100 ans après la traversée de la Manche en avion par Louis Blériot, c’est au tour de jeunes
élèves- ingénieurs de franchir les côtes normandes mais cette fois, à l’aide d’un dirigeable à énergie solaire : Sol’R. Ils l’ont eux-mêmes dessiné, développé puis construit notamment
dans le cadre de la Filière Ingénieur Entreprendre de l’INSA de Lyon.
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Cinquante ans avant la naissance de l’aviation, des dirigeables parcouraient déjà les airs. Dans les années 1930, le Graf Zeppelin traversa 150 fois l’Atlantique vers Rio de Janeiro et New York, transportant au total plus de 13 000 passagers sur 1,7 millions de
kilomètres. L’explosion du Zeppelin Hindenburg en 1937 et l’essor de l’aviation durant la Seconde Guerre mondiale ont cependant mis un terme à l’âge d’or des dirigeables.
Aujourd’hui, ces aéronefs suscitent de nouveau un intérêt. Leurs qualités (charge utile et efficacité énergétique inégalées) prennent une nouvelle dimension dans le contexte actuel de raréfaction des ressources naturelles. Les dirigeables sont ainsi les seuls appareils pouvant être équipés de panneaux solaires qui leur permettent de voler grâce à une énergie non polluante et entièrement renouvelable.
Ces dirigeables “nouvelle génération” ouvrent alors des perspectives dans de nombreux domaines (transport de charges exceptionnelles, télécommunications, observation aérienne et tourisme). Les pays en développement pourront également tirer partie de cette technologie propre et économique. Les dirigeables solaires apparaissent donc comme des appareils répondant aux enjeux du développement durable pour le transport aérien.
P1030442> Le dirigeable solaire est véritablement un projet de développement durable tant il apporte des solutions concrètes à l’ensemble de ces défis.
• Relever le défi économique
Conçus pour de multiples applicat ions, les dirigeables disposent aussi d’avantages compétitifs non négligeables sur d’autres moyens de transport (avions, trains, bateaux et camions).
Leur faculté à déplacer des charges extrêmement lourdes et volumineuses (pièces d’A380, turbines de centrales électriques, par exemple) s’avère intéressante
pour le fret et le transport de charges exceptionnelles.
De plus, leur grande autonomie – plus de 24h pour un dirigeable à propulsion thermique et potentiellement illimitée si elle est solaire – leur confère un grand
rayon d’action et les rend parfaits pour les missions d’observation.
Enfin, leur faible consommation de carburant – entre deux et sept fois moins que l’avion et même l’absence de carburant dans le cas du dirigeable solaire – constitue
l’un de leurs atouts essentiels par rapport à l’avion et l’hélicoptère.
• Faire face aux impératifs écologiques
D’après l’ONU, le secteur aérien représente à lui seul 2,5% des rejets de CO2 dans le monde. Au vu de sa part relative dans le transport de passagers et de marchandises,
ce chiffre apparait considérable. Il est de plus en forte augmentation : rien que pour le tourisme, les rejets de CO2 devraient augmenter de 150% dans les 20
prochaines années.
Pour le transport de passagers, l’avion est donc le véhicule le plus polluant qui soit : un Airbus A340 de 350 places consomme environ 5 litres pour 100 kilomètres
par passager, l’équivalent d’une voiture récente. Pour le transport de marchandises, le bilan carbone de l’avion est pire encore : transporter une mangue de Côte d’Ivoire jusqu’en Europe entraîne par exemple 10 fois plus de rejets de CO2 avec l’avion qu’avec un navire frigorifique.
Non seulement le dirigeable consomme peu de carburant mais sa construction devrait également s’avérer moins énergivore que celle des avions car elle inclut moins de structures métalliques.
Son seul point faible réside peut-être dans l’utilisation de l’hélium, un gaz fossile. Heureusement, il sera possible d’avoir recours à l’hydrogène, gaz abondant et qui
peut être produit à partir d’énergies renouvelables.
• Répondre aux attentes sociales
La problématique des transports pèse lourdement
sur le développement des pays du Sud. Les barrières
géographiques, les faiblesses des infrastructures, les
déséquilibres institutionnels empêchent l’instauration
d’un management centralisé du transport. Autant
d’obstacles qui aggravent les problèmes déjà posés par
l’accroissement du prix de l’énergie.
De ce point de vue, le dirigeable solaire peut faire partie
de ces technologies qui apportent des solutions concrètes
à long terme. Les faibles contraintes qu’il impose
en termes d’infrastructures, et sa souplesse d’utilisation,
font déjà de lui l’un des moyens de transport aérien les
plus adaptés aux pays du Sud. L’énergie photovoltaïque
procurera à l’avenir un véritable avantage pour beaucoup de
pays en développement (Afrique, Indonésie, etc.) et des pays
BRIC (Brésil et Inde) qui bénéficient d’un ensoleillement idéal
Pourquoi le dirigeable est-il si peu employé aujourd’hui ?
– Parce que l’avion et l’hélicoptère étaient techniquement supérieurs au dirigeable du point de vue de la vitesse et de la manoeuvrabilité.
– Parce que le prix du pétrole et les contraintes environnementales n’étaient pas des préoccupations majeures.
– Parce qu’il lui a manqué des soutiens industriel, scientifique et politique (comme l’existence d’un consortium
Le Projet Sol’R s’est constitué au début de l’année 2008 autour de trois étudiants, après leur rencontre avec un passionné de dirigeables, Stéphane Rousson.
Celui-ci préparait alors sa traversée de la Manche en ballon à pédales et leur a proposé de se lancer dans la construction d’un dirigeable solaire.
L’équipe s’est ensuite progressivement élargie à d’autres étudiants motivés et bénévoles pour atteindre aujourd’hui plus de 30 personnes.
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