2010 est l’Année internationale de la diversité biologique et des personnes dans le monde entier travaillent à protéger cette irremplaçable richesse naturelle et pour réduire la perte de biodiversité. C’est vital pour le bien-être présent et futur de l’humanité. Nous devons faire plus. Le temps est venu d’agir. L’Année internationale de la biodiversité est donc une occasion unique pour mieux comprendre le rôle crucial que joue la biodiversité dans le maintien de la vie sur Terre.
Message du Secrétaire général de l’ONU « Vous êtes la biodiversité. La majeure partie de l’oxygène que vous respirez vient du plancton des océans et des forêts luxuriantes de notre planète. Les fruits et les légumes que vous mangez ont probablement été pollinisés par des abeilles, et l’eau que vous buvez fait partie d’un large cycle où vous avez votre place, avec les nuages, la pluie, les glaciers, les rivières et les océans. Votre régime alimentaire dépend presque entièrement des plantes et des animaux qui nous entourent, en partant des graminées qui nous donnent du riz et du blé, jusqu’aux poissons et à la viande qui proviennent aussi bien des élevages que de la vie sauvage. Votre corps contient près de 100 trillions de cellules et il est connecté à tout ce qui vous entoure ainsi qu’au monde extérieur, au sein d’un système merveilleusement complexe et intemporel. Vous partagez vos atomes avec chaque être et chaque objet du monde naturel, vous êtes à la fois ancien et incroyablement jeune. La biodiversité, c’est la vie et la biodiversité, c’est vous. Vous partagez la planète avec près de 13 millions d’espèces vivantes différentes, y compris des plantes, des animaux et des bactéries, dont seulement 1,75 million ont été identifiées et enregistrées. Cette incroyable richesse est un trésor incalculable qui constitue le véritable fondement de votre bien-être humain. Les systèmes et processus générés collectivement par ces millions de voisins produisent votre alimentation, votre eau et l’air que vous respirez… les principes fondamentaux de la vie. Comme si cela n’était pas suffisant, ils fournissent également le bois et les matériaux naturels pour les meubles, les constructions et les carburants, les mécanismes pour réguler le climat, contrôler les inondations et recycler vos déchets, ainsi que les nouveaux composants et produits chimiques permettant de produire les médicaments. La biodiversité peut vous sembler si évidente, et elle est tellement évidente tout autour de vous, qu’il est parfois facile de l’oublier. Vous en faites partie et vous ne pouvez pas vivre sans elle. La contribution de la biodiversité à votre vie n’est pas seulement pratique, physique et utilitaire, elle est aussi culturelle. La diversité du monde naturel a été une source constante d’inspiration tout au long de l’histoire de l’humanité, elle a influencé les traditions, la manière dont notre société a évolué et a fourni les biens et services de base qui ont permis au commerce et à l’économie de se construire. La disparition d’une espèce unique représente une perte incalculable et nous appauvrit tous. La perte d’une espèce symbolique n’est pas seulement une tragédie culturelle, elle menace également notre survie. La merveilleuse et abondante diversité du monde naturel est mise en danger par les activités humaines. L’abattage ou l’incendie des forêts, la disparition des mangroves, la pratique de l’agriculture intensive, les agressions de la pollution, la surpêche et les effets du changement climatique, tout cela détruit la biodiversité. Nous pouvons arrêter cela, la question est de savoir si nous allons le faire. L’Année internationale de la diversité biologique représente notre chance de le prouver ». – Consulter le site de l’année internationale de la biodiversitéLa valeur de la biodiversité et des services écosystémiques
La diversité biologique – ou biodiversité – est le terme qui désigne toutes les formes de la vie sur Terre et les caractéristiques naturelles qu’elle présente. La biodiversité dont nous sommes les témoins aujourd’hui est le fruit d’une évolution qui s’est façonnée pendant des milliards d’années, au gré de processus naturels et, de plus en plus, sous l’influence des êtres humains. Elle constitue la toile de la vie dont nous faisons intégralement partie et dont nous sommes totalement dépendants. Cette diversité s’entend généralement en termes de grande variété de plantes, d’animaux et de microorganismes. A l’heure actuelle, environ 1,75 millions d’espèces ont été identifiées, il s’agit essentiellement de créatures de petites dimensions, comme les insectes. En général, les scientifiques évaluent le nombre d’espèces existant actuellement à environ 13 millions, bien que les estimations varient de 3 à 100 millions… Mais la biodiversité s’étend également aux différences génétiques à l’intérieur de chaque espèce – il s’agit, par exemple, des différences entre des variétés de plantes cultivées et de races de bétail. Les chromosomes, les gènes, et l’ADN – éléments constitutifs de la vie – déterminent le caractère unique de chaque individu à l’intérieur de chaque espèce. Un autre aspect de la biodiversité réside dans la variété des écosystèmes que l’on rencontre dans les déserts, les forêts, les zones humides, les montagnes, les lacs, les fleuves et les rivières, et les paysages agricoles. Dans chaque écosystème, les êtres vivants, y compris les êtres humains, forment un tout et interagissent, les uns avec les autres, mais aussi avec l’air, l’eau, et la terre qui les entourent. Nos besoins concernant des éléments de la nature dont les vertus étaient autrefois méconnues peuvent être importants et imprévisibles. Combien de fois ne nous sommes nous pas précipités vers le placard de Dame Nature pour y trouver les remèdes à nos maladies ou les gènes résistants des plantes sauvages qui vont nous permettre de sauver nos récoltes infestées par des parasites. De plus, le large éventail des interactions entre les différents éléments de la diversité biologique rend la planète habitable par toutes les espèces, y compris l’espèce humaine. Notre santé physique, ainsi que notre santé économique et sociale, dépendent de l’approvisionnement continu en divers services écologiques qu’il serait extrêmement onéreux ou impossible de remplacer. Ces services que nous procure la nature sont si variés qu’ils sont quasiment infinis. A titre d’exemple, il est pratiquement impossible de remplacer, à grande échelle, les services de lutte contre les ravageurs rendus par les différentes créatures qui se nourrissent de ces parasites, ou le service de pollinisation qu’accomplissent les insectes et les oiseaux vaquant à leurs occupations quotidiennes. Exemples de « biens et services » que nous procurent les écosystèmes : – Le bois, le carburant et les fibres – Les matériaux de construction pour nous loger – La purification de l’air et de l’eau – La détoxication et la décomposition des déchets – La stabilisation et la modération du climat – La modération des inondations, de la sécheresse, des températures extrêmes et de la force des vents – La fertilité des sols, notamment, le cycle de renouvellement des nutriments – La pollinisation des plantes, y compris des nombreuses plantes cultivées – La lutte contre les parasites et les maladies – La conservation des ressources génétiques qui entrent, pour une part essentielle, dans la production des plantes cultivées et des animaux d’élevage, des médicaments, et d’autres produits – Des avantages d’ordre culturel et esthétique – La faculté d’adaptation au changement.Pourquoi nous perdons la biodiversité
La plupart des gens qui pensent aux dangers encourus par la nature, pensent en termes de menace pesant sur d’autres êtres vivants. La diminution du nombre d’animaux aussi connus que le panda, le tigre, l’éléphant, la baleine, et différentes espèces d’oiseaux, a attiré l’attention sur le problème des espèces en danger. Les espèces disparaissent à un rythme 50 à 100 fois supérieur à celui qu’elles auraient dû suivre naturellement, et ce rythme devrait s’accélérer encore considérablement. Si l’on s’en tient aux tendances actuelles, 34 000 espèces végétales et 5 200 espèces animales – y compris un huitième des espèces d’oiseaux dans le monde – sont confrontées à cette menace. Alors que la diminution d’espèces individuelles monopolise notre attention, c’est en réalité la fragmentation, la dégradation, et la disparition inexorable des forêts, des zones humides, des récifs coralliens, et d’autres écosystèmes qui constituent la plus grave menace pour la diversité biologique. Les forêts abritent la majeure partie de la biodiversité terrestre connue, mais environ 45 pour cent des forêts originales sur Terre ont disparu, essentiellement au siècle dernier. Malgré quelques reconstitutions, le recul de la forêt se poursuit à un rythme rapide, particulièrement dans les tropiques. Dix pour cent des récifs coralliens – qui comptent parmi les plus riches des écosystèmes – ont été détruits, et un tiers de ceux qui restent aura disparu dans 10 à 20 ans. Les mangroves, situées le long des côtes, qui constituent un habitat d’importance vitale pour la reproduction d’un nombre incalculable d’espèces, connaissent également une grande vulnérabilité, puisque la moitié d’entre elles a déjà été rayée de la carte. Les changements qui affectent l’atmosphère, comme l’amincissement de la couche d’ozone et les changements climatiques, ne font qu’ajouter des contraintes supplémentaires. La couche d’ozone amincie laisse passer une plus grande quantité de rayons ultraviolets B qui endommagent les tissus vivants à la surface terrestre. Le réchauffement planétaire a déjà entraîné une modification des habitats et de la répartition des espèces. Les scientifiques ont averti qu’il suffirait que la température planétaire moyenne augmente rapidement d’un seul degré pour voir disparaître quantité d’espèces. La production alimentaire dans le monde pourrait également subir des perturbations sérieuses. La perte de la biodiversité cause souvent une diminution de la productivité des écosystèmes et réduit d’autant la réserve de biens et de services que la nature met à notre disposition et que nous utilisons en permanence. Elle déstabilise les écosystèmes, et affaiblit leur faculté à faire face aux catastrophes naturelles comme les inondations, les sécheresses, et les ouragans, ainsi qu’aux contraintes imposées par l’homme, comme la pollution et les changements climatiques. Nous dépensons déjà des sommes considérables pour réparer les dommages causés par des inondations et des orages, dont la violence est exacerbée par la déforestation; le réchauffement planétaire devrait encore aggraver ce phénomène. La réduction de la biodiversité nous touche aussi pour d’autres raisons. Notre identité culturelle est profondément ancrée dans notre milieu biologique. La faune et la flore sont les symboles du monde dans lequel nous vivons, elles sont reproduites sur des drapeaux, par des sculptures, et ces images servent aussi à nous définir, en tant qu’individu, ou en tant que société. Nous puisons notre inspiration dans l’observation des beautés et des forces de la nature. Bien que la disparition d’espèces ait toujours constitué un phénomène naturel, le rythme auquel elle se produit actuellement s’est accéléré considérablement du fait des activités humaines. Les écosystèmes sont démantelés ou éliminés, et d’innombrables espèces sont en voie d’extinction, ou se sont déjà éteintes. Nous sommes à l’origine du plus grave phénomène d’extinction depuis la catastrophe naturelle qui a balayé les dinosaures, il y a 65 millions d’années. Ces extinctions sont irréversibles et, du fait de notre dépendance en matière de variétés alimentaires, de médicaments et d’autres ressources biologiques, elles représentent une menace pour notre propre bien-être. Ce serait faire preuve d’imprudence, pour ne pas dire d’une dangereuse inconscience, de continuer à gaspiller le principe même de la vie sur Terre. Il est contraire à l’éthique de conduire d’autres formes de vie à s’éteindre, et de restreindre ainsi les choix des générations, présentes et futures, en matière de survie et de développement. Pouvons-nous sauver les écosystèmes, et avec eux les espèces que nous valorisons et les autres millions d’espèces, dont certaines produiront, peut-être, la nourriture et les médicaments de demain? La réponse réside dans notre capacité à aligner nos demandes sur la faculté de la nature à produire ce dont nous avons besoin et à digérer nos déchets.Agissons pour la biodiversité
Les entreprises privées, les propriétaires terriens, les pêcheurs et les agriculteurs effectuent la plupart des actes qui ont des conséquences directes sur la biodiversité. Les États doivent assumer le rôle crucial qui consiste à montrer la voie à suivre, en fixant les règles d’exploitation des ressources naturelles et de protection de la biodiversité, particulièrement, dans les zones où la terre et l’eau sont directement sous leur juridiction. Aux termes de la Convention, les gouvernements s’engagent à conserver et à exploiter la biodiversité de façon à en assurer la pérennité. Il leur est demandé d’élaborer, à l’échelon national, des stratégies et des plans d’action en faveur de la biodiversité, et de les intégrer dans le cadre plus vaste des plans nationaux dans le domaine de l’environnement et du développement. Cela revêt une importance particulière pour des secteurs tels que la sylviculture, l’agriculture, la pêche, l’énergie, les transports et la planification urbaine. Aux termes du traité, ils souscrivent, notamment, aux engagements suivants: – Identifier et surveiller les éléments constitutifs importants de la diversité biologique qui doivent être conservés et utilisés durablement. – Créer des zones protégées où conserver la diversité biologique et promouvoir un développement durable et écologiquement rationnel dans les zones adjacentes. – Remettre en état et restaurer les écosystèmes dégradés et favoriser la reconstitution des espèces menacées en collaboration avec la population locale. – Respecter, préserver et maintenir les savoirs traditionnels qui permettent une utilisation durable de la diversité biologique grâce à l’implication des populations autochtones et des communautés locales. – Prévenir l’introduction, contrôler, et éradiquer les espèces exotiques qui pourraient menacer des écosystèmes, des habitats ou des espèces. – Réglementer les risques que présentent les organismes modifiés par la biotechnologie. – Encourager la participation du public, particulièrement lors des études d’impact sur l’environnement des projets de développement qui menacent la diversité biologique. – Eduquer les populations et les sensibiliser à l’importance de la diversité biologique et à la nécessité de la conserver. – Présenter des rapports illustrant de quelle manière chaque pays remplit ses objectifs en matière de biodiversité. Bien qu’il revienne aux gouvernements, par l’intermédiaire de leurs administrations, de jouer un rôle-phare, il faut que d’autres secteurs de la société s’engagent activement. Après tout, ce sont les choix et les actes de milliards d’individus qui vont déterminer si, oui ou non, la biodiversité sera conservée et utilisée de manière à assurer sa pérennité. A l’ère où l’économie prime sur toutes les forces qui dirigent les affaires de ce monde, il est plus important que jamais que le monde des affaires adopte une attitude volontariste en faveur de la protection de l’environnement et de l’utilisation durable de la nature. Certaines entreprises génèrent des revenus bien plus élevés que ceux dont disposent des pays entiers, et l’influence qu’elles exercent est immense. Heureusement, des entreprises, en toujours plus grand nombre, ont décidé d’intégrer le principe du développement durable à leurs opérations de fonctionnement. Par exemple, un certain nombre d’entreprises forestières – souvent sous la menace d’un boycott écologique – sont passées de la coupe rase à des formes d’abattage moins destructrices. De plus en plus d’entreprises ont également trouvé le moyen de réaliser des profits tout en réduisant leur impact sur l’environnement. Elles considèrent que le développement durable permet d’assurer leur rentabilité à long terme et de s’attirer les bonnes grâces de leurs associés, de leurs employés, et des consommateurs. Les communautés locales jouent un rôle-clé puisqu’elles sont les véritables « gestionnaires » des écosystèmes dans lesquels elles vivent, et par conséquent elles ont un impact majeur sur ces derniers. De nombreux projets, impliquant la participation des communautés locales à la gestion durable de la biodiversité, ont été réalisés avec succès ces dernières années, souvent avec l’appui fructueux d’ONG et d’organisations intergouvernementales. Enfin, l’ultime décideur en matière de biodiversité, c’est le simple citoyen. Ce sont ces choix de moindre importance, effectués au niveau de chaque individu, qui additionnés les uns aux autres finissent par avoir un impact considérable, parce que c’est la consommation individuelle qui conduit le développement, lequel en retour utilise et pollue la nature. En choisissant avec discernement les produits qu’il achète et les politiques qu’il soutient, le grand public peut commencer à aiguiller le monde sur la voie du développement durable. Il incombe aux gouvernements, aux entreprises, et à d’autres de conduire et d’informer le public, mais en fin de compte, ce sont les choix individuels, effectués des milliards de fois par jour, qui comptent le plus.Humanité et Biodiversité, manifeste pour une nouvelle alliance
Dans le cadre de cette année mondiale, la Ligue ROC tire le signal d’alarme et lance une véritable injonction à l’ensemble de la société pour que cette année marque un tournant historique vers l’action. A travers les regards croisés de spécialistes (scientifiques, sociologues, philosophes, juristes, experts, militants associatifs…), ce Manifeste aborde la biodiversité dans différents champs de la société (économie, santé, recherche …) et propose une véritable stratégie afin d’impliquer les citoyens mais également les représentants de la société civile dans les mesures indispensables à la sauvegarde de la biodiversité. En effet, depuis plus de 30 ans, la Ligue Roc mène une action de sensibilisation aux problématiques environnementales et depuis 2005, une campagne visant à intégrer les enjeux liés à la biodiversité dans l’ensemble des politiques publiques. Sous l’impulsion d’Hubert Reeves, son Président depuis 2001, la ligue ROC est déterminée à faire de 2010 une année charnière pour la protection de la biodiversité. Humanité et biodiversité : Manifeste pour une nouvelle alliance annonce un ensemble d’initiatives programmées tout au long de l’année 2010. Parmi les co-auteurs de l’ouvrage : Anne-Marie Ducroux (fondatrice de la société Au non du vivant), Gilles Pipien (spécialiste de l’environnement et du développement durable), Patrice Valantin (entrepreneur en génie écologique) et Jacques Weber (économiste et anthropologue). – Pour découvrir le manifeste, cliquez ici.