Des cuisinières plus efficientes jusqu’à la récupération des gaz fuyant des canalisations en passant par la mise en place de pièges à particules sur les moteurs diesel. Un nouveau rapport du PNUE met en lumière des actions peu coûteuses pour réduire les émissions de noir de carbone, de méthane et les niveaux d’ozone troposphérique.
Une action rapide pourrait à court terme réduire d’environ un demi-degré Celsius le réchauffement climatique, réduire de plus de deux millions par an les décès liés à la pollution atmosphérique et améliorer la sécurité alimentaire.
La moitié des réductions des émissions de noir de carbone et de méthane seront peu ou pas coûteuses.
Un ensemble de 16 mesures pourrait, s’il est intégralement mis en œuvre dans le monde, sauver près de 2,5 millions de vies par an, éviter les pertes de cultures qui s’élèvent à 32 millions de tonnes par an et réduire à court terme le réchauffement climatique d’environ un demi-degré, d’ici à 2040.
Le rapport estime que la mise en œuvre de ces mesures pourrait contribuer à maintenir l’augmentation des températures mondiales en deçà de l’objectif de 2 degrés Celsius, du moins jusqu’au milieu du siècle.
Les mesures, présentées dans un nouveau rapport préparé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) avec l’aide d’une équipe internationale d’experts, visent les agents de forçage du climat de courte durée de vie (les SLCF, « short-lived climate forcers ») que sont le noir de carbone, un des principaux composants de la suie, le méthane et l’ozone troposphérique.
Le rapport souligne qu’une action rapide sur les agents de forçage du climat de courte durée de vie ne permettra pas de maintenir l’augmentation des températures mondiales en deçà de l’objectif de 2 degrés Celsius, à moins que les gouvernements n’agissent de façon décisive sur le principal gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone (CO2).
Financé par le gouvernement de Suède, le rapport estime qu’environ la moitié des réductions d’émissions de noir de carbone et de méthane peuvent être réalisées grâce à des mesures qui permettraient de réduire les coûts pendant la durée de l’investissement.
C’est parce que certaines de ces mesures (par exemple, la récupération des gaz durant la production de pétrole) permettent de recueillir le méthane comme une source de combustible propre.
Réduire les émissions de noir de carbone en remplaçant par exemple les cuisinières et les fours à briques traditionnels inefficients permet également de faire baisser les dépenses en combustibles pour les ménages et les utilisateurs de ces fours.
Le rapport souligne d’autres avantages économiques, sociaux et environnementaux qui ne sont pas pris en compte dans les coûts totaux de cette évaluation, notamment :
– L’amélioration du traitement des eaux usées contribuera à réduire les émissions de méthane tout en améliorant l’assainissement et la qualité de l’eau.
– La récupération du méthane issu des mines de charbon (effectuée pour des raisons de sécurité au travail ainsi que pour la valeur économique du méthane en tant que source d’énergie de combustion propre), offrira des bénéfices significatifs pour la santé et l’environnement.
Le rapport a été commandé par des pays développés et en développement et se base sur dix années de recherche scientifique, avec au départ le projet Atmospheric Brown Cloud du PNUE puis, plus récemment, des évaluations réalisées par le PNUE et l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
En juin 2011, le PNUE et l’OMM ont publié un rapport intitulé Integrated Assessment of Black Carbon and Tropospheric Ozone (Évaluation intégrée du noir de carbone et de l’ozone troposphérique), lequel souligne les bénéfices sanitaires, agricoles et environnementaux probables d’une action rapide sur ces polluants.
Le rapport paru en juin met également l’accent sur le lien entre les émissions de méthane et la formation de l’ozone troposphérique, et conclut que le méthane contribue pour près de moitié à l’augmentation de la concentration de fond en ozone dans le monde.
Cela explique en partie pourquoi les concentrations en ozone troposphérique dans l’hémisphère Nord ont triplé ces cent dernières années.
En effet, l’ozone troposphérique est devenu le troisième facteur contribuant au changement climatique induit par l’homme, après le dioxyde de carbone et le méthane.
L’ozone troposphérique réduit également les rendements agricoles et nuit à la santé humaine lorsqu’il est inhalé.
Le noir de carbone, ainsi que d’autres composants des particules en suspension (émis en raison d’une mauvaise combustion, à partir d’un large éventail de sources, notamment les cuisinières et les moteurs diesel), constituent une des causes majeures de décès prématurés résultant de la pollution extérieure et intérieure.
Il est également susceptible de réchauffer l’atmosphère et, lorsqu’il se dépose sur les calottes glacières et les glaciers, d’accélérer la fonte puisque la réflexion de la lumière du soleil dans l’espace est moins importante.
Une action rapide sur les agents de forçage du climat de courte durée de vie pourrait diminuer de façon significative le niveau du réchauffement en Arctique et réduire le réchauffement prévu d’ici à 2040 de 0,7 degré Celsius, entraînant d’importants effets pour la vie et la subsistance des populations arctiques, la biodiversité et l’élévation générale du niveau des mers.
Achim Steiner, secrétaire général adjoint de l’ONU et directeur exécutif du PNUE a déclaré : « Les arguments scientifiques en faveur d’une action rapide sur ce que l’on appelle les « agents de forçage du climat de courte durée de vie » ont été développés de façon suivie durant plus de dix ans. La question que les gouvernements se posent aujourd’hui est de savoir quelles sont les options et priorités d’action, ainsi que les avantages probables en termes de coûts pour élaborer une réponse permettant de rapidement gérer ces substances. »
« Ce rapport fournit cette analyse et propose des moyens et des politiques permettant aux nations, en agissant à l’échelle nationale, régionale et mondiale, d’obtenir des gains remarquables en termes de transition à court terme vers une économie verte à faibles émissions et utilisant les ressources de manière efficiente. »
« Pour certains pays, les avantages majeurs consisteront en améliorations peu coûteuses en matière de pollution atmosphérique et de réduction des maladies et des décès. Le noir de carbone, par exemple, pourrait être contrôlé aux termes d’accords nationaux et régionaux sur la qualité de l’air. D’autres pays reconnaissent les avantages en matière de sécurité alimentaire, à savoir une baisse des dommages causés aux cultures dans un monde comptant désormais sept milliards de personnes », a expliqué M. Steiner.
« Pour d’autres encore, ce sont les bénéfices climatiques à l’échelle régionale et mondiale auxquels ils pensent en premier. Quelle que soit la motivation, le rapport présente les coûts et les bénéfices pouvant jouer un rôle dans la transition vers un XXIe siècle durable, à l’heure où les gouvernements se préparent au sommet de Rio+20 qui aura lieu en juin l’année prochaine », a-t-il ajouté.
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Principales options pour une action rapide dans la mise en œuvre de la réduction des SLCF
Une action rapide sur les agents de forçage du climat de courte durée de vie est nécessaire pour permettre des améliorations en matière de changement climatique, de santé et d’agriculture sur le court terme. Le rapport regroupe les actions en quatre catégories basées sur les coûts relatifs, tout en examinant également les avantages régionaux et les sources régionales des différents polluants. Les 16 mesures identifiées dans le rapport sont organisées en quatre catégories, basées sur leurs coûts relatifs. Toutes ces mesures ont été testées et éprouvées dans différents pays, à divers niveaux. Par exemple, la plupart des pays européens ont déjà interdit la combustion des déchets agricoles, et ceci peut être étendu à d’autres régions. Des cuisinières plus efficientes sont déjà introduites dans différentes régions du monde, notamment en Afrique de l’Ouest, en Chine et en Inde. Des normes d’émissions, telles que la norme Euro 6, sont mises en place pour les véhicules, en Europe et dans d’autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ainsi que dans certains pays non membres de l’OCDE.Noir de carbone
Au total, neuf mesures prioritaires sont identifiées pour réduire les émissions de noir de carbone, avec d’importants bénéfices attendus pour la santé et l’environnement. Passer de cuisinières traditionnelles à biomasse à des cuisinières plus efficientes équipées de ventilateurs ou à des fours fonctionnant au gaz de pétrole liquéfié ou au biogaz, offre le plus grand potentiel de réduction des émissions en Afrique, dans la région Asie-Pacifique et, dans une certaine mesure, en Amérique latine et dans les Caraïbes. – Ce type d’action est également une mesure peu ou pas coûteuse qui représenterait presque 25 % de l’avantage climatique total, en mettant en œuvre les 16 mesures sur les agents de forçage du climat de courte durée. – L’adoption de cuisinières plus efficientes permettrait aux ménages et aux communautés de gagner du temps et de l’argent, notamment en termes de collecte et d’achat de bois de chauffage et d’autres combustibles. – Le coût de remplacement des cuisinières traditionnelles par des cuisinières plus respectueuses de l’environnement peut paraître faible au regard des standards internationaux. Toutefois, ce coût peut représenter un importante charge financière pour les utilisateurs locaux dans les pays en développement,. En Amérique du Nord et en Europe, le remplacement des poêles à bois domestiques traditionnels par des poêles et des chaudières à granulés permettrait aussi de réduire considérablement les émissions de noir de carbone (environ 2 % de l’ensemble des avantages climatiques, selon les estimations). Le remplacement des fours à briques traditionnels par des fours plus efficients entraînerait des économies de coûts de l’ordre de 7 dollars par tonne équivalent CO2. – Les fours à briques verticaux utilisent environ la moitié de l’énergie par brique fabriquée et donc moitié moins de coûts en combustible par rapport aux fours traditionnels. Réduction des émissions de méthane pour réduire l’ozone troposphérique En matière de méthane, sept mesures sont identifiées. Les principales réductions proviendraient de la réduction des émissions provenant des mines de charbon et des processus liés à la production et au transport du pétrole et du gaz, ainsi que de la capture du méthane dans les décharges. À l’échelle mondiale, près de la moitié du potentiel de réduction du méthane est réalisable grâce à des mesures qui accroîtront les économies réalisées pendant la durée de l’investissement. Les estimations de coût ont été calculées en fonction de deux perspectives différentes : – Une perspective de planification sociale, dans laquelle les investissements dans les mesures du noir de carbone et de capture du méthane représentent un avantage pour la société et où les économies réalisées sont escomptées pendant la durée de l’investissement. – Une perspective d’entreprise, qui attend un retour plus rapide sur investissement et dans laquelle la mise en œuvre de mesures de réduction du noir de carbone et du méthane peut s’avérer problématique sans accès à des financements adéquats. En Amérique du Nord, en Europe et ailleurs, la séparation et le traitement de la part biodégradable des déchets municipaux présente des avantages importants. À l’échelle mondiale, cela représente presque 10 % des bénéfices climatiques attendus d’une action rapide. Dans certaines régions d’Asie, le fait d’exposer à l’air, de manière intermittente, les rizières constamment inondées dans le cadre de systèmes de gestion améliorés, comme cela se fait désormais en Chine, peut présenter également des avantages. Au niveau mondial, les bénéfices climatiques, en pourcentage des actions menées sur les agents de forçage du climat de courte durée de vie, sont légèrement supérieurs à 3 %. Le rapport évoque les actions nationales pouvant contribuer à la réduction rapide des agents de forçage du climat de courte durée (incitations fiscales, réglementation, éducation du public, subventions ou prêts pour acheter par exemple des cuisinières plus efficientes, etc.). Les actions régionales peuvent inclure le contrôle des polluants, tels que le noir de carbone, dans le cadre d’accords régionaux sur la qualité de l’air. Par exemple, la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance de la Commission économique de l’ONU pour l’Europe et son protocole de Göteborg sont en cours de révision afin d’y inclure éventuellement le noir de carbone comme composant des particules atmosphériques. À l’échelle mondiale, il existe des possibilités d’actions complémentaires qui appuient les traités internationaux, telles que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en ce qui concerne le méthane et l’ozone troposphérique. Fédérer les organisations internationales autour d’objectifs communs de protection du climat à court terme pourrait être une manière efficace d’intégrer les initiatives existantes et de réduire le double emploi et l’utilisation inefficiente des ressources, tout en aboutissant à une atténuation de l’impact des agents de forçage du climat de courte durée de vie dans différents secteurs, à l’échelle internationale.Ressources
– Le rapport est disponible à l’adresse : http://www.unep.org/publications/ebooks/SLCF/ – Le rapport a été rédigé en collaboration avec le Stockholm Environment Institute (SEI) qui a coordonné une équipe internationale d’une trentaine d’auteurs. Le rapport a également été revu par une cinquantaine d’experts internationaux. – Le discours prononcé par Achim Steiner lors de la rencontre ministérielle sur les SLCF au Mexique (12 septembre 2011) est disponible en anglais à l’adresse : http://www.unep.org/newscentre/default.aspx?DocumentID=2654&ArticleID=8854 – Un résumé (en anglais) du rapport de PNUE « Integrated Assessment of Black Carbon and Tropospheric Ozone » est disponible en ligne à l’adresse : http://www.unep.org/dewa/Portals/67/pdf/BlackCarbon_SDM.pdfContacts
– Nick Nuttall, directeur par intérim et porte-parole de la Division de la communication et de l’information du PNUE, tél. +41 795 965 737 ou +254 733 632 755 ; – Shereen Zorba, chef du service d’informations du PNUE, tél. +254 78852 6000 ;À propos du PNUE
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) est la voix du système des Nations Unies en matière d’environnement. Créé en 1972, sa mission consiste à diriger et à encourager les partenariats pour s’occuper de l’environnement en inspirant, informant et permettant aux nations et aux populations d’améliorer leur qualité de vie sans compromettre celle des générations futures. Le PNUE joue le rôle de défenseur, d’instructeur, de catalyseur et de facilitateur œuvrant à promouvoir l’utilisation avisée et le développement durable de l’environnement mondial. À cette fin, le PNUE collabore avec de nombreux partenaires, dont des organes des Nations Unies, des organisations internationales, des gouvernements nationaux, des organisations non gouvernementales, le secteur privé, les médias et la société civile. Le travail du PNUE consiste à offrir son soutien dans l’évaluation et les comptes rendus environnementaux, le renforcement juridique et institutionnel et l’élaboration de politiques environnementales, l’utilisation et la gestion durables des ressources naturelles, l’intégration du développement économique et de la protection environnementale, la promotion de la participation publique à la gestion de l’environnement. Solange Montillaud-JoyelCommunications & Publications
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