Récompensé par de nombreux prix décernés dans le monde entier, « Crud » a été couronné en 2009 par un grand prix du jury au Festival de Sundance, le rendez-vous mondial du cinéma indépendant. Ce film, dont la sortie est programmée en 2010 en France, raconte l’histoire de l’un des plus grands scandales environnementaux des cinquante dernières années, parfois appelé « Tchernobyl de l’Amazonie ». De quoi est-il question ? De la pollution sans précédent de l’Amazonie équatorienne par l’entreprise pétrolière Texaco. Et de ses effets sur les populations locales.
Dans cette région, il y a, en effet, un avant et un après. Avant : les anciens racontent un « paradis », un passé où la « jungle était propre ». Des années 1960 à 1990, la multinationale Texaco, désormais rebaptisée Chevron, a exploité en toute impunité le pétrole de ces territoires qu’elle disait « vierges de toute civilisation ». Aujourd’hui, le pétrole est partout : visible lorsqu’il stagne dans de grandes flaques noires et nauséabondes ; insoupçonnable mais bien présent en sous-sol lorsque ces fosses ont été comblées à la va-vite. Dans tous les cas, il pollue l’air, les cours d’eau et tue les Indiens issus des communautés Secoya, Siona, Cofan, Huaorani ou encore Quechua. Depuis 1993, quelque 30 000 victimes poursuivent l’entreprise en justice. Et c’est pendant cette procédure, entre mars 2006 et juin 2008, que le réalisateur Joe Berlinger pose sa caméra. Saisissant d’un côté la parole des victimes, ou des récits de l’enfer : un Indien Cofan qui a d’abord vu les déchets toxiques envahir son cours d’eau, puis mourir ses deux fils, empoisonnés par cette même eau ; une femme installée à 10 mètres d’une station pétrolière, atteinte d’un cancer comme sa fille de 18 ans ; ces nourrissons couverts de boutons purulents… Et, en face, l’incroyable discours de déni : « La concentration en métaux lourds ou en hydrocarbures n’est une menace ni pour la santé ni pour l’environnement », assure le géant pétrolier. L’avocat de la société accuse les indigènes de s’être lancés dans cette action en justice pour l’appât du gain. Malgré de notables avancées, le procès – à l’américaine, avec son lot d’avocats, de stars du show-biz, d’ONG, de stratégies médiatiques et de jeux de pression – n’est pas encore terminé. En effet, en mauvaise posture, ChevronTexaco a commencé une campagne de lobbying agressif pour retourner le procès à son avantage. La justice équatorienne devrait rendre son verdict sous peu dans cette affaire… A suivre… En attendant sa sortie prochainement au cinéma, vous pouvez voir ce documentaire : – Sur la chaîne Planète : Diffusions lundi 15 mars à 20h40, mercredi 17 mars à 13h30 et samedi 20 mars à 22h30. – Au cinéma UGC Ciné Cité Strasbourg dimanche 21 mars à 18h15 dans le cadre de A l’eau la Terre ? Ici Strasbourg !.