La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est indispensable pour recruter comme pour répondre aux appels d’offres publics. Peu d’entreprises misent sur la participation des salariés. Un choix dans l’ADN d’Enerfip, une plateforme de financement participatif dédiée aux énergies renouvelables située à Montpellier.
L’initiative, portée par deux salariées, est encouragée par la direction. Avec l’association En Roue Libre, les deux jeunes femmes ont su fédérer les parties prenantes de l’entreprise : salariés, associations locales, collectivités et citoyens. Pour promouvoir des projets de transition écologique, mener des actions de sensibilisation ou encore collecter des fonds, tous sont désormais en selle.En Roue Libre jusqu’à Macondo au Mas Dieu
A Montarnaud, au nord-Ouest de Montpellier. Au Mas-Dieu, en ce vendredi d’été, le ciel est menaçant. Au-dessus de la garrigue, les nuages s’accumulent. Un orage est annoncé pour le début de l’après-midi. Ils sont pourtant une dizaine de jeunes trentenaires à débarquer avec leur pique-nique et à vélo. « Waouh. Il y a une dernière partie un peu roots » lance l’un d’entre eux. Et c’est vrai que pour accéder à vélo au milieu de ce poumon vert, cela se mérite. Seul un long chemin caillouteux permet d’accéder dans cette zone classée Natura 2000. En claquettes, les joues rougies par l’effort, Quentin gare un vélo libre service estampillé de la Tam, le réseau des transports en commun de la métropole de Montpellier. Quentin est développeur logiciel à Enerfip, une plateforme de financement participatif dédié aux énergies renouvelables. Il est parti avec plusieurs de ces collègues une heure avant, depuis le siège de leur entreprise située au centre de Montpellier. Les cyclistes sont rejoints par un groupe de jeunes femmes venues en voiture. « Vu le temps, on s’est dit que c’était plus sûr au niveau de l’intendance… précise Maëva, directrice d’investissement. On prépare aussi notre journée demain à la Halle Tropisme ». Tous se sont donnés rendez-vous au milieu du Mas-Dieu, un écoparc de 540 hectares, pour visiter le tiers-lieu Macondo. Ce projet regroupe des activités liées à la résilience, aux low-techs et à la formation. « Bienvenue à Macondo » C’est Nathalie, la coordinatrice de la coopérative qui accueille le groupe et le dirige vers une ombrière solaire. Sous celle-ci est aménagé un espace convivial et les bureaux de la coopérative. La quinzaine de salariés s’installent autour d’une longue tablée. Un repas partagé s’organise. « J’adore ce lieu » explique Mathias, responsable des partenariats. « Je l’ai déjà visité et je trouve le projet incroyable ».Rencontres autour de projets liés à la transition écologique
C’est tout naturellement qu’il a proposé à ses collègues cette sortie. Certains portent un t-shirt floqué Enferfip en roue libre. « C’est le nom de notre association » précise Cynthiana. La jeune femme, responsable de la communication, est à l’origine avec Maëva de ce projet. « En fait, cette visite s’inscrit dans une semaine de rencontres autour de projets liés à la transition écologique que nous souhaitons promouvoir » poursuit Cynthiana. Chacun a été source de proposition pour concocter le programme. Pour Mathias, cela a du sens de faire découvrir des projets comme celui de la coopérative Macondo. Au milieu d’un environnement aride soumis à la sécheresse, ce pôle dédié à la construction écologique est particulièrement engagé sur la recherche d’innovations résilientes. Après le café, il est temps de commencer la visite du site. Les premières gouttes invitent le groupe à accélérer le pas. Sous son parapluie, Nathalie la coordinatrice de Macondo est ravie de pouvoir faire visiter les infrastructures à des visiteurs conscients des enjeux écologiques. En traversant les différents espaces, les salariés d’Enerfip découvrent le travail de la scop Ecosec qui conçoit des toilettes sèches permettant la séparation des urines et des matières fécales à la source. Plus loin, ils rencontrent Emmanuel qui assemble des composteurs collectifs ou encore Mathilde qui construit des Tiny-houses autonomes en eau et en électricité pour moins de 55000 euros. « Nous qui apportons du financement au développement des énergies renouvelables, c’est bien que nous allions sur le terrain pour découvrir des projets tels qu’ils sont expérimentés ici » explique l’un des salariés d’Enerfip. A l’issue de la visite, les salariés d’Enerfip sont unanimes. « Macondo est un véritable fleuron de l’expérimentation écologique centré sur l’économie circulaire et la préservation des ressources dont nous avons tant besoin aujourd’hui ». Une visite qui a d’autant plus de sens que la coopérative est menacée d’expulsion.Collecte de fonds en faveur de la transition énergétique.
Après deux heures de visite, c’est sous une pluie éparse que les salariés repartent en vélo en direction de Montpellier. C’est loin d’être un frein à leur motivation, eux qui ont déjà parcouru plus de 300km lors d’un challenge de collecte de fonds en faveur de la transition énergétique. En septembre 2022, cette expédition a relié Toulouse à Montpellier sur 300 km en 6 jours. Cette opération a permis de récolter 10 000 euros pour la construction de centrales photovoltaïques au Liban, destinées à une école pour enfants handicapés et un centre d’Aide par le Travail.Rencontres citoyennes de sensibilisation à La Halle Tropisme
C’est sous un grand soleil que la joyeuse équipe se retrouve le lendemain en plein cœur de Montpellier. Dans un autre tiers-lieu, La Halle Tropisme. Cette ancienne caserne militaire convertie en cité créative accueille de nombreux événements. Un cadre idéal pour rencontrer le grand public. » C’est tout le sens de notre démarche « explique Cynthiana. » Notre fil rouge c’est de promouvoir la transition écologique auprès de tous les publics, notamment ceux qui sont éloignés de ces enjeux « . Maëva et Cynthiana oeuvrent en tête du peloton pour la mise en place de l’événement. Une dizaine de structures partenaires ont été invitées par la start-up montpelliéraine. Au programme des animations interactives et ludiques avec la Fresque du Climat, Makesens et Surfrider mais aussi des ateliers de réparation avec le Vieux Biclou et le Repair Café. « On est ravie de pouvoir compter sur nos collègues » confie Maëva. « Cela créé une véritable cohésion d’équipe autour de valeurs que nous partageons tous. » À la croisée des chemins entre défi sportif, événement festif, objectif caritatif et animations pédagogiques, l’initiative portée par Cynthiana et Maëva a ouvert une voie intéressante, qui peut être suivis dans d’autres PME. La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est devenue indispensable pour recruter ou répondre à des appels d’offres de marché public. Si la réduction de l’empreinte carbone comme des déchets est devenue la norme, encore très peu d’entreprises misent sur la participation des salariés. Ce choix est dans l’ADN d’Enerfip.Rompre avec les pratiques du patron roi
Cette start-up créée en 2014 par quatre amis a toujours privilégié la participation des salariés. Dans un article des Echos, Sébastien Jamme, l’un des co-fondateurs expliquait « Nous voulions rompre avec les pratiques du patron roi au profit d’une structure horizontale, avec très peu de niveaux hiérarchiques et une émancipation des collaborateurs au quotidien ». C’est peut-être l’une des clés de la réussite de Enerfip. L’entreprise montpelliéraine est devenue la première plateforme de financement participatif dédiée aux énergies renouvelables en Europe. Avec un ticket d’entrée fixé à 10€, l’entreprise revendique plus de 43 000 citoyens contributeurs. « C’est l’un des atouts de notre plateforme » explique Quentin qui développe la partie technologique de Enerfip. « Cela permet à des étudiants de soutenir des projets d’énergie renouvelable sur leur territoire ». Depuis 2014, Enerfip a permis d’apporter plus de 350 millions d’euros à plus de 400 projets de transition écologique.