Danielle Nierenberg est chercheur senior à l’Institut Worldwatch, une organisation environnementale basée à Washington, DC. Elle voyage actuellement à travers l’Afrique subsaharienne évaluant des solutions durables pour l’environnement dans la lutte contre la faim et la pauvreté. Cette étude aboutira avec la sortie de L’état du monde 2011 : Des innovations qui nourrissent la planète. A suivre sur CDURABLE.info … chaque semaine une nouvelle initiative pour nourrir la Planète.
Cette semaine Danielle Nierenberg nous écrit du Niger pour partager un projet innovateur des agriculteurs de Maputo, au Mozambique : A Maputo, Mozambique, j’ai eu l’occasion d’assister à l’atelier sur les innovations agricoles organisé par Prolinnova, l’ONG espagnole Centro de Iniciativas para la Cooperación/Batá, et le Syndicat National des Agriculteurs du Mozambique (UNAC). Mais les agriculteurs n’étaient pas là pour recevoir une formation par l’ONG. Au lieu de cela, ils étaient à Maputo pour partager leurs expériences et pour apprendre les uns des autres sur plusieurs innovations que chaque agriculteur pratique dans sa communauté. Energindo Paulo, de la province de Nicassa, par exemple, était là pour expliquer comment faire les «pesticidas naturais» : des pesticides naturels et non toxiques qui protègent les cultures. Ses ingrédients, notamment les feuilles de margousier (ou neem), ont été exposés sur le sol devant lui, tandis qu’il parlait des différentes méthodes pour lutter contre les ravageurs. Lorsqu’Energindo a terminé sa présentation, les 50 agriculteurs ont posé des questions sur la façon d’appliquer les pesticides – directement sur les feuilles – et combien de temps ils devraient attendre après l’application des pesticides avant de pouvoir manger le produit – deux ou trois jours. Tout au long de la matinée, les agriculteurs ont présenté d’autres innovations et pratiques – notamment comment prévenir les maladies qui affectent leurs cultures et leurs fruitiers et comment élever les poissons. Selon Santiago Medina de Batá, l’atelier était l’aboutissement d’une série d’ateliers que Batá/Prolinnova/UNAC avaient organisés en 2009 pour aider les agriculteurs à identifier des innovations dans leurs communautés et pour les partager avec d’autres agriculteurs. Ils voudraient sélectionner 12 à 14 innovations et pratiques identifiées lors des ateliers pour publier un livre qui sera traduit en trois langues du Mozambique et permettre ainsi que ces innovations bénéficient à tout le pays. Et les ateliers aident les agriculteurs à améliorer leurs pratiques et à investir dans la connaissance locale. – Photo : Bernard Pollack (De gauche à droite) avec Danielle, Santiago Medina, Jacinta Mutambe et Gonsales Alicia Sosa à l’atelier de l’agriculteur à Maputo, au Mozambique. – Plus de photos dans la Galerie de Nourrir la PlanèteNourrir la Planète : Evaluation des solutions durables pour l’environnement afin de réduire la faim dans le monde et la pauvreté en milieu rural
Un projet du Worldwatch Institute soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates Le développement agricole arrive à un carrefour. Près d’un demi-siècle après la Révolution Verte – la première tentative systématique à grande échelle pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde – une grande partie de la famille humaine souffre encore de la faim. Dans le même temps, les investissements dans le développement agricole par les gouvernements, les banques internationales et les fondations sont à leur plus bas niveau historique. Ceci ne pouvait arriver à un plus mauvais moment. La complexité des forces démographiques, économiques et naturelles concourent à rendre plus difficile le défi pour réduire la faim. Ceux-ci incluent la hausse vertigineuse des prix du pétrole et des denrées alimentaires ainsi que le changement climatique et la persistance d’accords commerciaux injustes. Cependant, cette crise nous donne l’opportunité de recentrer l’attention de l’opinion publique sur les ressources alimentaires, l’agriculture et les zones rurales. De façon globale, il s’agit de redonner priorité à la sécurité alimentaire. Dans les prochaines années, les preneurs de décision et les donateurs vont à nouveau attribuer des fonds au développement agricole, ces derniers auront donc grand besoin d’être conseillés. Durant des dernières décennies, a émergé une nouvelle génération d’approches innovantes pour soulager la faim. Celles-ci proviennent de communautés de fermiers, d’organisations bénévoles privées, d’universités et de compagnies agro-alimentaires. La plupart de ces approches offrent des modèles utiles pour des projets à grande échelle. Cependant, il semble de plus en plus évident que combiner les approches (techniques conventionnelles combinées à des approches agro-écologiques ou des méthodes d’auto-évaluation protégeant les ressources naturelles) est plus efficace en termes de productivité, de revenu et de durabilité. Le projet Nourrir la Planète établira une évaluation des nouvelles techniques agricoles – des méthodes de récoltes aux technologies d’irrigation et aux politiques agricoles – en mettant l’accent sur le développement durable, la biodiversité, la santé des écosystèmes ainsi que la productivité. Le projet a un double but : celui d’informer sur les efforts mondiaux pour éliminer la faim et celui de promouvoir ces efforts. Le projet étudiera également les infrastructures institutionnelles nécessaires à chacune des approches, en suggérant les investissements complémentaires pouvant contribuer au leur succès – des banques de semences locales aux installations de traitement et aux bureaux de marketing. Le projet aboutira à la parution de State of the World 2011, un rapport complet sur la situation de l’agriculture ainsi que des documents d’informations dérivés, des résumés, des vidéos et des podcasts. Ce rapport fera office de guide pour les fondations, et les donateurs désirant soutenir les actions les plus efficaces dans le domaine de l’agriculture, dans des contextes agro-écologiques et socio-économiques divers. Les conclusions de ces recherches seront mises à la disposition des nombreux milieux influents dans le domaine agricoles, y compris les ministères des gouvernements, les décideurs en matière de politiques agricoles ainsi que les communautés de fermiers et les organisations non-gouvernementales dans le domaine de l’environnement (dont l’influence va en s’accroissant). Mettant l’accent sur les recherches de terrain, la co-directrice du projet Danielle Nierenberg est actuellement en déplacement en Afrique sub-saharienne afin de rencontrer des fermiers et communautés de fermiers, des représentants de gouvernements locaux, des donateurs et des organisations non-gouvernementales.