Sur la base d’une enquête menée auprès de 1 700 entreprises franciliennes de moins de 250 salariés, le CROCIS publie huit études sectorielles permettant de mieux appréhender les enjeux du développement durable dans des secteurs phare pour la région, et d’évaluer leurs avancées ou blocages dans ce processus.
Désormais largement informées sur la thématique du développement durable, les PME franciliennes n’ont toutefois pas encore franchi le pas qui les mènera vers la concrétisation d’un programme d’actions. Il existe des exceptions pour certaines thématiques (l’environnement notamment) ou pour certains secteurs (les PMI de l’agroalimentaire sont par exemple plus avancées), mais il apparaît globalement, à travers cette enquête, que les entreprises doivent encore faire de nombreux efforts pour s’engager sur l’intégralité des domaines liés au développement durable. Il apparaît globalement que les PME se trouvent à une période charnière de leur développement, entre une prise de conscience désormais aboutie et une volonté d’action souvent difficile à mettre en œuvre.Des dirigeants davantage conscients mais encore peu impliqués
Les dirigeants de PME franciliennes semblent concernés par le développement durable et son intégration dans leur entreprise, même si les avancées concrètes demeurent encore modestes. Plus de la moitié d’entre eux répond positivement à la question : “Considérez-vous aujourd’hui que votre entreprise prend en compte le développement durable dans ses activités ?”. Le chiffre est similaire pour les TPE (moins de 10 salariés), témoignant d’un intérêt marqué, même dans les plus petites structures. Ce pourcentage nécessite toutefois d’être légèrement temporisé : cela ne signifie pas que plus de 50 % des PME franciliennes ont mis en place une stratégie globale de gestion de leur entreprise basée sur les principes du développement durable. Les dirigeants interrogés considèrent ainsi souvent à tort que l’application de certaines mesures ponctuelles (le tri des déchets, le respect de certaines normes environnementales, …) constitue une politique “développement durable”. Si elles y contribuent, ces actions ne sont qu’un premier pas. Comme le montre l’analyse de l’ensemble de l’enquête, l’implication des PME est encore trop timide et doit se renforcer sur différents piliers. En réalité une stratégie d’entreprise prenant en compte le développement durable doit concilier les cinq piliers identifiés comme étant la préservation de l’environnement, les pratiques commerciales, les ressources humaines, les énergies et gaz à effets de serre (GES) et enfin l’implication territoriale. Le “baromètre du développement durable dans les PME franciliennes” (CROCIS, octobre 2008) montre que les chefs d’entreprise sont aujourd’hui à une période charnière en termes d’application du développement durable dans leur entreprise. Désormais informés sur ce sujet, et conscients de son importance croissante, ils sont toutefois encore hésitants à mettre en place des mesures concrètes dans la mesure où ils peinent à identifier l’intérêt direct pour leur organisation. Interrogés sur “les raisons qui les incitent à appliquer le développement durable dans leur entreprise”, les dirigeants répondent en premier lieu l’engagement citoyen du chef d’entreprise, puis le respect des règlementations environnementales. Il est intéressant de noter que ces deux premières réponses ne relèvent pas d’une stratégie offensive des PME directement en lien avec leur intérêt économique, mais plutôt d’une conviction citoyenne pour la première, ou du respect d’une obligation règlementaire pour la seconde. Autre signe de frilosité, les moyens mis en œuvre pour prendre en compte le développement durable sont apparemment encore peu développés. Ainsi, interrogés à ce sujet, les chefs d’entreprise estimant appliquer le développement durable sont près de 24 % à déclarer n’avoir mis en place aucun moyen spécifique. Or, la complexité et la diversité d’une stratégie de développement durable demandent a minima une personne dédiée –au moins de manière partielle- à ce sujet et une stratégie clairement établie et transmise aux partenaires internes et externes de l’entreprise. Seul un quart des dirigeants considère bénéficier d’une stratégie formalisée, contre 17 % qui ont identifié une personne responsable du sujet au sein du personnel (cette personne pouvant être le chef d’entreprise dans les entreprises de moins de 10 salariés notamment). D’ailleurs, ce manque de moyens est particulièrement observé dans les TPE : 25 % ne dispose d’aucun moyen, contre 15 % pour les entreprises de plus de 10 salariés. Bien entendu, les structures de moins de 10 salariés ne disposent pas d’une masse salariale ou même de capacités financières et organisationnelles telles qu’elles peuvent spontanément développer une politique développement durable et tous les moyens nécessaires. Néanmoins, de nombreuses solutions existent, même pour les plus petites entreprises, à travers par exemple l’accompagnement individualisé, l’implication de tous les salariés ou encore le partage d’expérience et/ou de moyens avec d’autres entreprises, il est vrai encore rare. Enfin, l’enquête visait à identifier les principaux obstacles rencontrés par les responsables de PME, ainsi que les appuis dont ils auraient besoin dans la mise en œuvre du développement durable. Il apparaît, à travers ces questions, que les chefs d’entreprise sont en réalité peu nombreux à considérer rencontrer des freins (22 %) ou à réclamer un appui (27 %). Ces pourcentages relativement faibles semblent en réalité être le reflet de la faible implication des dirigeants : peu avancés en termes d’application du développement durable dans leur entreprise, ils n’ont pas de vision précise des obstacles qu’ils pourraient rencontrer et pour lesquels ils auraient besoin d’un accompagnement. C’est ainsi que dans les secteurs où les PME sont visiblement plus impliquées, elles sont également plus nombreuses à mettre en avant des freins importants (dans les PMI de l’agroalimentaire, 34 % des dirigeants déclare rencontrer des freins). En dépit d’une avancée encore modeste dans les PME franciliennes, l’idée de l’intégration du développement durable dans l’entreprise fait quand même son chemin dans l’esprit des dirigeants. Ceci est favorisé par le fait que les responsables comprennent de plus en plus l’intérêt pour leur entreprise de s’impliquer dans une telle démarche, notamment dans les TPE. Ces entreprises ressentent davantage semble-t-il le besoin de s’adapter aux nouvelles exigences du marché, la question de leur pérennité étant peut-être plus centrale encore que pour l’ensemble des PME, étant donnée leur petite taille et donc leur fragilité. Les PME les plus engagées sont souvent désireuses d’obtenir un appui personnalisé sur ce sujet. Dans les TPE particulièrement, les dirigeants réclament une aide (28 % d’ente eux, contre 20 % pour l’ensemble des PME). Dans un premier temps, ces entreprises ont besoin d’incitations d’ordre financier (la fiscalité incitative et la mise en place d’aides financières directes sont ainsi les premiers types d’aides souhaités). Vient ensuite le besoin d’information sur cette thématique, davantage cité par les dirigeants de TPE que par les responsables de PME (36 % pour les premiers, 28 % pour les seconds). – Télécharger la synthèse complète de l’enquêteTéléchargement : Le développement durable dans les PME : Fiches sectorielles – Février 2009
– Le développement durable des « activités de bureau » – Le développement durable dans les PMI de l’agroalimentaire – Le développement durable dans les PME du commerce de détail – Le développement durable dans les PME du commerce de gros – Le développement durable dans les PME de la construction – Le développement durable dans les PME de l’hôtellerie-restauration – Le développement durable dans les PME de l’imprimerie – édition – Le développement durable dans les PME de transport-logistique