C’est, à en croire Newsweek, l’économiste le plus cité au monde, dixit aujourd’hui Libé. Dans le monde en développement ou les sommets alters, assurément. A domicile, Joseph Eugene Stiglitz, natif de Gary, ville-acierie de l’Indiana frappée de plein fouet par la crise, tient plutôt de «l’homme le plus incompris d’Amérique», dixit Newsweek. Le Prix Nobel d’économie en 2001, qui vient de remettre son rapport au Président de la République, est aujourd’hui un homme courtisé par tous les médias. A commencer par Libération qui aujourd’hui le consacre « invité spécial » du journal. Petite revue de presse sur l’homme qui milite pour que la richesse ne se résume pas au seul PIB et intègre enfin le bien-être.
Libération : Stiglitz, l’économie à visage humain
De grands airs de «révolution» verbale ont soufflé hier dans l’amphithéâtre de la Sorbonne. «Il y aura un avant et un après ce rapport», a ainsi célébré Nicolas Sarkozy, rapport dont il entend se faire le porte-voix partout dans le monde. Christophe Alix et Christian Losson tracent aujourd’hui dans Libé le portrait de l’économiste. De l’urgence à reconsidérer le calcul de la richesse d’une nation à celle de repenser la réforme du système capitaliste, l’économiste américain, Joseph Stiglitz, se confie également à Libération dans un entretien avec Laurent Joffrin. Laurent Joffrin qui signe un éditorial dithyrambique en forme d’hommage : « Le bonheur ? Une idée neuve dans la mondialisation. On ne saurait surestimer l’importance de la proposition formulée dans son rapport par Joe Stiglitz, notre rédacteur en chef d’un jour et prix Nobel d’économie. Avec Amartya Sen, autre prix Nobel, et Jean-Paul Fitoussi, l’un des meilleurs économistes français, il propose de révolutionner non l’économie mais la manière dont l’opinion et les politiques l’envisagent. S’il est entendu – et l’on veut croire que l’engagement du président Sarkozy sur ce thème soit autre chose qu’une posture – ce serait une étape importante dans la réforme des esprits indispensable à l’humanisation du système efficace, mais impitoyable et dangereux, dans lequel nous évoluons. Ce ne sont, à ce stade, que des mots et des chiffres. Mais la prise en compte des indicateurs sociaux et écologiques dans la mesure de la performance d’une société changerait notre vision du monde futur. L’homme y retrouverait insensiblement sa place à côté – ou à la place ? – de l’implacable logique des marchés. Citons le Président, qui n’a pas toujours appliqué, loin s’en faut, sa nouvelle maxime : «Si les marchés avaient la bonne réponse à tout, cela se saurait.» Joe Stiglitz plaide la neutralité politique des nouveaux instruments qu’il propose. C’est une habileté rhétorique. Keynésien, réformiste, il sait fort bien que la montée en puissance, à côté du PNB, d’un BNB, «Bonheur national brut», infléchirait progressivement vers la gauche le cours de la politique démocratique. » – Consulter le site de Libération – Abonnez-vous à LibérationLa Croix : « Il manque aux Etats-Unis une vraie volonté pour affronter le milieu financier »
Hier le quotidien La Croix publiait dans ses colonnes un entretien avec Joseph Stiglitz qui tire les leçons de la crise. Extraits. – La Croix : Quelle forme prendra la reprise : un U, un V, un W ? Joseph Stiglitz : « Je pense que nous avons le choix entre un U, avec un fond très plat et long de plusieurs années, ou un W. Car si les problèmes immobiliers s’aggravent, nous risquons d’avoir un nouveau choc sur les marchés financiers ». – La Croix : Vous n’êtes pas très optimiste… Joseph Stiglitz : « Je ne connais personne qui le soit. La situation est meilleure qu’elle ne l’a été. Nous nous sommes éloignés du bord du précipice, nous avons empêché le système de s’effondrer, mais cela n’a pas été fait sans un coût, qui pourrait avoir des répercussions sociales. On entend déjà parler d’économies au niveau des caisses de retraites et autres avantages sociaux ». – La Croix : Nicolas Sarkozy prône un nouvel ordre économique mondial. Est-ce possible ? Joseph Stiglitz : « C’est difficile à dire. Pour l’instant, les réformes ont été très lentes. Nombreux sont ceux qui redoutent, si une reprise pointe son nez, que l’élan pour la réforme financière disparaisse. D’une certaine façon, je pense que le système financier aujourd’hui est pire qu’avant la crise. Il est plus concentré. Les normes comptables des banques sont plus opaques qu’avant. Et les salles de marchés ont renoué avec la spéculation. Nous sommes allés dans la mauvaise direction. » – Lire l’intégralité de l’entretien sur le site de La CroixMarianne : Sarkozy, accro aux chiffres, entre en cure de désintox
La «religion du chiffre», c’est fini. C’est Sarkozy qui l’a dit, lundi, à la Sorbonne. Maintenant, on parlera en mots, on parlera du bonheur, du bien-être, et pas de la croissance ou du PIB. Mais, c’est Sarkozy, qui parle ? Il était pas accro au chiffres, lui, avant ? s’interroge sur le site de Marianne, Jessica Thomas. Extrait : Nicolas Sarkozy renonce. Craquage. Nous entrons désormais dans une nouvelle ère. Le qualitatif au lieu du quantitatif. Mes frères, mes soeurs, nous allons devoir changer de dieu. Révolution spirituelle sans précédent. La croissance ne se mesurera plus jamais de la même façon. Désormais, il faut prendre en compte des critères comme le bonheur. Et c’est Joseph Stiglitz, prix nobel de l’économie, qui se charge d’élaborer ces nouveaux indicateurs. Nicolas Sarkozy a trouvé une nouvelle croisade: il s’est dressé lundi, à la Sorbonne, contre la « religion du chiffre ». Lire la suite de l’article sur le site de MarianneMediapart : A la Sorbonne, Stiglitz et le Président jouent aux pionniers
Que retenir du grand barnum de la Sorbonne, organisé lundi 14 septembre à l’occasion de la remise du rapport dirigé par Joseph Stiglitz sur les mesures de la croissance et du progrès social ? s’interrogeait hier Ludovic Lamant sur le site de Mediapart. Un texte de fond, qui fera date, doublé d’une mise en scène douteuse, qui aura permis à Nicolas Sarkozy d’enfiler les habits d’un courageux défricheur de la science économique, à quelques jours du G-20 de Pittsburgh. Quitte à oublier les grands textes fondateurs. Lire l’article sur Mediapart.fr