Les Amis de la Terre se réjouissent de l’annonce de la fin des subventions aux énergies fossiles par les dirigeants du G20 réunis à Pittsburgh (Etats-Unis), mais craignent que cette mesure ne vise que les consommateurs en oubliant les subventions aux multinationales productrices de fossiles.
Chaque année, l’industrie fossile bénéficie de milliards d’euros de soutien public des Institutions financières internationales (Banque mondiale, Banque européenne d’investissement) et des agences publiques de crédit à l’exportation (la Coface en France). Ces fonds publics soutiennent des projets très émetteurs de gaz à effet de serre et souvent destructeurs pour les pays hôtes, et profitent à des multinationales déjà richissimes. Dans un contexte d’urgence climatique, les Amis de la Terre demandent au G20 de mettre fin dans les plus brefs délais à toutes les subventions aux multinationales des fossiles, sans céder aux pressions des lobbies industriels. Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne aux Amis de la Terre, explique : « Il y a deux formes principales de subventions aux fossiles : on peut aider le producteur, ou le consommateur. Dans les pays en développement, ces subventions prennent encore souvent la forme d’aides à la consommation. Mais dans les pays riches, les subventions aux fossiles sont principalement des soutiens publics aux producteurs. Ainsi, les Etats-Unis ont déjà largement éliminé les aides à la consommation mais ils continuent à soutenir leurs compagnies pétrolières par des aides de leur agence de crédit à l’exportation ou des prêts de banques publiques. Pour lutter contre les changements climatiques de manière cohérente, les pays industrialisés doivent cesser leurs soutiens publics aux producteurs de fossiles. Ne viser que les aides aux consommateurs en « oubliant » les multinationales pétrolières ne serait pas crédible. » Entre 2004 et 2008, le secteur pétrolier français a bénéficié de 404 millions d’euros de soutien public national dont 392 millions au titre de garanties publiques aux exportations via la Coface. De nombreuses entreprises pétrolières ou para-pétrolières ont bénéficié de ces garanties, ainsi que plusieurs organismes de recherche publics. Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes, rappelle : « Le secteur pétrolier est déjà l’un des plus lucratifs au monde ; le groupe Total a accumulé plusieurs dizaines de milliards d’euros de bénéfices nets ces dernières années. Soutenir publiquement la production d’énergies fossiles augmente mécaniquement leur consommation en les rendant moins coûteuses, pénalise en comparaison les énergies renouvelables, crée très peu d’emplois et aggrave notre dépendance fossile et notre déficit extérieur. C’est climatiquement et économiquement aberrant. Il faut arrêter le principe du pollueur payé ! » Le dernier rapport des Amis de la Terre dénonce le rôle majeur des Institutions financières internationales dans le soutien public aux fossiles : il révèle que la Banque mondiale a doublé ses financements aux fossiles en 2008, tandis que la Banque européenne d’investissement (BEI) a investi quatre fois plus d’argent dans les fossiles que dans le solaire, l’éolien et le bois biomasse réunis ces cinq dernières années. Anne-Sophie Simpere poursuit : « Aujourd’hui encore, une banque publique comme la BEI, qui appartient aux Etats membres de l’Union européenne, peut accorder des millions d’euros à la multinationale italienne du pétrole ENI pour des raffineries. Pourtant, dès novembre 2007 le Parlement européen avait appelé la BEI à arrêter le financement des fossiles : la BEI l’a ignoré et continue de se comporter comme n’importe quel investisseur privé, au mépris des engagements climatiques de l’UE. Le G20 doit s’assurer que ses annonces seront suivies d’effet. »