L’heure est à la miniaturisation et à la dématérialisation. Téléphones, systèmes de sauvegardes, factures, livres… ces deux tendances phares concernent la plupart des secteurs liés aux nouvelles technologies. La protection de l’environnement est généralement avancée comme l’argument principal en leur faveur. Derrière quelques évidences techniques, il se pourrait que le débat ne soit pas aussi simple.
Les avantages de la dématérialisation
Dans des entreprises, la question de la dématérialisation se pose en termes écologiques bien sûr, mais également en termes économiques. Entreprises et administrations optent de plus en plus largement pour une réduction des coûts de fonctionnement. A titre d’exemple, récemment, la CAF a discrètement fait savoir qu’elle n’enverrait plus qu’un courrier par mois à ses allocataires, et qu’elle les encourageait à consulter leur espace privé, sur le site, afin de se tenir au courant de l’évolution de leur dossier. Au sein des entreprises, ce sont les documents administratifs et les factures qui se voient de plus en plus dématérialisés. Ainsi, la plupart des opérateurs de téléphonie mobile, comme Orange et SFR, proposent à leurs clients un service gratuit, mettant leurs factures à disposition sur leur espace web. En plus du gain de place au niveau de l’archivage, on constate également un gain de temps pour les employés qui n’ont plus à photocopier, envoyer, archiver les documents, à part en quelques clics. Certaines entreprises, comme Readsoft, se sont d’ailleurs spécialisées dans la dématérialisation des factures, réalisant en un an et sur l’ensemble de ses clients (7 500 dans le monde, dont Porsche, IKEA, Ericsson ou Yves Rocher), une économie de 2 000 tonnes de CO2 (soit l’équivalent de 2000 vols aller/retour entre Paris et New-York).
Si l’on quitte l’univers des entreprises pour se pencher sur les implications de la dématérialisation auprès du grand public, c’est le secteur du livre qui occupe toute l’actualité. Depuis quelques temps, un débat passionné secoue l’univers de l’édition française, tiraillée entre les partisans du livre numérique et les intrépides amateurs du livre papier. Parmi les arguments des partisans du numérique, un ressort en particulier : la primauté écologique du numérique sur le papier. On reproche au livre papier, donc, son « coût en arbres » et sa responsabilité dans la déforestation. On lui reproche aussi de demander une grande quantité d’eau pour être fabriqué (60 à 100 litres d’eau pour 1 kg de papier blanc, 20 fois moins pour du recyclé), de coûter de l’énergie à l’impression, et de générer une certaine pollution pendant le transport. Devant ce tableau critique, apparaît une solution, écologique à première vue : la liseuse, (ou la tablette, certes plus chère et d’utilisation plus diversifiée). Amazon, Sony, FNAC, Archos et autres proposent des liseuses, ces bibliothèques portatives, tactiles et rétro-éclairées pouvant contenir plusieurs centaines de livres numériques, tout en représentant un encombrement minimal. Apple, Samsung ou Asus proposent des tablettes, également bien placées dans la course à la table de chevet numérique. En dehors de ne consommer ni papier, ni eau, ni encre, ni lumière pour lire, les liseuses présentent un avantage certain pour les gros lecteurs, professionnels ou passionnés, qui la rentabilisent en quelques dizaines de livres. Ici aussi, le stockage et l’archivage se voient grandement simplifiés, tout comme le transport.
Mais une petite nuance mérite d’y être apportée, afin d’éclairer le débat sous un autre angle. Si la question écologique du papier et de la fabrication du livre se pose, qu’en est-il de l’impact écologique de la fabrication d’une liseuse ? Quel est, en réalité, le coût carbone d’un objet technologique et de ses composants par rapport à celui du papier ? Et quid de l’empreinte écologique des serveurs informatiques géants sur les lesquels sont stockées ces innombrables données?
La réalité écologique de la dématérialisation
Si l’on dépasse la simple opposition entre l’utilisation de papier ou non, la dématérialisation est loin de s’avérer 100% écologique. Chaque geste, chaque action, aussi anodins et quotidiens qu’ils soient, représentent un coût écologique parfois bien plus important que l’on ne pourrait le penser. Ainsi qui soupçonne la réalité énergétique d’une recherche Google ? De l’envoi d’un mail ? Deux actions dématérialisées devenues banales, comme le transfert de données sur une clé USB ou le stockage de données. L’ADEME a réalisé une étude en 2011 qui laisse songeur : une recherche Google représente une dépense de 10g de CO2. Envoyer un mail : 19g au minimum (le coût augmente en fonction du nombre de destinataires). Transférer un document de 200 pages sur une clé USB : 100g de CO2. Mis bout à bout, ces petits chiffres finissent par représenter des sommes de CO2 immenses au sein des entreprises. Pourquoi ? Car l’acheminement de ces données passe par des serveurs, alimentés en permanence en énergie aux quatre coins du monde.
En ce qui concerne le livre numérique, la réalité s’avère plus nuancée, car la notion du « coût carbone » reste difficile à estimer avec exactitude dans une chaîne de production. Un livre, selon les données et études actuelles, pèse moins lourd en carbone: 1,3 kg de CO2 pour un livre contre 235 kg pour une liseuse, et près de 170kg pour une tablette. Les terminaux de lecture numérique ne présenteraient un avantage réel qu’à partir d’une cinquantaine de livre, taux que peu de français atteignent en un an. Certaines ne seraient réellement amorties qu’au bout de 3 ans, et 240 livres! Sur le plan de la déforestation, l’édition pèse peu dans la balance : les livres sont généralement fabriqués à partir de chutes de scieries et de papier recyclé. Afin de couper court aux tergiversations, le numéro un français de l’édition, Hachette, a commandé une étude en 2011, en complément des travaux du Stockholm Royal Institute of Technology qui estime qu’un lecteur français moyen n’amortit « climatiquement » une liseuse numérique qu’en… dix ans. Un dilemme environnemental auquel Hachette a choisi de répondre de façon pragmatique, comme avec l’impression à la demande évitant ainsi des dépenses d’énergie inutiles.
Dans la balance environnementale, pèse aussi le poids de la durée de vie d’un livre. Un livre papier ne se casse pas. Endommagé, il se recycle tandis qu’une liseuse se casse et, logiquement, se change. Mais à quel prix écologique ? Voilà de quoi réconforter les amoureux du « livre-objet », et les préserver de cette réputation d’individus réfractaires au progrès, dont on cherche à les affubler trop souvent!
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