Votre vie ne se résume pas aux froids chiffres du PIB et autres statistiques économiques. Après 50 ans d’existence, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a décidé de s’intéresser au bien vivre des citoyens de ces trente-quatre États membres. L’organisation internationale vient en effet de publier la version française du Better life index, graphique interactif qui permet à chacun d’évaluer la qualité de vie de son pays avec profusion de chiffres et données.
Selon onze critères : logement, emploi, revenu, liens sociaux, éducation, environnement, engagement civique, santé, satisfaction, sécurité et équilibre travail-vie, l’OCDE pense pouvoir mesurer la qualité de vie au sein des États membres. La sortie de ce nouvel indicateur, inspiré des travaux du prix Nobel d’économie Joseph Stieglitz, s’accompagne d’une évaluation des performances pour chaque pays. La France obtient d’excellents résultats sur les indicateurs du bien-être et figure d’ailleurs parmi les pays les plus performants sur de nombreux critères de l’Indicateur du vivre mieux. On y apprend notamment que les points forts de la France sont l’environnement et le rapport entre travail et temps libre. En Résumé : S’il ne fait pas le bonheur, l’argent est tout de même important pour obtenir un meilleur niveau de vie. En France, le revenu moyen gagne 27 789 USD par an, soit plus que la moyenne de 22 387 dollars dans les pays de l’OCDE. Mais un écart considérable sépare les plus aisés des plus modestes – les 20% les mieux lotis touchent environ quatre fois le montant perçu par les 20% les moins bien lotis. En termes d’emploi, plus de 64 % des 15-64 ans ont un travail rémunéré, un niveau moins élevé que le taux d’emploi moyen de l’OCDE de 66%. Environ 68 % des hommes ont un emploi rémunéré, contre 60 % des femmes. Les actifs en France travaillent 1 554 heures par an, autrement dit moins que dans la plupart des pays de l’OCDE où la moyenne est de 1 749 heures. Environ 9 % des salariés travaillent de très longues heures, soit un taux égal a celui observé dans l’OCDE, avec 12 % d’hommes trvaillant de très longues heures contre 5 % pour les femmes. Pour trouver un emploi, il est essentiel d’avoir fait de bonnes études. En France 70 % des 25-64 ans sont diplômés du deuxième cycle du secondaire ou équivalent, soit moins que la moyenne de l’OCDE de 74%. Il y a peu de différence entre les hommes et les femmes ; 71 % des hommes décrochant un tel diplôme, contre 69 % des femmes. Le score moyen en France aux derniers tests du PISA pour ce qui est de la compréhension de l’écrit, des mathématiques et des sciences, est de 497, score égal à la moyenne de 497 points de la zone OCDE. Les filles dépassent les garçons de 7 points en moyenne, moins que les 9 points d’écart moyen de l’OCDE. En termes de santé, l’espérance de vie à la naissance en France est de 81 ans, soit un an de plus qu’en moyenne dans l’OCDE. L’espérance de vie chez les femmes est de 85 années contre 78 années chez les hommes. La concentration de PM10 (fines particules atmosphériques polluantes qui peuvent pénétrer et endommager les poumons) est de 13 microgrammes par mètre cube, un niveau inférieur à ceux enregistrés dans la plupart des pays de l’OCDE (22 microgrammes). La France est en revanche moins performant dans sa gestion de la qualité de l’eau, 80 % de ses habitants se disant satisfaits de la qualité de leur eau, moins que la moyenne de l’OCDE de 84 %. En ce qui concerne la sphère publique, le sentiment d’appartenance et le degré de participation du public sont élevés en France. Dans l’ensemble, 92 % des habitants pensent connaître quelqu’un sur qui compter en cas de besoin, contre 91 % en moyenne dans l’OCDE. Le taux de participation électorale, qui traduit la confiance du public à l’égard des autorités ainsi que la participation des citoyens au processus politique, s’est élevé à 84 % lors des dernières élections, soit un taux plus élevé que la moyenne de l’OCDE de 73 %. En France, la participation électorale est de 91 % pour les 20% les plus aisés, contre 80 % pour les 20% les plus modestes. Cette différence plus large que l’écart moyen au sein de l’OCDE de 7%, indique qu’une plus forte cohésion sociale pourrait être bâtie autour des institutions démocratiques. En général, les habitants de France sont plus satisfaits de leur vie que la plupart des citoyens de l’OCDE. En France, 73 % des personnes interrogées indiquent vivre plus d’expériences positives au cours d’une journée moyenne (sentiment de repos, fierté d’avoir accompli quelque chose, plaisir, etc.) que d’expériences négatives (douleur, inquiétude, tristesse, ennui, etc.). Ce pourcentage est supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE, qui s’établit à 72 %. Des résultats satisfaisants donc, mais l’OCDE les modèrent dans son rapport économique : « Si la France connaît une reprise modérée après la crise financière, il serait souhaitable en particulier d’améliorer la politique du logement et la politique environnementale ». Le nouveau gouvernement Ayrault semble avoir entendu le message notamment en créant un ministère du Logement confié à Cécile Duflot. Nicole Bricq, ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’Energie devra, dans quelques jours, défendre la position de la France qui appelle à la création d’une organisation mondiale de l’environnement lors du Sommet de la Terre à Rio. A son retour, elle devra aussi tracer une ligne claire sur nos futurs choix énergétiques. Un dossier complexe qui nécessiterait bien un débat citoyen comme l’appelle cette semaine la Fondation Nicolas Hulot.Pour en savoir plus sur l’indicateur Vivre mieux de l’OCDE
L’OCDE présente l’intérêt de son indicateur dans cette vidéo « promotionnelle » : On (ré)écoutera avec plus d’intérêt le 7/9 de France Inter. Vendredi (25 mai 2012), Patrick Cohen recevait Anthony Gooch, Directeur des relations extérieures et de la communication de l’OCDE – Xavier Timbeau, Economiste et directeur du département analyse et prévision à l’OFCE et Dominique Méda, Sociologue et membre du collectif FAIR ( Forum pour d’ Autres Indicateurs de Richesse) :