Et si les politiques du DD (développement durable) avait déjà atteint leurs limites, au plan stratégique? Parce qu’elle ne parlent que de… DD. Identifier les problèmes, proposer des solutions, promulguer des règlements, mener des expériences exemplaires,… rien de tout ceci ne suffirait! Ou plutôt, tout ceci enfermerait le DD dans un cercle idéal qui resterait clos sur ses enjeux de premier degré. Et ce n’est pas le DD qui est le premier en cause ici : c’est toute politique qui voit ses frontières bouger, avec de nouveaux champs de positionnement du discours, avec des stratégies innovantes qui tirent les leçons de décennies de désintérêt progressif. Où la culture joue un rôle central. Ainsi de la ville de Paris après 2001, qui pour soutenir sa nouvelle politique de priorité au transport public et aux mobilités douces s’est appuyée de manière spectaculaire sur des événementiels culturels qui ont préfiguré la ville à venir. Nuit Blanche, Paris-Quartiers d’été ou Paris-Plage ont permis à des millions de franciliens de pratiquer la capitale sur un mode radicalement alternatif : à pied, la nuit, gratuitement, sur des sites d’ordinaire réservés au trafic routier, dans l’étonnement et la mixité. Par l’expérience de ces nouveaux plaisirs urbains, ils sont devenus des acteurs et supporters de ces objectifs durables, qui en eux-même sont si difficiles à valoriser et imposer.
La culture comme instrument de marketing stratégique ? Ou comme outil de construction participative des nouvelles identités métropolitaines ? Pour imaginer un monde durable, explorer ensemble ce que nous pouvons faire naître sous ce signe de ralliement… Trois dates à retenir : le 15 décembre 2008, le 26 janvier 2009 et le 9 février 2009 au Théâtre du Rond Point à Paris dans le 8ème arrondissement et trois débats à ouvrir de suite ! Consciente des conséquences inhérentes à nos modes de production et de consommation sur l’environnement et la qualité de vie, et dans le souci d’ouvrir de nouvelles perspectives, l’Arene a lancé en 2007 les “Utopiades”, débats porteurs de créativité et d’imagination prospective. 3 thèmes ont été abordés : “la croissance en question : quels modèles économiques pour le développement durable ?”, “territoires éclatés… territoires augmentés ? l’avenir des temps et des lieux de vie”, “une métropole durable de 10 millions d’habitants, une utopie ?”. Pour l’édition 2008, organisée en partenariat avec Voix Publiques, agence en communication territoriale et concertation publique, le cycle des Utopiades aborde le lien entre “culture et développement durable”. Conçus comme des moments privilégiés pour concevoir ce que pourraient être des futurs désirables, les Utopiades sont l’occasion pour l’Arene de se saisir des nouveaux sujets émergents du développement durable et d’en être le porteur auprès des décideurs et acteurs régionaux.Entre conservatisme et créativité : Quelles politiques culturelles pour un développement durable ?
Lundi 15 décembre 2008 à 17h30 : Autour de Didier Fusillier (programmateur culturel : Lille 2004 et Lille 3000, Maison des arts de Créteil), avec Stefan Shankland (artiste), Paul Ardenne (critique), et Edouard Malbois (analyste de tendances). Débat animé par Philippe Lefait. Marie-Pierre Digard, Présidente de l’Arene pose le cadre du débat : « Patrimoines revisités, nouvelle architecture des jardins et du paysage, land art, scénographies urbaines, arts de la rue, événements éphémères ou pérennes se développant hors des institutions… Les formes de la culture se métamorphosent et se diversifient à grande vitesse. Simultanément, les grandes agglomérations comme New-York, Paris, Berlin, ont renouvelé leurs stratégies culturelles. D’autres agglomérations comme celles de Lille ou Nantes, d’anciens bassins sidérurgiques ou textiles (La Ruhr, Manchester ou Bilbao) y trouvent le ressort de leur renouveau territorial, de leur changement d’image et d’identité. Enfin, tous les hommes et femmes de culture, tous les “créateurs”, y compris industriels, nous rappellent à l’impératif d’innovation. En quoi ces nouvelles pratiques participent-elles du développement durable ? Ces “nouveaux conquérants” de la culture nous diront aussi comment ils imaginent une “politique culturelle” du développement durable, dans quelle relation renouvelée avec la nature. Également dans quelle posture vis-à-vis des formatages commerciaux et marketing. Au-delà, nous nous demanderons sur quelles dynamiques culturelles pourrait se fonder une société inspirée des idéaux du développement durable. Plus globalement, alors que la notion de “durabilité” sous-tend une recherche d’équilibre, et que beaucoup parmi ses partisans se positionnent sur des valeurs de préservation, de précaution, voire de décroissance, nous chercherons à savoir comment la création et l’innovation peuvent y trouver leur place. »Quel projet de civilisation pour le développement durable ?
Lundi 26 janvier 2009 à 17h30 : Autour de Bernard Perret (économiste et sociologue), avec Jean Attali (philosophe), Philippe Dujardin (politologue) et Bruno Schnebellin (Compagnie Ilotopie). Débat animé par Philippe Lefait. Marie-Pierre Digard, Présidente de l’Arene pose le cadre du débat : « Le monde semble prendre la mesure des périls et des défis environnementaux. Après les ONG et les pouvoirs publics, le développement durable gagne l’industrie et le grand public, en particulier sur les enjeux de l’énergie et de la préservation des ressources naturelles. Mais le développement durable fait-il vraiment consensus ? De même, dans l’économie de la connaissance et de la créativité qui prime désormais, la valeur culturelle se veut au cœur du “business model” des entreprises, des métropoles ou des États. Mais le développement durable ne sera-t-il dans l’histoire que la dernière ruse d’un modèle économique peinant à faire reconnaître ses bénéfices universels ? Ou au contraire, imposera-t-il lui-même à l’économie ses exigences et ses valeurs, entraînant une révolution profonde des sociétés et de la civilisation humaine ? Enfin, il s’agit aussi d’inventer un modèle économique et politique plus ouvert et juste, plus dynamique et démocratique. Le développement durable est-il alors à la portée de tous : systèmes culturels, états, groupes sociaux ? Peut-il servir de ferment au renouveau de l’universalisme ou va-t-il encourager, au sein même de notre pays, les particularismes culturels et revendications d’exception ? Comment aussi, échapper au caractère normatif et uniformisateur des démarches qui s’en réclament ? »Quel contrat éducatif et social pour un développement durable ?
Lundi 9 février 2009 / 17h30 : Autour de Bettina Laville (Présidente du Mouvement Vraiment Durable, avocate), avec Daniel Innerarity (philosophe), Michel Péna (paysagiste) et Jean-François Capeille (architecte). Débat animé par Philippe Lefait. Marie-Pierre Digard, Présidente de l’Arene pose le cadre du débat : « L’école s’étant fondée depuis 200 ans sur un idéal d’émancipation, dans quelle mesure le développement durable pourrait-il demain, le transformer ou le corrompre ? Si l’on peut raisonnablement parier sur un humanisme durable, reste à définir comment accompagner l’émergence de l’homme durable et des futurs “éco-citoyens”. Questions de finalités et de contenus, autant que d’acteurs et d’outils. Ainsi, y-aura-t-il bientôt des savoirs, des arts ou arts de vivre à promouvoir et d’autres à bannir ? De quelle [r]évolution culturelle avons-nous besoin au-delà de la pédagogie environnementale ? Par ailleurs, la “culture” se fragmente déjà en pratiques et en identités communautaires. La mondialisation, l’accélération des médias bouleversent aussi les savoirs et les frontières disciplinaires. Avec quel impact sur les institutions et les méthodes académiques, les rôles respectifs de l’État et des acteurs sociaux ? Dans la formation des générations futures, qu’apportent les nouveaux médias, les nouvelles constructions sociales du savoir comme celles de Wikipédia ? Sur quelle base se hiérarchiseront demain les savoirs et les “cultures” ? Enfin, les avancées des sciences et techniques, les défis énergétiques et climatiques nous confrontent à des débats complexes, contradictoires au sein même de la communauté scientifique. Ces questions touchent à nos modes de vie, engagent souvent notre santé et parfois notre survie. Mais elles sont aussi difficiles à appréhender par le grand public que difficiles à arbitrer lorsque de grands choix politiques et financiers s’imposent. Comment concilier ces évolutions avec les exigences du développement durable ? »