Juste avant la grande Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC) qui se tiendra à Nice du 9 au 13 juin 2025, le Plan Bleu publie un important rapport sur la Méditerranée.

Depuis 40 ans, le Plan Bleu a transformé cet espace unique qu’est la mer méditéranée en un laboratoire à ciel ouvert où chaque changement, qu’il soit écologique, environnemental, social, culturel ou économique, est soigneusement étudié et catalogué.
Les enjeux environnementaux et sociaux sont nombreux et complexes. Entourée de 22 pays avec une population de plus de 500 millions d’habitants, elle reste un mythe, bien qu’elle soit devenue une « mer de déchets » fortement affectée par les activités humaines et le changement climatique.

Presque fermé, c’est un véritable laboratoire à ciel ouvert de 3 765 000 km3. C’est une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux 1 370 000 000 km3 des océans.
Cela a permis d’évaluer et d’étudier plus précisément les impacts de l’activité humaine sur l’environnement depuis 40 ans et de trouver des solutions pour y remédier.
C’est le travail que le Plan Bleu mène depuis 40 ans, pour mieux comprendre comment l’humain affecte le milieu marin.
Un travail qui nous aide à trouver les moyens de restaurer les différents milieux.

À ce titre, et à l’occasion de l’UNOC à Nice en juin 2025, le Plan Bleu présentera ses dernières observations sur l’évolution des écosystèmes marins face à l’activité humaine dans un rapport intitulé MED 2050
Il s’agit d’une étude de prospective participative de grande envergure qui a mobilisé une centaine d’experts pendant quatre ans. Elle présente six scénarios possibles pour la Méditerranée (en tant que mer et en tant que région) à l’horizon 2050.

(Source WRI, Using cutting-edge data to identify and evaluate water risks around the world – wri.org/aqueduct)
Un rapport qui vise à éclairer les décideurs et l’ensemble des parties prenantes sur les grands défis auxquels la région sera confrontée dans les décennies à venir.

Le travail réalisé par PLAN BLEU depuis 40 ans intéresse d’autres territoires marins et pourrait être un modèle d’observation et d’action prospective nécessaire à la protection de l’ensemble des océans.

4 réalités d’ores et déjà préoccupantes pour la Méditerranée :
- C’est, après l’Arctique, la région du monde qui se réchauffe le plus vite ;
- C’est aussi l’un des hotspots de la biodiversité marine et terrestre mondiale parmi les plus menacés, avec pour les espèces marines commercialisées un taux de surexploitation de 80 % et une baisse des prises de pêche qui, entre 1992 et 2020 sont passées de 1,2 millions de tonnes à 800 000 tonnes ;
- C’est en même temps, la mer la plus polluée par les plastiques au monde ;
- C’est la région où vit 60 % de la population mondiale pauvre en eau, avec plus de 55 % des habitants du Sud qui souffrent déjà d’importantes pénuries d’eau (moins de 1000 m3 par habitant).

Oxfam 2018
Conclusion sur les tendances
« Hot spot » mondial de la biodiversité, de la culture et du tourisme, mais aussi de la pollution marine et du changement climatique, la région méditerranéenne va être d’ici à 2050 simultanément confrontée aux effets d’un bouleversement des climats beaucoup plus importants qu’ailleurs et d’une hausse de moitié de la population au Sud et du tiers à l’Est ; population se concentrant massivement dans les villes et sur le littoral.
Le recours à l’aquaculture et au dessalement n’éviteront pas d’avoir à faire face à des pressions socio-économiques et politiques de plus en plus fortes pour la surexploitation des ressources marines ou terrestres, à une transformation structurelle de l’écosystème marin et à une situation de
sécheresse critique s’étendant progressivement à de nombreux pays du Nord.

Toutes les activités vitales et les territoires de la région vont être impactés, de l’agriculture au transport maritime et au tourisme, les villes comme les campagnes, avec une dépendance alimentaire qui va sensiblement s’accroître.

D’importantes incertitudes demeurent à long terme sur des thèmes aussi importants que les perspectives de croissance économique au niveau de l’ensemble de la région, ou dans des secteurs comme l’économie bleue, le tourisme, les transports ou l’énergie. Ces incertitudes règnent aussi sur
la capacité future pour les pays méditerranéens de trouver leur place dans la révolution numérique et industrielle qui a commencé au début du siècle.
De fortes controverses subsistent également sur l’évolution des sociétés ou des systèmes de valeurs comme sur les évolutions géopolitiques : le rôle futur de l’Europe en Méditerranée, les perspectives de coopérations intra-méditerranéennes et la poursuite ou non du processus de fragmentation et de fracturation de la région.
Ces incertitudes justifient la multiplicité des scénarios proposés dans la quatrième partie du rapport.
Cependant, une certitude au moins s’impose : compte tenu des tendances relativement sombres qui se dessinent à l’horizon 2050, certains évoquant la Méditerranée comme un « champ de ruines » à cet horizon31, l’attentisme et le « business as usual » ne pourront être une solution.
