le monde du travail. Les jeunes, les femmes, les étrangers et les moins qualifiés sont les plus touchés. – Le statut d’emploi. La crise de l’emploi a fragilisé les statuts. Si la précarité n’est pas généralisée, elle touche un nombre croissant de salariés. L’accès à un contrat à durée indéterminée est devenu un avantage considérable, offrant une stabilité de vie dont ne disposent pas les précaires. – Les conditions de travail et d’emploi. La compétition sur le marché du travail a débouché sur le développement des emplois sous-payés et de la pauvreté laborieuse. Quant aux conditions de travail, elles se sont dégradées, surtout pour les catégories les moins qualifiées. – « Le seuil des deux millions de travailleurs pauvres est dépassé ». Entretien avec Denis Clerc. Crise économique oblige, le nombre de travailleurs pauvres s’élèverait aujourd’hui en France à plus de deux millions. Comment analyser le phénomène et quelles mesures envisager pour le réduire ? – Les inégalités face aux risques du travail s’aggravent par Thomas Coutrot. Depuis trente ans, les conditions de travail se sont globalement dégradées. Mais elles ne sont pas les mêmes selon que l’on est cadre, employé ou ouvrier, dans les services ou le BTP, en CDI ou intérimaire. Des inégalités qui ont tendance à s’accentuer, notamment sous l’effet du développement de la sous-traitance et de la polyvalence. – Achetez ce hors-série (9,50 €) sur le site d’Alternatives Économiques en cliquant ici.L’accès à la société de consommation
L’élévation des niveaux de vie a amélioré les conditions d’existence de tous. Mais du logement à la santé, en passant par les vacances, des franges entières de la population restent exclues de nombre de bienfaits de la société de consommation. Les inégalités restent particulièrement fortes en matière de pratiques culturelles. – Le logement. En France, plus de 3,5 millions de personnes sont mal logées. Les inégalités face au logement sont fortement liées au revenu et concernent donc en premier lieu les catégories modestes et les jeunes. – Les nouvelles technologies. Même s’il progresse, l’accès aux nouvelles technologies reste fortement inégal. Ages et milieux sociaux se combinent: d’un côté, les jeunes et les cadres supérieurs, de l’autre, les plus âgés et les milieux populaires. – La santé. Les inégalités de santé restent très importantes. Ainsi, tous les ménages sont loin de disposer d’une couverture santé complémentaire, ce qui limite ensuite leur accès aux soins. Par ailleurs, l’état de santé dépend en partie de l’appartenance sociale, notamment dans le cas de l’obésité. – Les services à domicile. L’emploi à domicile est un bon révélateur des inégalités existantes. Dans la pratique, le recours à ce type de service est réservé aux plus riches, lesquels sont aussi les principaux bénéficiaires des réductions d’impôts qui y sont liées. – Les vacances et la culture. Partir en vacances n’est pas permis à tout le monde: les cadres partent plus que les ouvriers. De même, les pratiques culturelles, lecture en tête, restent fortement marquées par l’appartenance sociale. – Rien ne va plus sur le front du logement ! par Christophe Robert. 3,5 millions de personnes sont sans domicile ou mal-logées et 6,5 millions pourraient le devenir. Les exclusions provoquées par les difficultés de logement sont considérables, mais la réponse politique n’est pas à la hauteur des enjeux. – « Internet n’est toujours pas accessible à tous ». Entretien avec Régis Bigot. Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) a publié fin 2009 son enquête annuelle sur l’équipement de la population en technologies de l’information (1). On reste encore loin d’un accès généralisé. – Les inégalités sociales de santé, une question politique oubliée par Mireille Elbaum. Les inégalités sociales de santé font l’objet de nombreuses recherches, mais qui restent malheureusement trop souvent ignorées par ceux qui décident des politiques publiques. – La politique des publics, parent pauvre de la démocratisation de la culture par Olivier Donnat. La politique culturelle française s’intéresse avant tout à l’offre, mais elle devrait davantage considérer les besoins du public. – Achetez ce hors-série (9,50 €) sur le site d’Alternatives Économiques en cliquant ici.Les catégories sociales les plus concernées
Jeunes, femmes, ouvriers, étrangers, homosexuels, handicapés: pour beaucoup, l’égalité officiellement proclamée n’est qu’un leurre. Souvent, en particulier dans l’emploi, les inégalités se cumulent pour constituer un système global qui pousse vers l’exclusion. – Les femmes. De l’éducation des jeunes filles aux discriminations dans l’emploi, en passant par le machisme de l’univers politique, un faisceau de facteurs construit la condition féminine. Qui s’améliore beaucoup plus lentement que le niveau de qualification des femmes. – « L’égalisation des salaires entre hommes et femmes n’est pas pour demain ». Entretien avec Sophie Ponthieux et Dominique Meurs Le mouvement de rapprochement des salaires entre les hommes et les femmes est aujourd’hui en panne. Comme si une fois atteint un certain seuil, le mécanisme de rattrapage était bloqué et la parité inaccessible. – Les jeunes. Les données globales masquent très souvent la situation des jeunes générations, plus durement frappées par la crise. Celles-ci souffrent en particulier de difficultés d’insertion sur le marché du travail, couplées à de fortes hausses du coût du logement. Encore faut-il distinguer parmi les jeunes, car certains s’en sortent beaucoup mieux que d’autres. – Les jeunes aux premières loges du mal-emploi. La dégradation du marché du travail depuis trente ans a entraîné pour une grande partie des jeunes l’allongement de la phase située entre la fin des études et l’entrée dans un emploi durable. – Les immigrés et les étrangers. Les immigrés et les étrangers sont victimes de deux formes d’inégalités qui se cumulent: les discriminations, qui touchent ceux qui se distinguent par leur couleur de peau, leur patronyme ou leur accent, et l’origine sociale, qui rend notamment plus difficiles les parcours scolaires. – Ne pas s’arrêter à la lutte contre les discriminations par Noam Leandri. Au nom de la lutte nécessaire contre les discriminations, on ne doit pas oublier de remédier aux inégalités sociales majeures dont sont victimes les étrangers. – Les personnes handicapées. Les personnes handicapées font l’objet de nombreux discours compatissants, mais concrètement, la prise en compte de leurs difficultés avance très lentement. Ces personnes souffrent à la fois d’obstacles physiques à l’intégration et de difficultés financières. – La diversité permet-elle de combattre les inégalités sociales? par Jean-Marie Barbier. La diversité est une notion à la mode et sa promotion tend même aujourd’hui à se substituer à la lutte contre les discriminations. Mais en encourageant des politiques spécifiques, elle ne s’attaque pas aux inégalités sociales. La situation des personnes handicapées, comme de bien d’autres, n’en sera pas améliorée. – Les milieux sociaux. On dit la France individualisée, alors que les milieux sociaux continuent à jouer un rôle considérable dans les parcours de vie. De l’école à l’emploi, en passant par les loisirs, l’origine sociale demeure un déterminant essentiel. Le déclin de l’univers ouvrier n’a pas effacé les classes sociales. – « Un quart des enfants de cadres sont déclassés ». Entretien avec Camille Peugny. Le déclassement, c’est-à-dire le fait de connaître une moins bonne réussite sociale que ses parents, n’est pas seulement subjectif, il s’agit également d’une réalité tangible qui touche une grande partie des groupes sociaux. – L’orientation sexuelle. La société française accepte de mieux en mieux l’homosexualité. Néanmoins, ceux qui s’éloignent de la norme de l’hétérosexualité se heurtent encore souvent à la violence, qui est plus souvent symbolique que physique. Insidieuse, elle se glisse dans de très nombreux discours et fait souffrir. – Lutter contre l’homophobie : une responsabilité collective par Bartholomé Girard. La lutte contre l’homophobie est relativement récente si on la compare à d’autres combats. Tout reste à faire dans ce domaine, et c’est de la responsabilité de l’ensemble de la société. – Achetez ce hors-série (9,50 €) sur le site d’Alternatives Économiques en cliquant ici.Des fractures territoriales
La France est un pays où l’on vit bien. Néanmoins, tout le territoire n’est pas logé à la même enseigne. Des disparités existent entre régions, départements et communes, notamment en ce qui concerne les revenus, le chômage et la santé. – Les niveaux de vie. Le niveau de vie moyen de notre pays masque des situations très variables. L’Ile-de-France, l’Alsace ou Rhône-Alpes sont beaucoup plus riches que le Nord, le Massif central ou le Languedoc-Roussillon. – Le chômage. Le taux de chômage est un bon indicateur des disparités entre territoires. On les retrouve certes entre les régions, mais aussi au sein de chaque région, entre départements. Et de manière beaucoup plus fine mais très révélatrice, au sein d’une même ville, entre les différents quartiers. – La santé. Les écarts d’espérance de vie entre régions reflètent avant tout les caractéristiques socioéconomiques des territoires, principalement la structure des emplois. Par ailleurs, l’offre de soins est loin d’être la même pour tous, les professionnels de santé étant principalement concentrés dans le Sud et en Ile-de-France. – La nouvelle divergence territoriale par Laurent Davezies. Les inégalités entre les régions, les départements et les villes françaises sont bien plus faibles qu’auparavant, mais les fractures spatiales se renforcent à l’intérieur des villes. L’essentiel des richesses d’un territoire provient de son peuplement et de son attractivité.Agir contre les inégalités
Établir un état des lieux des inégalités a surtout un intérêt si on va plus loin. La nécessité d’agir pour réduire les écarts est de plus en plus grande. Cela dépend certes des politiques publiques, mais chaque citoyen est également engagé: réduire les inégalités peut aussi se faire au quotidien. – Cinq priorités pour réduire les inégalités. Rendre la société plus juste passe par des mesures concrètes en faveur de l’égalité des chances et pour des hiérarchies moins pesantes. – Comment redistribuer la richesse par Denis Clerc. Lutter contre les inégalités, c’est en premier lieu mieux répartir la richesse, ce que doit faire l’Etat par ses politiques de redistribution. Reste que les dispositifs actuels ne sont pas efficaces. Ebauche de ce que pourrait être une vraie action redistributrice. – « Il faut inventer de nouvelles protections sociales ». Entretien avec Robert Castel. On observe aujourd’hui d’importantes transformations sociales à l’origine de nouvelles formes de pauvreté. Ces transformations doivent s’accompagner de nouveaux droits et protections. – Le quota, un instrument de lutte contre les discriminations? par Gwénaële Calvès. Le quota peut être un outil de lutte contre des discriminations et/ou de résorption des inégalités sociales. Mais l’utilisation actuelle qui en est faite, notamment dans l’affaire des quotas de boursiers dans les grandes écoles, est de plus en plus déconnectée d’un tel projet de rééquilibrage. – Contre les inégalités: engagez-vous! Du simple don d’argent au militantisme actif, en passant par les actes simples du quotidien, des pistes pour lutter contre les inégalités dans l’éducation, l’entreprise…, mais aussi chez soi. – Achetez ce hors-série (9,50 €) sur le site d’Alternatives Économiques en cliquant ici. EARTH HOUR – 60 minutes pour la planète