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Un essai de Blanche Sabbah - Casterman

La Bataille culturelle pour lutter contre le fascisme dans la joie et la créativité !

Blanche Sabbah réagit à l’actualité avec sagacité. Ses bandes dessinées en disent long sur son engagement féministe, à la portée du plus grand nombre. Dans cet essai ponctué de pages de BD, « La Bataille culturelle » aux éditions Casterman, elle met ses idées et son engagement au service du combat contre la montée du fascisme en France. Et la bataille à gagner est avant tout culturelle : face au renversement terrifiant des valeurs et des idées, l’art, les récits, les œuvres populaires nous aident à construire une société plus juste. Un essai enlevé, structuré en 5 chapitres, chacun introduit par la reprise d’un post Instagram emblématique de @lanuitremueparis.

J’AIME BEAUCOUP CETTE IDÉE
QUE LES CŒURS AUSSI ONT SOIF DE FUTURS,
QU’IL NE SUFFIT PAS DE PRENDRE SOIN
DE NOS CONDITIONS MATÉRIELLES DE SUBSISTANCE,
MAIS AUSSI DE LA POSSIBILITÉ D’ESPÉRER.

BLANCHE SABBAH

Questions à Blanche Sabbah

Peux-tu définir « la bataille culturelle », titre de ton manifeste ?

Le terme « culture » a un double sens : il renvoie certes au paysage culturel (littérature, cinéma, arts, etc.), mais aussi à la société, quand on parle par exemple de la « culture du viol » ou de la « culture de l’inceste ». Mener la bataille culturelle, c’est agir pour imposer un récit dissident face au récit hégémonique, qu’il soit médiatique ou culturel. Et œuvrer pour la bataille culturelle, c’est donc proposer un contre-récit, des alternatives, quelque chose de différent. Elle se mène dans de nombreux domaines et
à différents niveaux : reprendre quelqu’un·e quand iel fait une blague sexiste, imposer un cadrage médiatique qui se distingue de celui que l’on voit partout dans les médias de droite et d’extrême droite, proposer de nouvelles narrations de fictions que l’on n’a pas l’habitude de lire, aborder un sujet avec optimisme plutôt que de voir toujours les choses de façon pessimiste. Tout cela participe à la formation d’un contre-récit.

Pourquoi as-tu eu envie d’écrire La Bataille culturelle ?

Je tenais à apporter ma pierre à l’édifice du combat contre les idées d’extrême droite. Avec cet essai, j’œuvre moi-même à la bataille culturelle : en promouvant le concept, en donnant des pistes de réflexions, des idées d’actions concrètes pour ne pas se laisser paralyser par le contexte anxiogène ambiant et en créant du pouvoir collectif pour un horizon pas complètement nihiliste et inquiétant.

Pourquoi as-tu choisi ces 5 thématiques très différentes ?

  • le pouvoir des récits,
  • la joie militante,
  • l’électorat d’extrême droite,
  • un message à la minorité juive,
  • la construction de nos récits féministes

Ce sont des réflexions que j’ai toujours eues et que j’ai mises en pratique en tant qu’activiste, que ce soit par le dessin, les livres que je publie ou les actions que je mène au sein de mes différents collectifs. Lorsque j’ai voulu condenser ma pensée politique en un essai, ces cinq grands axes me sont apparus comme mes chevaux de bataille principaux. Je les aborde depuis ma perspective, ma propre voix, qui se distingue de ce que j’ai pu lire ou entendre ailleurs. Dans l’ouvrage, je pars d’une définition du concept pour aller vers son incarnation la plus concrète, en racontant les victoires que nous avons pu obtenir.


Sommaire

  • PRÉFACE
  • INTRODUCTION : Que peut l’art face à la menace du fascisme ?
  • INFORMER NE SUFFIT PAS, IL FAUT CONVAINCRE : Pour une culture des récits
  • LA JOIE MILITANTE N’EST PAS UNE NAÏVETÉ : Pour une culture de la joie
  • ARRÊTEZ DE VOTER POUR LES HARKONNEN : Pour une culture du débat
  • ÊTRE DU CÔTÉ DES PERSÉCUTÉ•ES : Pour une culture des convergences
  • CONSTRUIRE UNE ÉTHIQUE FÉMINISTE : Pour une culture du consentement
  • CONCLUSION : Contre le fatalisme

Quelles sont tes sources et la méthode appliquée ?

Mon essai mêle à la fois des connaissances empiriques et des analyses d’expert·es, notamment de sociologues. Les observations de terrain me viennent de mon bagage militant, des collectifs au sein desquels je milite, et des personnes que je croise quand je me déplace en librairie ou quand je participe à des tables rondes en festival… Par exemple, lorsque j’ai milité pour le Nouveau Front Populaire lors des législatives 2024, j’ai assisté à une effervescence politique et militante sans précédent. J’ai pu rencontrer de nombreuses personnes, confronter mon avis à d’autres, échanger et débattre. Cela m’a beaucoup nourrie. De toutes ces rencontres se sont imposés les grands axes que je défends dans mon livre. J’ai également interrogé les personnes concernées sur des points précis. Par exemple, pour le chapitre où je m’adresse aux personnes juives, ce sont des membres de ma famille qui me relisent et différents collectifs militants juifs qui ne sont pas forcément d’accord entre eux mais avec qui j’ai la possibilité d’échanger et de débattre et qui sont eux-mêmes producteurs de contenus.

En termes de méthodologie, j’applique une perspective féministe et intersectionnelle, prisme pertinent pour aborder d’autres luttes, et je priorise les œuvres écrites par des femmes pour traiter mes sujets.

Est-ce important pour toi de rendre cet essai abordable ?

des exemples très variés dans lesquels le lectorat peut se projeter.

Complètement, je tiens à produire un contenu accessible et qui parle au plus grand nombre. Dans le premier chapitre de mon livre, j’explique que certaines personnes sont convaincues par des démonstrations mathématiques, d’autres par des émotions, des récits, des témoignages incarnés, ou par quelque chose de plus métaphorique ou poétique. Il y a mille et une façons de parler d’un sujet !

Est-ce politique de réintroduire la joie au cœur du militantisme ?

un essai précis et sourcé, pleinement ancré dans l’actualité, mais aussi résolument optimiste et lumineux.

Oui, tout à fait ! La joie militante fait partie de ce que je nomme les « récits dissidents ». Les récits prédominants actuels sont extrêmement anxiogènes. Ainsi, l’optimisme apparaît comme une forme de subversion quand on est en permanence confronté·e à un avenir complètement noir. Cela représente un véritable enjeu politique car il est important de promouvoir un futur désirable qui donne envie de se mobiliser. Il est très difficile de trouver de l’énergie quand tout le monde passe son temps à nous dire que tout est perdu. Comment pourrait-on avoir envie de jouer lorsqu’on nous rabâche que les dés sont truqués ? Selon moi, être optimiste ne signifie pas être naïf·ve ou se mettre des œillères, c’est au contraire une sorte de lucidité joyeuse qui permet de se reconvaincre tous les jours que ça vaut la peine de se battre !


Extraits et avis des libraires


Pourquoi un essai antifasciste où le texte prend le pas sur la BD ?

Avec Mythes & Meufs, j’avais déjà expérimenté ce format, l’alliance de la bande dessinée et du texte, sauf que dans La Bataille culturelle, le rapport est inversé. Il y a plus de texte que de bande dessinée, celle-ci étant présente en introduction de chaque chapitre et au cœur de mon propos dans le texte. Je pense honnêtement que cette manière d’agencer ma pensée me vient d’Instagram, où je publie des posts présentant une courte bande dessinée et dont la légende me permet de développer ce que mes images entament comme réflexion. Avec cet essai, je prolonge et approfondis également la démarche scientifique initiée durant mes études universitaires. J’ai développé ce goût pour la recherche et l’écriture lors de mes deux Masters de recherche (Lettres, Arts et Pensée Contemporaine à Paris Diderot et Sociologie de l’Art à l’EHESS) à l’issue desquels j’ai rédigé deux mémoires (Filmer le corps des adolescentes : la traduction visuelle d’un malaise intime et Figure de l’artiste engagé : la réponse artistique et politique des collaborateurs de Charlie Hebdo à l’attentat du 7 janvier 2015).

Ton livre paraît 2 ans avant les présidentielles. Est-ce anodin ?

Ce n’est pas anodin. Je pense qu’on a été nombreux·ses à avoir eu très peur au moment des législatives et qu’on a vraiment été soulagé·es et euphoriques de connaître une victoire électorale après une campagne si intense. C’est à la fois un moment fondateur de mon expérience citoyenne et une séquence importante dans le paysage politique global de ces dernières années. Après avoir évité le pire aux législatives, il faut continuer à mener le combat, répandre nos idées et donner des outils antifascistes efficaces au plus grand nombre, et cela pendant les deux années qu’il nous reste avant les prochaines présidentielles. Cet essai s’inscrit dans cette démarche !

En refermant La Bataille culturelle, qu’aimerais-tu qu’on retienne ?

Que c’est possible de se mobiliser, de gagner, de changer le monde ! Je pense sincèrement que le fait de commenter en permanence tout ce qui va mal, c’est démobilisant et paralysant. Être submergée d’informations très angoissantes peut donner une vision insurmontable et rendre le combat écrasant. Je crois qu’on est toustes au courant de la gravité de la situation. La Bataille culturelle donne des pistes pour sortir de cette tétanie afin de se remobiliser et d’enclencher de l’action concrète.

J’ai envie qu’en refermant mon livre, le lectorat puisse se dire :

« Je savais à quel point c’était grave, mais désormais je sais ce que je peux faire pour que ça aille mieux ! ».

Comment lutter contre l’extrême droite,
aux portes du pouvoir en France ?

Pour Blanche Sabbah, rien n’est perdu, et le combat se mène aussi bien sur le terrain que dans le champ des idées. Dans La Bataille culturelle, depuis sa position d’artiste et de militante, l’autrice dresse cinq grands axes pour imposer un discours sociétal dissident, et contrecarrer l’idéologie conservatrice aujourd’hui dominante. Le terme « culture » est entendu au sens large : il s’agit de proposer de nouvelles manières de faire société, dans la réalité comme dans la fiction, de montrer que l’on peut faire autrement et, surtout, que l’on peut faire ensemble.

Contre la montée des idées et des actes d’extrême droite, sa stratégie pose les fondements d’une culture multiple : une culture des récits, car on a besoin de contre-fictions qui réenchantent l’avenir, une culture de la joie, pour galvaniser l’action militante, une culture du débat, car il faut se disputer pour combattre les idées intolérantes, une culture des convergences, car les luttes antiracistes ne seront victorieuses que si elles s’unissent, et enfin une culture féministe, meilleur prisme pour contrer les politiques réactionnaires.

Un propos puissant et salutaire, nourri de ses expériences militantes, de réflexions théoriques, historiques et contemporaines, et d’analyses d’oeuvres issues de l’avant-garde comme de la pop culture.

Un véritable antidote contre le désespoir ambiant, pour un monde plus juste.

L’Autrice Blanche Sabbah

Blanche Sabbah est une militante, activiste féministe et climat, et autrice de bandes dessinées.

Après des études de littérature et de sociologie de l’art à Paris Diderot et au sein de l’EHESS, elle intègre le collectif de collages contre les féminicides et milite pour les droits des femmes et personnes queer via son compte instagram @lanuitremueparis.

Depuis 2020, elle travaille avec divers médias engagés (Le 1 hebdo, L’Humanité, Vert, Mâtin, quel Journal !, Tilt) et des associations (Action Contre la Faim, AIDES, Parents & cie ; Féministes).

Elle vit à Paris et a rejoint en 2022 le mouvement Action Justice Climat qui lutte pour le climat et la justice sociale et dont le projet politique s’articule autour de quatre composantes : l’écologie populaire, la lutte contre l’extrême droite, la construction d’alliances et le militantisme soutenable.

Inspirée par les autrices Pénélope Bagieu, Catherine Meurisse, Lucrèce Andreae, Amélie Fléchais, Alix Garin ou Sixtine Dano, Blanche croit fermement en la notion d’art engagé et entend changer la société grâce à son action – qu’elle soit numérique ou de terrain – et ses ouvrages alliant critique sociale et esthétique.

BIBLIOGRAPHIE :

  • Mythes et Meufs – Tome 2, Dargaud « Mâtin », 2023.
  • Histoire de France au féminin, avec Sandrine Mirza, Casterman jeunesse, 2023.
  • Mythes et Meufs – Tome 1, Dargaud « Mâtin », 2022.
  • Nos Mutineries, réponses imparables aux idées reçues sur le féminisme, avec Eve Cambreleng, Mango Society, 2022.

La Nuit Remue Paris, c’est quoi ?

LA NUIT REMUE PARIS

Blanche Sabbah est autrice de BD, activiste féministe et climat. 

La Nuit Remue, est son projet artistique et militant. Grâce à ses études d’histoire de l’art et de sociologie, elle vulgarise des concepts au moyen de BD humoristiques et engagées sur son compte Instagram @lanuitremueparis. La boutique en ligne lui permet de faire circuler des images impertinentes et de diffuser les valeurs queer et féministes !

BLANCHE SABBAH
« LA BATAILLE CULTURELLE »
Casterman

Parution : 3 septembre 2025
Prix public TTC : 13,00 €
128 pages – 140 x 250 mm
EAN : 9782203296558

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Cyrille Souchehttps://cdurable.info
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