L’UNESCO annonce la désignation de 30 nouvelles Réserves de biosphère, des territoires reconnus pour leurs écosystèmes uniques et leur approche innovante pour inventer des modes de vie durables. Cette liste comprend notamment l’écosystème marin le plus riche en biodiversité du monde (Raja Ampat, Indonésie), le premier pays entièrement couvert par une Réserve de biosphère (Sao Tome-et-Principe), deux nouvelles réserves en France dont le lac du Bourget et six pays accueillant leur toute première Réserve de biosphère (Angola, Djibouti, Guinée Equatoriale, Islande, Oman,Tadjikistan)

Qu’est-ce qu’une Réserve de Biosphère UNESCO ?
Bien plus que de simples parcs naturels, ce sont des « laboratoires vivants » où communautés locales, scientifiques et pouvoirs publics collaborent pour remplir trois fonctions :
- Conserver – protéger la biodiversité, les paysages et les écosystèmes.
- Développer – promouvoir un développement économique et humain durable.
- Comprendre – soutenir la recherche, l’éducation, la formation et l’échange de connaissances.
Avec 700+ réserves dans 130+ pays, couvrant plus de 5% de la surface terrestre, ces sites servent de modèles pour concilier conservation et développement pour les 275 millions de personnes qui y habitent.
Congrès mondial des réserves de biosphère
Cette annonce intervient à la suite du Congrès mondial des réserves de biosphère à Hangzhou, Chine (22-26 septembre), qui tous les dix ans réunit 2,000+ les acteurs des sites du monde entier pour définir les priorités et fixer un plan d’action pour les dix années à venir.
Lac du Bourget, entre le Rhône et la Réserve de biosphère des Alpes (France)

Au point de rencontre entre le Jura et les Alpes, où convergent influences océaniques, alpines et méditerranéennes, se trouve le plus grand lac naturel de France : le lac du Bourget.

Cette zone humide d’importance internationale au titre de la Convention de Ramsar abrite une réserve de biosphère de 350 km² composée de zones humides, de forêts alluviales, de prairies alpines et de bocages, dont 35 % sont protégés juridiquement.

Cette réserve de biosphère, qui compte 43 zones d’intérêt écologique et quatre sites Natura 2000, offre refuge à plus de 6 100 espèces animales et végétales répertoriées. Ses écosystèmes diversifiés, qui assurent la régulation de l’eau et le stockage du carbone et amortissent les crues, soutiennent la vie humaine depuis des siècles.

L’omble chevalier (Salvelinus alpinus), la cistude d’Europe (Emys orbicularis), l’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), la naïade marine (Najas marina), l’azuré de la sanguisorbe (Phengaris teleius), le sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum), le sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), la violette élevée (Viola elatior), le lynx boréal (Lynx lynx), l’aigle royal (Aquila chrysaetos), le lucane cerf-volant (Lucanus cervus) et l’ornithogale penché (Honorius nutans) figurent parmi les espèces qui composent sa remarquable biodiversité. Nombre d’entre elles sont inscrites sur la Liste rouge nationale des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN).
Environ 180 000 personnes vivent au sein de la réserve de biosphère, mêlant vie urbaine (à Aix-les-Bains), agriculture traditionnelle, vignobles et villages dotés d’un riche patrimoine.
Les communautés riveraines puisent dans les savoirs locaux, accumulés au fil des générations, en ce qui concerne les niveaux d’eau, la pêche artisanale et les cycles viticoles savoyards ; ces pratiques sous-tendent le tourisme durable et la gestion responsable des zones humides et des forêts alluviales.

La région abrite par ailleurs quatre sites palafittiques préhistoriques inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, vestiges d’anciens établissements lacustres aujourd’hui submergés. Le zonage de la réserve de biosphère préserve le cœur écologique du lac, soutient le tourisme à faible impact et l’agriculture traditionnelle, et met en avant le tourisme culturel, les énergies renouvelables et l’éducation environnementale, ce qui en fait un modèle alpin où biodiversité, patrimoine et communauté prospèrent ensemble.

Réserve de biosphère des marais et marées entre la Loire et la Vilaine (France)

Cette réserve de biosphère, qui s’étend sur 2 000 km² le long de la côte atlantique occidentale française, entre les estuaires de la Loire et de la Vilaine, offre un paysage dynamique préservé composé de marais salants, de tourbières, d’estuaires, de dunes, d’îlots rocheux, de bocages et de vasières.

Façonnée par des siècles d’interaction entre l’homme et la nature, elle est un exemple vivant de résilience côtière, où les écosystèmes assurent la régulation de l’eau, le stockage du carbone et la filtration des polluants, et amortissent les surcotes et les inondations.

Elle présente une biodiversité exceptionnelle, comme en témoignent ses deux zones humides d’importance internationale au titre de la Convention de Ramsar, ses quatre sites Natura 2000 et ses habitats abritant des milliers d’espèces, dont beaucoup sont rares ou menacées.

Parmi la faune remarquable, on rencontre le butor étoilé (Botaurus stellaris), la guifette noire (Chlidonias niger), la gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), la loutre d’Europe (Lutra lutra) et l’anguille d’Europe (Anguilla anguilla), en danger critique d’extinction. Des plantes rares, comme le faux cresson de Thore (Caropsis verticillatoinundata) et la charophyte Tolypella salina, prospèrent en ce lieu, aux côtés d’une riche variété d’insectes, dont le lucane cerf-volant (Lucanus cervus) et la rosalie des Alpes (Rosalia alpina).

Cette réserve de biosphère, qui compte environ 250 000 habitants, comprend des ports de pêche, des villages salins et des hameaux agricoles, chacun contribuant à une économie côtière bien particulière, ancrée dans des pratiques traditionnelles et des modes de vie adaptatifs. Le long de ses côtes, les communautés puisent dans les savoirs acquis au fil des générations en ce qui concerne l’hydrologie des marais, la récolte du roseau et la conchyliculture, pratiques qui préservent la résilience des zones humides tout en soutenant les moyens de subsistance locaux.

La gouvernance participative de la réserve de biosphère réunit communautés, industries et défenseurs de l’environnement, qui soutiennent une agriculture résiliente face au changement climatique, l’écoconstruction en roseaux issus de la production locale, et un tourisme durable.

Patrimoine culturel et trésors naturels s’intègrent harmonieusement pour forger un avenir commun où les populations et la biodiversité prospèrent ensemble.
L’Homme & la Biosphère : un programme pour célébrer le vivant
Le programme MAB encourage le développement de recherches interdisciplinaires, expérimente et diffuse des pratiques, démarches et savoir-faire pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, accompagnant l’Agenda 2030 de l’ONU. Pour cela, il s’appuie sur son réseau mondial de Réserves de biosphère.

Les Réserves de biosphère sont les sites de démonstration du MAB. Ce sont des lieux privilégiés pour expérimenter et illustrer des pratiques de développement durable à l’échelle régionale, en conciliant le développement social et économique des populations avec la protection de l’environnement, dans le respect des valeurs culturelles. L’implication des populations, un appui scientifique, la formation et l’éducation y sont encouragés.
En 2022, le réseau mondial comptait 738 Réserves de biosphère, dont 22 sites transfrontières, dans 134 pays, désignées suivant des critères communs. Le réseau s’enrichit chaque année de nouveaux sites.
- Plus d’info sur : https://www.mab-france.org/