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Une note de La Fabrique Ecologique

Vers des technologies sobres et résilientes

Pourquoi et comment développer l'innovation "low-tech" ?

Ateliers de réparation, recycleries-ressourceries, agroécologie, éco-industries locales : l’engouement pour les « low-tech » est bien réel mais peine à se généraliser. Cette démarche pourrait pourtant être un véritable « accélérateur » de la nécessaire transition énergétique et écologique. Que recouvre ce concept d’innovation « low-tech » ? Quelle définition peut-on lui donner ? Quels sont les freins au développement de ces technologies sobres et résilientes ? Ce sont à ces questions que répond cette note, issue des réflexions du groupe de travail présidé par Philippe Bihouix, avant de présenter trois propositions innovantes pour accélérer le déploiement du low-tech dont les bénéfices seront écologiques mais aussi économiques et sociaux.

SYNTHÈSE DE LA NOTE

Une innovation low-tech ? Quel est cet étrange oxymore ? Faut-il retourner à la bougie ou à l’âge des cavernes au lieu de miser sur le progrès technologique ? Certes, le low-tech ne fait pas rêver comme le high-tech et ses applications futuristes. Et pourtant, si c’était là que se situait la vraie modernité et le courage d’innover ? Notre système technique et économique se heurte aux limites de la planète, qui n’a plus la capacité de lui fournir les ressources nécessaires et d’en absorber les rejets, comme le démontrent le changement climatique et la pollution généralisée irréversibles. Les technologies « vertes » et intelligentes sont présentées comme la clé pour résoudre le défi planétaire. A y regarder de plus près, il serait dangereux de faire reposer la transition écologique sur une innovation technologique toujours plus complexe : les high-tech ont souvent tendance à accélérer notre modèle « extractiviste », à nous éloigner de l’économie circulaire et à provoquer de nombreuses problématiques sociales, humaines et politiques. Si le tout high-tech n’est pas l’eldorado promis par certains, il est indispensable de penser différemment et de développer, en parallèle, le concept et les initiatives dites « low-tech ». Ce terme formé par antonymie avec le high-tech, au contour encore flou, désigne des innovations durables (produits ou services) prenant mieux en compte les contraintes sur les ressources, se focalisant sur les technologies sobres, agiles et résilientes. De nombreuses initiatives émergent, l’engouement est réel mais cette innovation low-tech peine à se généraliser et à être reconnue. Pourtant, elle pourrait être un véritable accélérateur de la nécessaire transition écologique et énergétique, basée sur une technique au service de l’homme, créatrice d’emplois locaux, participant à la résilience des territoires et porteuse d’un nouveau récit positif. Comment développer les technologies sobres et résilientes ? Comment lever les freins à leur déploiement ? Trois propositions concrètes et volontaristes sont avancées dans cette note : – 1) Basculer les cotisations sociales vers une fiscalité environnementale ambitieuse. Dans les entreprises et les administrations, les arbitrages sur les choix d’organisation, les modes de production, la rentabilité des projets, l’utilité des investissements, seraient profondément modifiés, permettant l’émergence d’une économie « post-croissance » plus riche en travail et plus économe en ressources. – 2) Faire de la France la première « low-tech nation », championne de la réparation, du réemploi et du zéro déchet. Une véritable dynamique pourrait être impulsée à toutes les échelles territoriales. Chaque agglomération, chaque commune, chaque quartier pourrait ouvrir un lieu de réparation citoyenne et une « recyclerie – ressourcerie ». Des initiatives zéro déchet pourraient être lancées dans toutes les administrations, les écoles et les entreprises publiques. Des actions de sensibilisation et de formation appuieraient cette dynamique. – 3) Créer une « Cour de défense du bien commun » qui aurait notamment pour rôle d’autoriser ou d’interdire la production ou la commercialisation d es produits et services, sur base de leur impact environnemental et humain. Il est plus que temps de prendre le parti de la lucidité et de la responsabilité : envisager et construire des alternatives, ouvrir des pistes, expérimenter d’autres modèles plus sobres, développer la diversité, l’autonomie et les approches locales, facteurs de résilience, d’inclusion, de réalisation personnelle et collective … en un mot, d’oser le low-tech !

Signataires

Cette note est issue des travaux d’un groupe de réflexion réuni dans le cadre de La Fabrique Ecologique entre octobre 2017 et août 2018. Le groupe de travail de La Fabrique Ecologique auteur de cette note est composé de : • Philippe Bihouix, Président du groupe de travail, ingénieur et essayiste, administrateur de l’Institut Momentum • Emeline Baume de Brosses, Conseillère déléguée à l’Economie circulaire et la Prévention des déchets, Métropole de Lyon • Geneviève Besse, Politiste • Fabrice Bonnifet, Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement du Groupe Bouygues • Marc Darras, Président du Groupement professionnel Centraliens « Ingénieur et Développement Durable » • Thomas Désaunay, Administrateur de La Fabrique Ecologique • Jean-Marc Gancille, Co-fondateur de Darwin • Amandine Garnier, Chargée de développement, Low-tech Lab • Thierry Groussin, Créateur de perspectives, ingénierie de formation • Thomas Guillermou, Entrepreneur, délégué national « Planète » au Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprise • Arthur Keller, Spécialiste des vulnérabilités des sociétés industrielles et des stratégies de résilience, administrateur du Comité Adrastia • Catherine Lapierre, Economiste, ingénieure • Sandrine Roudaut, Editrice, prospective, conférence, auteure « L’utopie mode d’emploi », « Les suspendu(e)s » • Agnès Sinaï, Journaliste et enseignante à Sciences Po, fondatrice de l’Institut Momentum • Mathilde Soyer, Sociologue, chercheure associée au LEESU, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées • Bruno Tassin, Directeur de recherche à l’école des ponts ParisTech, co-responsable scientifique du Labex Futurs-Urbains • Arnaud Vanhove, Etudiant HEC Paris au sein du master « Sustainability and Social Innovation » • Dominique Viel, Présidente du groupe de travail Prévention des déchets du Ministère de l’Ecologie Conformément aux règles de la Fabrique Ecologique, seuls les signataires de la note sont engagés par son contenu. Leurs déclarations d’intérêts sont disponibles sur demande écrite adressée à l’association. Membres du groupe de travail : • Guillaume Duval, Journaliste • Laurence Medioni, Directrice communication et RSE, Ubitransport. Relecture : Cette note a été discutée par le comité de lecture de La Fabrique Ecologique, composé de Nicolas Blanc, Guillaume Duval, Marianne Greenwood, Géraud Guibert, Catherine Husson-Traoré, Joël Roman, Guillaume Sainteny et Lucile Schmid. Elle sera relue et fera l’objet de suggestions de la part des personnalités suivantes : • Michel Gioria, Directeur régional de l’Ademe Ile-de-France • Olivier Rey, Philosophe Elle a enfin été validée par le Conseil d’administration de La Fabrique Ecologique. Conformément aux règles de La Fabrique Ecologique, cette publication sera mise en ligne jusqu’à la fin du mois de janvier 2019 sur le site de l’association (www.lafabriqueecologique.fr) afin de recueillir l’avis et les propositions des internautes. Sa version définitive sera publiée en février 2019.[[Avertissement concernant la mise en page de cette note : dans un souci de cohérence avec l’ensemble de nos propos, la mise en page (taille des marges, interlignes, type de caractères) a été réalisée afin de réduire au maximum le nombre de pages du document final. Nous espérons que la lecture en restera néanmoins agréable et que les lecteurs réguliers des notes de La Fabrique Ecologique, habitués à une mise en page plus aérée, ne nous en tiendrons pas rigueur.]]

SOMMAIRE

SYNTHESE INTRODUCTION I. POURQUOI DEVELOPPER LES « LOW-TECH » ? A- Et s’il fallait changer de modèle ? Des limites et des risques d’une approche purement high- tech… B- « Think different »… chiche ? C- Les low-tech, c’est quoi ? D- Tentative de définition des low-tech E- Low-tech, high future F- Humilité des low-tech II. COMMENT DEVELOPPER L’INNOVATION LOW-TECH ? A- Manifeste low-tech B- Freins et blocages C- Les low-tech, partout et maintenant D- Proposition 1 : Basculer les cotisations sociales vers une fiscalité environnementale ambitieuse E- Proposition 2 : Faire de la France la première « low-tech nation », championne de la réparation, du réemploi et du zéro déchet F- Proposition 3 : Créer une « Cour de défense du bien commun » CONCLUSION QUIZZ : ETES-VOUS LOW-TECH (SANS LE SAVOIR ?)

INTRODUCTION

Etes-vous « low-tech »[[France Info, Êtes-vous « low tech », Les clés du nouveau monde, 22 juillet 2015.]] ? Du moins peut-être connaissez-vous ou avez-vous entendu parler de cette autre façon d’innover, cette « nouvelle source d’innovation » [[Les Échos, Le « low-tech », nouvelle source d’innovation, 21 octobre 2014.]] qui « gagne du terrain » [[Le Figaro, L’innovation « low tech » gagne du terrain, 11 avril 2016]] ? « Soyons ingénieux, pensons low-tech », clame pour sa part le site spécialisé en innovation Boomer[[-http://boomer.fr/soyons-ingenieux-pensons-low-tech/]]. Qu’en est-il exactement ? Que recouvre ce concept, qui semble provoquer un certain enthousiasme, rejoindre les aspirations et les préoccupations de personnes toujours plus nombreuses ? Quel peut être son intérêt dans le cadre d’une nécessaire transition écologique ? Répondre à cette question n’est pas si simple. Les initiatives et les réflexions sont nombreuses et diverses, chez les particuliers, dans les associations, les entreprises, les territoires, et chacun y va de sa définition. Le terme low-tech ne fait pas rêver comme le high-tech et ses applications futuristes. Et pourtant, loin du « retour à la bougie », si c’était là que se situait la vraie modernité ? C’est l’objet de cette note, dans laquelle nous nous sommes attachés à mieux définir le contour encore instable du concept de low-tech – ces technologies qui se veulent plus sobres, plus résilientes, plus autonomes –, à montrer leur intérêt comme solutions complémentaires ou alternatives à l’approche « habituelle », toujours plus high-tech, et à émettre des recommandations pour leur développement. A titre d’introduction, et avant d’entrer dans des considérations peut-être plus fastidieuses, on pourra se reporter au Quizz « Êtes-vous low-tech (sans le savoir) » proposé en fin de note.

NOTE

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Documents joints

A propos de La Fabrique Ecologique

La Fabrique Ecologique, fondation pluraliste et transpartisane de l’écologie, réfléchit, lance des débats et élabore des propositions concrètes en matière d’écologie et de développement durable. Elle réunit pour cela des experts de toutes sensibilités politiques et d’horizons divers. Des notes de référence sont publiées à partir de l’activité de groupes de travail et une place toute particulière est donnée au débat collaboratif au travers des ateliers co-écologiques.

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