La pollution par l’excès de phosphore des masses d’eau affecte gravement les écosystèmes. L’ONU appelle à des mesures pour mieux utiliser cet engrais et le produire de manière durable, en l’extrayant des eaux usées dans les stations d’épuration ou les bio-usines.
Un enjeu majeur
La vie végétale de cette planète dépend, entre autres, du parfait équilibre entre l’azote et le phosphore, le premier étant plus abondant que le second. Traditionnellement, les plantes obtiennent ces éléments naturellement dans l’environnement. Cependant, avec l’augmentation de la demande de produits végétaux, les humains ont dû fournir ces nutriments artificiellement au moyen d’engrais pour stimuler la croissance, en particulier des cultures.
Cette stratégie a notamment eu pour effet de déstabiliser l’équilibre naturel. En effet, l’Organisation des Nations unies (ONU) met en garde contre le fait que le cycle du nutriment s’est complètement rompu, donnant lieu à des régions fortement polluées par le phosphore. Voilà pourquoi l’élimination du phosphore des eaux usées doit être une priorité pour notre société.
Alors que dans certaines régions du monde les agriculteurs ne peuvent pas accéder au phosphore pour fertiliser leurs cultures, dans d’autres, son utilisation s’est tellement répandue qu’une pollution abusive des masses d’eau douce et des côtes par des excès de nutriments.
Une croissance agressive
À cause du phosphore, les algues de surface des masses d’eau douce se sont développées de manière si démesurée qu’elles consomment tout l’oxygène de l’eau. Le phosphore atteint les sources d’eau par ruissellement ou par infiltration dans les aquifères.
Si une rivière ou un lac est en bon état, le plus souvent, on trouve beaucoup plus d’azote que de phosphore, de sorte que, si les algues et les plantes aquatiques ne poussent plus, c’est surtout par manque de phosphore. Maintenant, les déversements continus de phosphore stimulent la croissance des algues.
En poursuivant sur cette voie de pollution, l’ONU craint que les écosystèmes aquatiques ne soient gravement touchés, plus qu’ils ne le sont actuellement, et avec eux les ressources qu’ils fournissent aux humains, comme l’eau potable, la nourriture et les moyens de subsistance. Par conséquent, la prévention de la pollution au phosphore de ces écosystèmes sensibles est vitale pour la réalisation des 17 Objectifs de développement durable définis dans le Programme 2030.
Une clé pour l’avenir du phosphore
Face à cette situation, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et d’autres organismes, tels que le Partenariat mondial pour la gestion des nutriments, réclament le développement d’une meilleure gestion du phosphore au profit des populations et de la planète.
Il existe d’énormes avantages environnementaux et socio-économiques qui peuvent être obtenus grâce à la gestion durable du phosphore, en mettant l’accent sur l’atténuation du fardeau de la pollution au phosphore dans les lacs et leurs bassins hydrographiques.
À cet égard, l’une des principales mesures proposées consiste à mettre en place une infrastructure capable de soustraire du phosphore par les déchets que nous produisons et d’établir ainsi un marché mondial de produits recyclés riches en phosphore. Heureusement, la technologie pour atteindre cet objectif est déjà disponible et présente dans de nombreux pays grâce à la circularité offerte par les bio-usines ou les stations d’épuration d’eau de dernière génération.
Dans ce contexte, les bio-usines se présentent comme une solution parfaite à ce problème car, en éliminant le phosphore et l’azote des eaux usées, elles produisent un minéral avec de fortes concentrations de ces deux éléments chimiques en plus du magnésium.